DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 50

24 feb 1875 Nîmes PICARD François aa

Une méditation d’un quart d’heure et rien d’autre – Je reprends en sous-oeuvre le Comité catholique – Noviciat – La quête – Succès des Religieuses de l’Assomption à Montpellier – Varia.

Informations générales
  • DR11_050
  • 5245
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 50
  • Orig.ms. ACR, AF 93; D'A., T.D.26, n.481, p.73.
Informations détaillées
  • 1 ALUMNATS
    1 BONTE
    1 CAREME
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 COMITES CATHOLIQUES
    1 CONGRES DE L'ENSEIGNEMENT LIBRE
    1 EVEQUE
    1 MALADIES
    1 NOTRE-DAME DES CHATEAUX
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 NOVICIAT
    1 OEUVRES DE JEUNES
    1 PEUPLE
    1 PIETE
    1 PRUDENCE
    1 PUBLICATIONS
    1 QUETES
    1 REFLEXION
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    2 ALLEMAND, LOUIS
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 BOUET, LAURENT-MARIE
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 DESCAMPS, PIERRE
    2 DUMAZER, ALEXIS
    2 MALBOSC, FRANCOISE-EUGENIE DE
    2 PERNOT, LOUIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 SOLA, JEAN-PIERRE
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 PARIS
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, 24 février [18]75.
  • 24 feb 1875
  • Nîmes
La lettre

Cher ami,

L’Assomption se trompe. Chaque jour, dans la salle des exercices, je fais une méditation d’un quart d’heure; je ne la fais même pas à la chapelle. Voilà la vérité(1). Mais je reprends en sous-oeuvre le Comité catholique et je crois que cela ira bien(2). J’ai à ma disposition par M. Barnouin une vingtaine de jeunes gens les plus intelligents de Nîmes. Vous pouvez croire que votre novice, s’il vient, ne sera pas mis au collège(3); mais croyez-moi, ne tombez pas dans la marotte (car c’en est une) de dire qu’on ne fait pas de noviciat. Cela finit tout bonnement par être absurde, en présence de ce que je vois dans les anciens Ordres et certains noviciats. Il faut que j’essuie les plaintes du P. Emmanuel sur le noviciat fait sous la direction du P. Alexis, lequel se plaignait du noviciat du P. Hippolyte, comme on se plaindra très certainement du vôtre, au mois de septembre.

Quant à la quête, je vous plains de ne pas l’avoir(4). Le P.Pierre est aussi dans l’embarras, aux Châteaux. Nous irons avec prudence et suspendrons les admissions. La situation politique sera bonne à quelque chose. Elle nous fait la partie belle pour reprendre le peuple; c’est à quoi nous allons travailler.

Décidément je retarde mon voyage à Paris, afin d’y être si l’on fait un Congrès d’enseignement. Dites aux Soeurs malades que je lève au ciel les mains les plus pures que je puis pour leur prompte guérison(5). A Nîmes, en six semaines il est mort plus de monde que dans aucune épidémie. Le collège va très bien, et le P. Emmanuel y maintient une admirable piété. Les Soeurs de l’Assomption, à Montpellier, ont un succès presque aussi grand que celui de Mgr de Cabrières, qui ne demandera plus la Mère Fr[ançoise] Eugénie, pas plus que l’évêque de Nîmes ne demandera la chapelle(6). Seulement on perdra la bienveillance de deux évêques, dont l’un va de triomphes en triomphes, et l’autre a rendu de bien grands services, mais à qui il n’en faut plus demander.

Adieu, cher ami, et mille fois à vous.

E.D’ALZON.

Si Pernot ne doit pas nous aller, s’il n’est pas utile, pourquoi le retenir?

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Dans son numéro du 15 février (p.32), l'*Assomption*, avait annoncé que le collège avait son conférencier de carême, "le P. d'Alzon lui-même, qui *nous parlera tous les jours*". Aussi, dans sa lettre du 22 février, le P. Picard avait-il dit son effroi : "Une conférence par jour! Y pensez-vous ?"
2. A la suite d'une réunion tenue à la Maison de l'Assomption le 18 février sous la présidence du P. d'Alzon, le Comité catholique de Nîmes a adopté l'idée d'un Congrès catholique à tenir à Nîmes deux ans plus tard. Pour préparer cette assemblée on tiendra désormais chaque semaine une réunion. Les procès-verbaux, auxquels le secrétaire, L.-M. Bouet, a donné pour titre "Séances destinées à préparer les travaux du congrès", sont conservés (ACR, CC 6, pp. 1-78). Outre la séance préliminaire il y eut, entre le 26 février et le 2 juin, quatorze séances, dont une de commission (la neuvième), toutes présidées par le P. d'Alzon sauf cette dernière. A la première séance le P. d'Alzon suggéra de faire de *la famille* un des thèmes principaux du congrès et il développa longuement ce sujet (CC 6, pp. 3-7). Au cours des séances qui suivirent, les interventions du P. d'Alzon furent nombreuses. Il fait lui-même des exposés et se mêle aux discussions. Signalons ses réflexions sur le travail des enfants dans les mines, plusieurs interventions au cours d'un exposé de M. Allemand sur les Cercles, une vraie conférence sur la franc-maçonnerie (plus de six pages dans les comptes-rendus), des observations sur le mariage après un exposé de M. Bouet, etc. Cependant à la cinquième séance, le 5 avril, M. Bouet proposa d'ouvrir des conférences juridiques, littéraires et scientifiques pour les jeunes gens et de préparer ainsi la fondation d'une université catholique à Nîmes, dans la perspective de la liberté de l'enseignement supérieur dont le vote par l'Assemblée nationale ne pouvait plus tarder (il sera acquis le 12 juillet suivant). Le P. d'Alzon ne pouvait que souscrire avec enthousiasme à cette idée. A la septième séance, M. Bouet fit un long exposé sur la question et le 26 avril, on décida d'ouvrir la conférence de droit dès le 7 mai (en fait elle s'ouvrit le 8). Les séances suivantes du Comité catholique ne s'occuperont plus que des conférences à créer.
3. "Vous l'essaierez au noviciat, pas au collège, je vous en prie, afin qu'on ne puisse pas dire ici que nous ne faisons pas de noviciat."
4. L'évêque de Nice s'était opposé à cette quête pour N.-D. des Vocations, en arguant du fait que l'alumnat aurait sa part de la quête ecclésiastique qu'il organisait lui-même.
5. Une épidémie de grippe règnait à Nice. "Aujourd'hui presque tout le monde est au lit au couvent, les Soeurs de choeur sont obligées de faire la cuisine, toutes les converses sont malades."
6. Voir *Lettres* 4792 et 4818.