Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 288

-1876 Nîmes

Le P. d’Alzon dit son intention de s’opposer à l’exclaustration du P. Jourdan.

Informations générales
  • PM_XV_288
  • 5813 b
  • NOTE SUR LE P. ERNEST [RAPHAËL] JOURDAN
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 288
  • Orig. ms. Worcester Old English Road (lettre encadrée au salon). Transcription J.-P. P.-M. le 7 juillet 2002. Photoc. ACR BG 228.
Informations détaillées
  • 1 EXCLAUSTRATION
    2 JOURDAN, RAPHAEL
  • Evêché de Nîmes, Nîmes, le ..... 187[6] (1).
  • -1876
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

M. Ernest Jourdan (2) n’a absolument aucun motif canonique de quitter la Congrégation de l’Assomption à laquelle il a appartenu, sinon que je le retire d’Alais après que Mgr Plantier m’avait, dans les derniers jours de sa vie, supplié de l’en faire partir. M. Jourdan a, malgré mes défenses réitérées, aidé ses frères dans le commerce des graines de vers à soie. Il faisait chaque année environ 3.000 francs de dettes, dettes que je [défrayais ?] (elles montent à 2.000 francs) bien qu’il m’eût promis que je n’aurais plus à m’occuper de sa situation matérielle.

C’est un cœur excellent, un homme de bonnes mœurs, jamais je n’ai eu un soupçon sur sa conduite, mais c’est une pauvre tête.

Je crois que si l’autorisation qu’il demande lui est refusée, il revien- dra à de meilleurs sentiments. Dans tous les cas, je mets l’opposition la plus formelle à ce qu’il soit incorporé au diocèse de Nîmes auquel il n’a jamais appartenu (3).

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
(1) La date précise de l'année n'est pas donnée, mais la critique interne permet de situer cette note ou minute du P. d'Alzon à cette époque. Pour les circonstances de déplacement de ce manuscrit des ACR, cf la note de la lettre du 6 août 1861. Rédigée sans adresse, cette missive pourrait être destinée à l'évêque de Nîmes ou à son conseil pour éclairer la décision à prendre concernant le P. Jourdan.
(2) Reprenons ici les quelques données biographiques du Registre des Religieux: Ernest-Henri-Auguste Jourdan est né le 7 février 1836 à Nîmes (Gard). Novice sous le nom de Frère Raphaël, il a fait profession perpétuelle à Clichy (Hauts-de-Seine) le 14 septembre 1857 et été ordonné prêtre à Nîmes le 25 mai 1861. Etudiant à Clichy avec le futur P. Vincent Chaîne, il revint à Nîmes (1862-1864), obtint la licence ès-lettres et fut affecté au Vigan (1864-1865), puis au ministère sacerdotal dans les environs d'Alès (1865-1866) avant de l'être dans la ville même (1866-1876). Sans autre précision, son exclaustration date de 1876. Il semble bien que, contraitement à l'opinion du P. d'Alzon, Mgr Besson ait accepté l'incorporation du P. Jourdan dans le diocèse de Nîmes dont il était d'ailleurs originaire. La lettre donne les raisons du différend financier et commercial. Il est vrai que le P. d'Alzon, pour n'être pas lui-même exempt de dettes toute sa vie, n'autorisait pas la pratique du commerce, fût-ce au sein d'un consortium familial, activité jugée alors par le droit comme incompatible avec l'état religieux ou clérical. Son appréciation sur la personne est somme toute positive.
(3) A entendre seulement dans le sens de la formation initiale et cléricale du P. Jourdan qui s'est faite à l'Assomption et non au séminaire diocésain, car le P. d'Alzon ne pouvait ignorer les origines nîmoises de ce religieux. On mesure aussi à cet exemple précis que l'opposition formelle du P. d'Alzon ne devait pas peser lourd en 1876 dans le plateau des délibérations de Mgr Besson. L'intéressé en question, le P. Jourdan, est d'ailleurs appelé par son prénom de baptême et non plus de religieux, indice d'une décision irréversible de sa part.