DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 19

11 jan 1875 Nice CHABERT Louise

Un scepticisme injustifié – L’humilité – Désir de conversion et passage à l’acte – J’ai quelques chagrins – L’alumnat de Nice – Une fille pleine de coeur mais manquant d’énergie.

Informations générales
  • DR11_019
  • 5210
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 19
  • Cop.ms. de la destin. (qui n'a pas gardé l'original) ACR, AM 344; D'A., T.D.38, n.41, pp.57-58.
Informations détaillées
  • 1 ALUMNATS
    1 AMITIE
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 ANEANTISSEMENT
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 DIEU
    1 DIVIN MAITRE
    1 DOUTE
    1 ENERGIE
    1 GLOIRE DE DIEU
    1 HUMILITE
    1 MALADIES
    1 SAINTETE
    1 SAINTS DESIRS
    1 TRISTESSE
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 HALLUIN, HENRI
    3 NICE
  • A MADEMOISELLE LOUISE CHABERT
  • CHABERT Louise
  • Nice, 11 janvier 1875.
  • 11 jan 1875
  • Nice
La lettre

Oui, ma fille, vous avez raison. J’attendais une lettre de vous, mais je l’attendais sans le scepticisme causé sans doute par les crispations du 1er janvier. Pourquoi douter de votre Père, au moment où sa pensée et son coeur cherchent le plus à vous prendre fortement devant Notre-Seigneur? Pourquoi doutez-vous de lui, quand il n’a jamais douté de vous depuis qu’il vous a adoptée? Il y a au fond de votre lettre une amertume de tristesse, qui surmonte la petite ironie et l’affection invincible qui en sort; on sent que vous donnez, mais que vous croyez ne pas recevoir. Vous êtes dans l’erreur; car, depuis quelque temps surtout, je sens ce que vous pouvez être pour l’Assomption, si vous le voulez, plus fortement que je ne l’ai jamais senti. Vous comprenez si j’ai envie de vous en détourner! Non, vous n’êtes pas un fagot d’épines et vous savez bien que sérieusement vous ne l’avez jamais été pour moi.

A propos de violettes -voyez le rapprochement- au moment où vous m’écriviez votre rêve, quelqu’un mettait un bouquet de ces petites fleurs sur ma cheminée. Ah! ayons-en le parfum, mais surtout l’humilité. Cachez-vous sous le manteau de Notre-Seigneur, sous le voile du tabernacle; soyez très peu, faites-vous rien, mais par un très pur amour de notre divin Maître; immolez-vous pour lui par le désir. Qui sait si la réalité ne viendra pas un jour? Et pourquoi ne viendrait-elle pas tout de suite? Si vous êtes en projet de conversion, pourquoi ne pas en commencer l’exécution, même avant mon retour? Pourquoi ne pas me procurer cette agréable surprise? Il ne dépend que de vous.

J’ai quelques chagrins. Il paraît que la Mère M.-Gabrielle est souffrante. Un de nos supérieurs, le P. Halluin, est pris d’un érysipèle, qui peut lui jouer de très mauvais tours. Je vois ici de charmantes petites Soeurs, que le bon Dieu semble vouloir prendre avant le temps. Ah! qu’il faut être prêt! Car, après tout, chaque moment est celui du bon Dieu.

Tout ce qui précède a été écrit presque sans y voir, ce qui m’a rendu un peu plus illisible. Vous me déchiffrerez pour votre pénitence.

Je trouve ici une grande joie dans le développement de l’alumnat de Nice. Ils étaient quinze; on vient d’en renvoyer un, mais sous peu ils seront une vingtaine. J’espère que Dieu sera glorifié par cette pépinière.

Vous ne savez pas ce que vous êtes devant votre Père? Je vais vous le dire, un très puissant auxiliaire par votre sainteté, quand il vous plaira; pour le moment, une fille pleine de coeur, mais pas encore assez énergique. Adieu, mon enfant.

Votre vrai père.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum