DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 362

24 dec 1874 Nice OBLATES de l'Assomption

Devenez des séraphins – L’alumnat – Soyez généreuses.

Informations générales
  • DR10_362
  • 5164
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 362
  • Cop. dactyl. ACR, BC 35.
Informations détaillées
  • 1 ALUMNATS
    1 OBLATES
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 VERTU DE PAUVRETE
    1 VERTUS RELIGIEUSES
    2 BELIME, MARIE-CLAIRE
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 ZACHARIE
    3 NICE
    3 NIMES
  • AUX OBLATES DE L'ASSOMPTION
  • OBLATES de l'Assomption
  • Nice, nuit de Noël [24 décembre] 1874.
  • 24 dec 1874
  • Nice
La lettre

Mes chères filles,

J’ai reçu cette après-midi votre lettre du 22, car les lettres mettent 11 heures pour venir du bureau de poste au couvent; aujourd’hui, elles en ont mis 20; mais cela s’arrange très bien, puisque je puis vous écrire pendant la veillée de Noël. Je dirai ma seconde messe pour les Oblates, afin d’obtenir pour elles ce grand esprit d’obéissance à la voix de Dieu, soit qu’elle parle à des bergers par la bouche des anges, soit qu’elle parle à des religieuses par la voix de leurs supérieurs. Je me représenterai mes filles allant à la crèche porter, les unes un petit agneau, c’est-à-dire un caractère transformé en douceur, les autres du lait, c’est-à-dire une simplicité d’enfant, celles-ci, seulement leur étonnement, celles-là leur esprit de prière. Et puis, je lèverai les yeux au ciel et je verrai mes filles chantant le gloria avec les anges, tant, par leurs vertus, elles seront devenues toutes des êtres angéliques. Allons, chères enfants, devenez des séraphins et avec vos six ailes, venez quelquefois me faire une visite à Nice. Le prophète Zacharie vit l’armée céleste qui passait sur un bois de poiriers, vous pourrez vous reposer sur les magnifiques oliviers qui, à Nice, entourent toutes les grandes propriétés, puis vous retournerez à vos devoirs de la maison de Nîmes. Si je ne vous vois pas un de ces jours, je conclurai que vous n’êtes pas encore des séraphins! Enfin, pourvu que vous soyez des filles vraiment apostoliques, je serai content.

J’ai reçu tout à l’heure les compliments de nos élèves de l’alumnat: ils sont 15, ils seront sous peu 19; ils veulent pour la plupart se faire missionnaires.

Il faut que je vous conte un trait charmant de l’un d’entre eux; il appartient à une famille très pauvre. Quand il arriva, une religieuse de l’Assomption, Soeur Marie-Claire, que votre Mère connaît, lui donna quelques bas et chemises. Le pauvre petit, à qui ses parents n’avaient donné que 10 sous, et il les a donnés, tira de sa poche un étui avec quelques aiguilles et du fil, donna le tout à Soeur Marie-Claire, en lui disant: « Ma Soeur, ma mère m’avait donné tout cela pour me raccommoder, mais puisque vous voulez vous charger de moi, prenez-le cela pourra vous être utile ». Vous voyez comment on peut être généreux avec rien.

Que vous souhaiter pour 1875? Eh! mon Dieu, la générosité. Je désire, à mon retour, vous trouver si généreuses, qu’il faille vous arrêter au lieu de vous pousser, et j’ai presque envie d’attendre que vous m’écriviez pour me dire que c’est fait et que je ne verrai chez mes chères Oblates que des filles qu’il faut sans cesse retenir pour qu’elles ne se précipitent pas trop dans la voie de la perfection.

Adieu, mes enfants. Bien paternellement vôtre dans l’amour du saint Enfant Jésus.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum