DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 328

31 oct 1874 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Paris et Nice – Je n’ai plus les rapides convalescences d’autrefois – Le livre de M. Gay.

Informations générales
  • DR10_328
  • 5121
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 328
  • Orig.ms. ACR, AD 1673; D'A., T.D.24, n.1191, pp.221-223.
Informations détaillées
  • 1 ESPRIT RELIGIEUX
    1 MALADIES
    1 PREDICATION
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    2 GAY, CHARLES-LOUIS
    2 MARCHASSON, YVES
    3 AUTEUIL
    3 MIDI
    3 NICE
    3 PARIS
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 31 octobre 1874.
  • 31 oct 1874
  • Nîmes
La lettre

Je viens vous remercier encore une fois du fond du coeur, ma bien chère fille, de votre bonne proposition au sujet d’un appartement à l’Immaculée Conception(1); mais si j’en ai besoin, ce serait pour le printemps. Ayant en dernière analyse une affection rhumatismale et nerveuse, c’est la sécheresse et la chaleur du Midi que je dois rechercher. Aussi me proposerai-je d’aller pour un certain temps à Nice plutôt qu’à Paris.

La grande résolution que je prends de renoncer à prêcher me débarrasse de bien des misères. Seulement je puis vous assurer que nos religieux se sont effrayés outre mesure, et je m’en suis parfaitement assuré. Toutefois, il ne faut pas se le dissimuler, je n’ai plus les rapides convalescences d’autrefois. Dieu me tient à l’attache, et cette semaine en reprenant mes forces, je sens qu’elles reviennent lentement. Dimanche j’eus la plus grande peine à dire la messe, aujourd’hui je n’y ai trouvé aucune difficulté. Mais le peu de temps que Dieu me laisse doit être employé à ma conversion et à régler mes affaires comme supérieur. C’est là un grand point. Je crois que nous en avons avancé quelque chose. Il faut maintenant que Dieu nous bénisse dans des combinaisons, où la prudence me semble avoir précédé.

J’ai à peu près fini le livre de M. Gay; il ne me reste que quelques pages sur l’Eglise triomphante et souffrante, que je réserve pour ce soir et demain. Mais des Carmélites comprennent-elles bien tout cela? Cela me paraîtrait merveilleux. C’est le défaut contraire du temps présent qu’il faudrait lui reprocher. Il y a trop de choses, des choses magnifiques, mais entassées. Une supérieure aurait la matière à des instructions de Chapitre pour dix ans(2). En attendant, je prie Dieu beaucoup pour vous et je me repose avec joie dans notre vieille amitié.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Pavillon du couvent d'Auteuil.
2. Le 8 août, Mère M.-Eugénie a recommandé au P. d'Alzon le livre de M. Gay, qui venait de paraître. Ce gros ouvrage: *De la vie et des vertus chrétiennes considérées dans l'état religieux*, 2 vol., 576 et 642 pages, Poitiers-Paris, 1874, ne devait être d'abord que le recueil des instructions données aux Carmélites de Limoges en 1849; il devint pratiquement un exposé de toute la doctrine spirituelle de l'auteur. En 1924, ce livre en était à sa 19e édition. Il fut aussi publié sous formes de brochures : 16 fascicules qui connurent un beau succès (Y.MARCHASSON, art. *Gay*, dans Dict.de Spirit.). - Ce que le P. d'Alzon doit encore lire, c'est le chapitre XVII de l'ouvrage, le dernier du second volume.