DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 63

30 mar 1875 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Mère Marie du Christ – A Montpellier.

Informations générales
  • DR11_063
  • 5259
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 63
  • Orig.ms. ACR, AD 1681; D'A., T.D.24, n.1200, pp.229-230.
Informations détaillées
  • 1 ADOLESCENTS
    1 DONATION ENTRE VIFS
    1 DONS EN ARGENT
    1 FIERTE
    1 IMMEUBLES
    1 JARDINS
    1 PREDICATION
    1 PROCESSIONS
    1 SUPERIEURE
    1 SYMPTOMES
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 CHARLEMAGNE
    2 LECOURTIER, FRANCOIS
    2 MAUVISE, MARIE DU CHRIST DE
    2 THIBAULT, CHARLES-THOMAS
    3 MONTPELLIER
    3 NICE
    3 SAINT-GUILHEM-LE-DESERT
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 30 mars 1875.
  • 30 mar 1875
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Avant de répondre à votre dernière lettre, j’avais voulu aller à Montpellier pour vous faire part de mes impressions. Les voici. Laisser Mère Marie du Christ supérieure(1), à moins de lui donner pendant un an une aide qui fasse tout, c’est l’envoyer au cimetière par train express. Voilà deux fois qu’elle se lève quand j’arrive. Elle vomit constamment. Elle a voulu me le cacher la dernière fois, mais les Soeurs à qui elle n’avait pas défendu de me rendre compte, m’ont dit qu’elle était fort mal. Je suis convaincu que sa place comme supérieure, si elle doit l’être, est à Nice pour un certain temps.

J’ai parlé, il y a huit jours, à Montpellier, à ce qu’il paraît, à plus de cent jeunes personnes. Il m’est évident qu’il y aurait là une belle moisson à faire. Notez qu’au même moment Mgr de Cabrières parlait chez les Jésuites aux mères chrétiennes. Il ressuscite Montpellier. La dernière procession du Jubilé comptait au minimum de 17.000 à 18.000 personnes, et, pendant sept à huit jours, il a prêché dans sa cathédrale à 3.000 hommes au moins. Quand il met cet élan à votre disposition, il me semble qu’il ne serait pas habile de le repousser. Les hommes les plus graves et les plus intelligents me disent qu’il n’a qu’un défaut, c’est de tenir trop compte de l’avis des prêtres avachis par les deux évêques précédents(2).

Cela durera-t-il? Dieu le sait. Ce qui est sûr, c’est que l’argent lui tombe comme la pluie en temps d’orage. A mon avant-dernière visite, il y a trois semaines, une seule personne lui a porté 12.000 francs. Depuis, on lui a offert l’abbaye de Saint-Guilhem du Désert, fondée par le neveu de Charlemagne, et une autre personne 40.000 francs, le tout de la main à la main. Evidemment la supérieure, avec laquelle il sera à l’aise, en obtiendra au point de vue matériel tout ce qu’elle voudra(3). Il m’a parlé de vous donner un jardin qu’on lui a donné, à dix minutes ou un quart d’heure de vos Soeurs, mais peut-être a-t-il changé d’avis devant la gêne(4) de la Mère Marie du Christ.

On me dérange. Je vous écrirai bientôt de nouveau, je ne me relis pas.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Les T.D. ont ajouté *à Nîmes* (sans doute une première et mauvaise lecture du *à moins* qui suit). Mère Marie du Christ était supérieure à Montpellier.
2. Mgr Thibault (1835-1861) et Mgr Lecourtier (1861-1873).
3. Cet argument, repris encore le 4 avril, ne fut pas très bien accueilli par Mère Marie-Eugénie: "Laissez-moi vous dire un petit mouvement de fierté [...]. J'ai eu le sentiment que j'étais bien bas dans votre esprit, si vous croyez que ce motif..." (7 avril). Le P. d'Alzon s'expliquera (*Lettre* 5271).
4. Les T.D. ont lu *le genre*. Le ms prête en effet à confusion, si bien que Mère M.-Eugénie elle-même hésita (lettre du 2 avril au P.d'Alzon). La réponse du P. d'Alzon du 4 avril invite à opter pour la *gêne*.