DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 113

4 jun 1875 Nîmes PICARD François aa

Une révolution ecclésiastique à Nîmes – Un homme jeune et ferme, et vite!

Informations générales
  • DR11_113
  • 5314
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 113
  • Orig.ms. ACR, AF 98; D'A., T.D.26, n.486, p.78.
Informations détaillées
  • 1 ASSEMBLEES ECCLESIASTIQUES
    1 CHANOINES
    1 CHEFS D'ETABLISSEMENT
    1 CRITIQUES
    1 CURE
    1 ESPRIT DE L'EGLISE
    1 EVECHES
    1 EVEQUE
    1 GRANDS SEMINAIRES
    1 HIERARCHIE ECCLESIASTIQUE
    1 JEUNESSE
    1 MALADIES
    1 NONCE
    1 NUTRITION
    1 PETITS SEMINAIRES
    1 PREDICATIONS DE CAREME
    1 REFORME DU CLERGE
    1 RESTAURATION DES MOEURS CHRETIENNES
    1 REVOLTE
    1 RUSE
    1 SEVERITE
    1 SUPERIEUR
    1 VICAIRE
    1 VICAIRE CAPITULAIRE
    1 VOCATION SACERDOTALE
    2 BELLEVILLE, LOUIS
    2 BESSON, LOUIS
    2 CHAULET D'OUTREMONT, HECTOR-ALBERT
    2 CORRIEUX, FRANCOIS
    2 GERVAIS, PIERRE-MARIE
    2 GILLY, ALFRED
    2 GUIOL, LOUIS-HIPPOLYTE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MEGLIA, PIER-FRANCESCO
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    3 NIMES
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, le 4 juin 1875.
  • 4 jun 1875
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Cher ami,

La situation se complique. Au moment où je vous écris, tous les curés de Nîmes ont signifié à leurs vicaires d’avoir à s’arranger pour la nourriture. Ce soir, le Chapitre s’est réuni et a pris une décision contre cette détermination, contre l’acte des curés. Corrieux est allé le lire à ceux-ci qui ont envoyé promener le Chapitre, disant qu’il n’était plus rien. Corrieux est descendu à l’assemblée capitulaire annoncer qu’on envoyait promener et Chapitre et chanoines. Ils ont été fort surpris et ont pris leurs chapeaux. De grâce, que cet état cesse par une prompte nomination d’un homme jeune et ferme! Moi vieux, je suis pour un jeune, s’il est bon. Conjurez le nonce d’insister pour Gervais. Le P. Laurent a prêché un carême chez l’abbé Belleville (1); il l’apprécie beaucoup, mais il met l’abbé Gervais à cent piques au-dessus. Si vous voyez le nonce, veuillez encore lui dire que le mal n’est encore qu’à la surface. Mgr Plantier a lâché les rênes du gouvernement à cause de sa maladie; mais s’il n’y a pas un esprit de vigueur dans la future administration, le danger peut s’accroître d’une façon irréparable. Guyol, à cause de son opposition à son évêque, sera exposé à des choses désagréables; s’il veut réformer, on lui reprochera son passé. Vous savez que les Nîmois ne se gênent guère. Ajoutons que, grâces à l’abbé Gilly, le chanoine qui a mené toute l’intrigue contre moi(2), tant qu’il a été directeur au grand-séminaire, il a perdu l’esprit ecclésiastique, que, supérieur au petit séminaire, il a étouffé comme à plaisir les vocations; d’où il résulte que les années correspondant à son supériorat laisseront le diocèse à peu près sans prêtre. Mais ce sera à mes yeux un moyen de retremper le clergé, parce que le manque de sujets permettra de parler clair aux curés qui auront besoin de vicaires, et d’envoyer dans de petits postes les jeunes prêtres dont on ne sera pas content. Sous ce rapport je ne suis pas le moins du monde inquiet, pourvu que l’on ait un bon évêque.

Totus tibi.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. A Bordeaux.
2. Le chanoine Gilly n'est pas tendre pour le P. d'Alzon. Dans une lettre du 2 juin, que l'on retrouve aussi aux Archives vaticanes, il écrit à l'évêque du Mans : "Mr Plantier mort, le chapitre n'a pas cru pouvoir confier le diocèse à M. d'Alzon, *uniquement* parce que la tête de ce dernier ne lui offrait pas assez de garanties. M. d'Alzon nous a alors dénoncé au nonce comme *gallicans*, et il a juré de prendre sa revanche sur nous... Hier aussi une réunion [...] a décidé que l'on proposerait comme évêque de Nîmes l'abbé Besson (de Besançon), un gallican, et qui pis est un libéral. Comme l'un des députés a dit que M. Besson avait été repoussé par le nonce, la réunion s'est fait forte de le faire accepter en lui imposant comme condition de prendre M. d'Alzon comme vicaire général. Je sais que M. d'Alzon a accepté cela... Il nous faut un évêque, catholique sans épithète;, et autant que possible, un homme qui tienne M. d'Alzon éloigné du pouvoir..."