DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 273

7 jul 1874 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

J’ai vu le couvent qu’on vous réserve à Montpellier – Les tertiaires – Ne venez qu’après les chaleurs – M. de Cabrières.

Informations générales
  • DR10_273
  • 5060
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 273
  • Orig.ms. ACR, AD 1668; D'A., T.D.24, n.1184, pp.214-216.
Informations détaillées
  • 1 ERECTION DE MAISON
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 RELATIONS DU PERE D'ALZON AVEC LES ASSOMPTIADES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    2 BARRE, ADRIEN
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    3 MONTPELLIER
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 7 juillet [18]74.
  • 7 jul 1874
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

J’ai pu enfin aller à Montpellier, j’ai vu le couvent que l’on vous propose. C’est très grand, assez laid, très sain. Au levant, on n’est séparé que par une ruelle du jardin de la Visitation. Au couchant, du second et du troisième, on domine celui des Ursulines, et, plus près, celui des Missionnaires. On a renvoyé 35 locataires, ce qui suppose 50 à 60 pièces. Il y a une chapelle neuve. On voulait que Mgr de Cabrières permît d’y dire la messe; il s’y est refusé, afin que vous en prissiez possession. Au fond, il n’y [a] pour toute réparation que quelques cloisons à abattre pour avoir, à côté d’une des nombreuses cuisines, un réfectoire très convenable: il avait servi à une pension de jeunes gens. Au premier, tant que vos Soeurs ne seront que sept à huit, tout est prêt, même sans rien faire. Quand on s’agrandira, il y aura à faire bien peu. Mgr de Cabrières a 1.500 francs à vous donner pour frais d’installation, il voudrait les employer à réparer l’ancienne chapelle. Il n’a peut-être pas tort. Je soupçonne qu’il veut confesser chez vous, et cette chapelle pourrait n’être qu’à 50 pas de son évêché.

Les tertiaires, qui vous offrent tout ce qu’il faut pour dire la messe, demandent surtout à être dirigées par vous. Elles me l’ont dit. L’aumônier aura seul un bel escalier; il est entièrement hors d’aspect. Vous avez, je crois, cinq escaliers assez laids, mais commodes pour la distribution. Les tertiaires sont capucines, et je les ai mises au bonheur, quand je leur ai dit qu’elles auraient affaire à des religieuses, dont les Capucins étaient confesseurs extraordinaires de la maison-mère.

Je crois que M. Barre vous arrangera les choses, comme vous l’entendrez. Dans tous les cas, le lendemain du jour où vous vous retirerez, quatre ou cinq oeuvres se disputeront ce local, tant on le trouve avantageux.

J’estime que vous y êtes pour huit à dix ans, puis vous aurez de quoi vous établir ailleurs. En ce moment on parle assez de votre arrivée. Ce serait un crime de venir par les chaleurs caniculaires que nous traversons, le moment opportun est à peu près le 1er septembre.

Il faut donner aux locataires le temps de décamper et au soleil celui de se refraîchir. Il y avait là trois ou quatre prêtres et une masse de saintes filles; j’en ai vu un bataillon, toutes très résignées au demeurant. Si on voulait les garder, elles ne demanderaient pas mieux. Le jardin est très peu de choses, mais au troisième on a des appartements ouverts des deux côtés, où l’on peut se récréer à un air excellent, quoique pour le quart d’heure un peu chaud. Mais où ne rôtit-on pas(1)?

Le succès de M. de Cabrières est archicomplet. Mais vivra-t-il(2)? C’est impossible, s’il se dépense comme il le fait. Mon évêque va mieux. Que sera ce mieux dans quelque temps?

Adieu, ma fille. Bien tendrement vôtre.

E. D’ALZON

Vous ai-je dit que 400 personnes avaient tenu dans cette maison? Comment? Je ne puis le comprendre. A la fin elles n’y ont plus tenu.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Sur la fondation de la maison de Montpellier : *Les Origines de l'Assomption*, IV, p.371-373.
2. Le cardinal de Cabrières mourut nonagénaire en 1921.