DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 371

26 dec 1874 Nice CHAUDORDY_VALENTINE

Le don de vous-même, telle que vous êtes, et la présence de Dieu.

Informations générales
  • DR10_371
  • 5175
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 371
  • Orig.ms. ACR, AM 107; D'A., T.D.37, n.6, pp.76-77.
Informations détaillées
  • 1 DON DE SOI A DIEU
    1 PENITENCES
    1 SANTE
    1 SYMPATHIE
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 VOIE UNITIVE
  • A MADEMOISELLE VALENTINE CHAUDORDY
  • CHAUDORDY_VALENTINE
  • Nice, 26 décembre 1874.
  • 26 dec 1874
  • Nice
La lettre

Vous m’écrivez une bien bonne lettre, ma chère enfant, quoique j’y voie avec peine que votre santé n’est pas très forte. Permettez-moi de vous dire en quelles dispositions je désire vous voir passer l’année 1875. Elles se réduisent à deux seulement: le don complet de vous-même, sans cesse renouvelé, et la présence de Dieu. Si votre tête ne supporte ni les longues méditations, ni les lectures sérieuses; si votre corps ne supporte pas les austérités, ne vous en préoccupez pas. Donnez-vous telle que vous êtes, avec le sentiment de votre impuissance. Si vous pouvez prier, vous prierez; si vous pouvez vous mortifier, vous vous mortifierez; mais avant tout vous vous donnerez. L’exercice de la présence de Dieu vous aidera à rendre votre don permanent.

Ne pouvez-vous pas offrir vos migraines, et croyez-vous que cela ne vaille pas la discipline? Ne pouvez-vous offrir quelques efforts sur votre caractère, et croyez-vous que cela ne compense pas un cilice ou une ceinture de fer? L’important est que vous soyez bien donnée à Notre-Seigneur. Pensez beaucoup à sa pauvreté, à son dénuement, à sa dépendance. Que d’ennuis vous pouvez offrir à chaque instant du jour, même dans votre intérieur! Et puis en vous exerçant à faire, quand cela ne nuit pas à votre santé, des choses pénibles, humiliantes, que de mérites à accumuler! Vous savez que je vous ai nommée un des anges de l’Assomption. Que je voudrais que vous en fussiez le séraphin! Ne sentez-vous pas, par moments, que vous avez un coeur qui déborde d’amour? Pourquoi ne pas le diriger vers Dieu, non seulement par quelques pieux désirs, mais par des effets? Aussi j’accepte avec bonheur ce que vous me dites qu’à mon retour vous voulez vous y mettre entièrement. Voyez ce que Notre-Seigneur peut exiger de vous. Je vous l’ai dit bien des fois, prenez garde seulement que, quand vous [vous] y serez bien mise, notre divin Maître ne vous pousse plus loin que vous ne le voudriez.

Adieu bien chère fille. Croyez que votre affection est une de mes grandes joies; rendez-la une de mes forces par votre dévouement à l’oeuvre de l’Assomption soit par la prière, soit par l’action, en un mot comme Notre-Seigneur vous le demandera, dans le sacrifice et le don complet de vous-même. Votre père.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum