DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 372

26 dec 1874 Nice CHAUDORDY_ANGELINA

Le refuge de la somnolence – L’alumnat – Choisissez une oeuvre à laquelle vous dévouer surnaturellement.

Informations générales
  • DR10_372
  • 5176
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 372
  • Cop.ms. de la destin. ACR, AM 75; D'A., T.D.37, n.40, p.46.
Informations détaillées
  • 1 ALUMNATS
    1 APATHIE SPIRITUELLE
    1 OUBLI DE SOI
    1 REFORME DE LA VOLONTE
    2 BELIME, MARIE-CLAIRE
    3 NICE
    3 VIGAN, LE
  • A MADEMOISELLE ANGELINA CHAUDORDY
  • CHAUDORDY_ANGELINA
  • Nice, le 26 décembre 1874.
  • 26 dec 1874
  • Nice
La lettre

Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir? Voilà ce que je me suis dit bien souvent, en voyant que ma fille Angélina ne m’écrivait pas. Au milieu de sa profonde tristesse, j’espérais qu’elle serait venue un peu me trouver. Le bon Dieu n’a voulu me donner cette joie que pour ma fête. Ainsi vous n’avez pas encore pris sur vous, non de vous affranchir d’une douleur qui ne vous quittera pas, mais de la rendre profitable? Que vous dirai-je? Dois-je attendre le moment? Mais, mon enfant, nous l’attendons depuis si longtemps. Dois-je parler avec un peu plus de force? Mais m’obéirez-vous? Ne vous échapperez-vous pas par une certaine somnolence, qui a été déjà bien des fois votre refuge?

Je trouve à Nice un alumnat de 15 enfants; ils seront bientôt 19, et il faudra en prendre pour les envoyer au Vigan. Soeur Marie-Claire est, ici, leur pourvoyeuse et je vois avec bonheur que nous n’aurons pas trop à nous préoccuper de l’oeuvre dans ce pays. Nous réserverons donc nos ressources pour ailleurs. Pourquoi ne mettez-vous pas toute votre vie à quelque chose de semblable? Quand je dis toute votre vie, je vous laisse le choix; mais une fois ce choix fait, il faudrait y donner votre temps, votre travail, vos prières, vos mortifications et votre coeur. Que présenterez-vous à Dieu, quand vous paraîtrez devant lui? C’est là ce qui m’effraye pour vous, cette absence d’oeuvres surnaturellement accomplies, ces reproches de Notre-Seigneur qui vous a tant donné, et à qui vous avez si peu rendu, ces lumières auxquelles vous n’avez pas voulu regarder, ces forces de grâce que vous avez rendues utiles. Ah! mon enfant, vous aimant comme je vous aime, si vous saviez comme ces pensées me font souffrir!

Ecrivez-moi bientôt et croyez-moi bien vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum