DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 70

4 apr 1875 VEUILLOT Louis

Les funérailles du pasteur Cazaux.

Informations générales
  • DR11_070
  • 5267
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 70
  • Cop.dactyl. ACR, AP 148 et 212, d'une lettre parue sous l'anonymat dans l'*Univers* du 4 avril 1875; D'A., T.D.40, n.4, pp.256-257 et une deuxième fois pp.410-441.
Informations détaillées
  • 1 AME
    1 AUMONIERS SCOLAIRES
    1 AUTORITES REPUBLICAINES
    1 BAVARDAGES
    1 CALOMNIE
    1 CATHOLIQUE
    1 CIEL
    1 DEVOIR
    1 ELEVES
    1 ENSEIGNEMENT OFFICIEL
    1 ENTERREMENT
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 FUNERAILLES
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 LYCEES
    1 MINISTRES PROTESTANTS
    1 PARENTS D'ELEVES
    1 POLEMIQUE
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 PUBLICATIONS
    1 RATIONALISME
    1 RESPONSABILITE
    1 SCANDALE
    1 TOLERANCE
    2 AZAIS, PIERRE
    2 CAZAUX, ALEXANDRE
    2 JOUBIN, L.
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 VIGUIE, JEAN-ARISTE
    2 WALLON, HENRI-ALEXANDRE
    3 NIMES
  • A MONSIEUR LOUIS VEUILLOT
  • VEUILLOT Louis
  • 4 avril 1875(1).
  • 4 apr 1875
La lettre

Nous avons déjà rendu compte(2) des discours prononcés à Nîmes, dans le cimetière protestant, à l’enterrement de M. le Pasteur Cazaux; mais des faits nouveaux nous sont révélés, et ils sont de telle nature que nous nous croyons obligé d’adresser quelques questions à M. le ministre de l’Instruction publique:

1° Est-il vrai, comme le prétendent à Nîmes certaines personnes, que si tous les élèves catholiques de l’école normale et du lycée ont été obligés d’assister à un enterrement(3) où ils ont dû entendre les paroles les plus étranges pour leur foi, c’est grâce à un ordre de M. le ministre lui-même? Nous ne croyons pas le premier mot d’une pareille inculpation; mais comme on la fait circuler dans un certain public, nous croyons être agréable au chef de l’Université en lui fournissant l’occasion de dégager sa responsabilité auprès des pères de familles catholiques et de rechercher les auteurs d’une accusation aussi grave;

2° Est-il vrai que dans une partie non imprimée de son discours, M. le pasteur Viguié ait loué M. Cazaux de sa polémique contre l’évêque de Nîmes, et M. l’aumônier catholique du lycée, de sa tolérance? Il y a sans doute là un fait calomnieux, et nous trouvons bon de le signaler à M. l’aumônier;

3° Est-il vrai que M. le proviseur du lycée ait, en présence des élèves catholiques, déposé une couronne sur le cercueil de M. Cazaux, en affirmant que son âme était déjà au ciel(4)? Quel effet ce bref séculier de canonisation a-t-il produit sur les élèves catholiques?

Le journal qui a reproduit les discours de M. Viguié et de M. le proviseur Joubin, n’a pas cru devoir répondre aux protestations indignées d’un père de famille catholique; il est donc nécessaire d’adresser ailleurs nos questions, et nous sommes inébranlablement résolus à les réitérer jusqu’à ce qu’une réponse convenable nous ait été faite.

Du reste, nous avons bien d’autres questions à adresser à propos du même scandale; mais nous les réservons pour le moment opportun. L’université unie au rationalisme protestant nous fournit une trop belle occasion de la faire connaître sous un jour nouveau pour que nous n’en profitions pas.

Notes et post-scriptum
1. Date de la publication.
2. Le P. d'Alzon fait allusion à l'article de l'*Univers* du 22 mars. S'il n'en est pas à proprement parler l'auteur, du moins l'a-t-il inspiré (v. *Lettre* 5256 n.3).
3. D'après le rapport déjà cité de M. Joubin au recteur de l'Académie, ce sont les élèves catholiques eux-mêmes, avec le plein accord de leur aumônier, l'abbé Azaïs, manifesté par ce dernier au proviseur, qui ont exprimé le désir d'assister aux funérailles de M. Cazaux.
4. "...je dépose sur votre cercueil cette couronne, symbole de celle que vous avez déjà reçue dans un monde meilleur, de Celui qui seul peut récompenser dignement ceux qui sur cette terre ont passé en faisant le bien" (M. Joubin, citant ses propres paroles dans son rapport au recteur).
Citons ici, extraits du même rapport, ces mots que le P. d'Alzon aurait adressé à la cathédrale même, à l'abbé Azaïs : "M. l'abbé, vous êtes dans un poste où je ne voudrais pas vous voir; si vous veniez à confesse à moi, je ne vous donnerais pas l'absolution; on n'a pas répondu à l'article de la Gazette de Nîmes, eh bien! nous poursuivrons la campagne". Et M. Joubin conclut : "Un tel langage, adressé en pareil lieu, à un homme aussi vénérable que M. l'abbé Azaïs, prouve toute la haine que M. d'Alzon porte à l'Université et explique la violence et la mauvaise foi des deux journaux qui s'inspirent près de lui."