DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 29

20 jan 1875 Nice CHABERT Louise

Le P. Picard et les dames sangsues – Les meilleures olives sont celles qu’il faut secouer – Soyez plus confiante – Me donnez-vous le droit de vous pousser malgré vous ? – Acquérir toute la liberté d’une épouse de Jésus-Christ.

Informations générales
  • DR11_029
  • 5221
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 29
  • Orig.ms. ACR, AM 345; D'A., T.D.38, n.42, pp.59-60.
Informations détaillées
  • 1 AFFRANCHISSEMENT SPIRITUEL
    1 CAREME
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 ENERGIE
    1 ENFANTEMENT DES AMES
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 FRANCHISE
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 OLIVES
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 RECHERCHE DE DIEU
    1 RECOLTE
    1 SALUT DES AMES
    1 SEVERITE
    1 SOUMISSION SPIRITUELLE A JESUS-CHRIST
    1 VERTU DE FORCE
    2 CHAUDORDY, DAMES
    2 PICARD, FRANCOIS
    3 NIMES
  • A MADEMOISELLE LOUISE CHABERT
  • CHABERT Louise
  • Nice, 20 janvier [18]75.
  • 20 jan 1875
  • Nice
La lettre

Il est décidé qu’il faut que je vous écrive, ma chère enfant. A 10 heures, je descends pour me promener. Deux dames sangsuent le P. Picard. Je remonte pour vous écrire, je trouve de l’eau chaude pour faire ma barbe, je la fais. Je redescends, j’arrache le P. Picard aux deux dames sangsues, nous nous promenons. Paff! On vient dire au P. Picard qu’une dame le demande; je remonte, et, pour le coup, je vous écris.

Eh bien, je vous ai secouée, à ce que vous trouvez. Ici, depuis mon arrivée, j’assiste à la récolte des olives. Les meilleures sont celles que l’on secoue pour les faire tomber; avec les autres on ne fait que de l’huile de lampe, avec celles qu’on fait tomber malgré elles, on fait l’huile à manger. Secouer est donc une bonne chose. Maintenant, on peut trouver de l’excès partout et vous semblez en trouver un peu dans mon cas. Mais voyez les beaux effets produits! Je reçois de vous une lettre parfaite. Est-ce que ce n’est rien? Allons, je me félicite et je suis tout prêt à continuer. Réellement, mon enfant, je vous veux beaucoup de bien et je veux en faire avec vous, dès que vous serez plus forte. C’est un point dont peut-être je ne tiens pas assez compte, tant j’ai bonne opinion de vous. Hélas! pourquoi ne me regardé-je pas moi-même? Mais pourquoi ne me disiez-vous pas ce qui vous fait souffrir? J’ai donc raison de dire qu’à certains moments vous manquez de confiance. Vous voulez vous tourner plus énergiquement que par le passé vers Notre-Seigneur. Je vous approuve entièrement, mais réfléchissez-y. Me donnez-vous le droit de vous pousser, même malgré vous? Cela peut se faire pendant le carême, où je serai tout le temps à Nîmes.

Vous avez bien raison. Depuis deux ans, vous n’avez pas fait grand-chose. Quand vous voudrez entrer dans la réalité de la vie, vous verrez certains devoirs positifs envers Notre-Seigneur pour vous rapprocher de lui, pour lui amener des âmes. Ne vous tracassez pas de vos enthousiasmes évanouis; ils se reproduiront sous une autre forme, plus pure, plus surnaturelle. Seulement, il importe de briser en vous bien de petits liens, pour avoir toute la liberté d’une véritable épouse de Jésus-Christ.

Les demoiselles Chaudordy sont-elles enterrées? Je n’en entends plus parler. Ce n’est pas bien à elles. Adieu, ma chère enfant. Croyez bien que, même quand je vous gronde, je vous suis bien tendrement attaché par l’affection la plus paternelle. Aussi, pourquoi veux-je toujours faire de vous une vraie sainte?

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum