DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 114

5 jun 1875 Nîmes MEGLIA Mgr

La révolution ecclésiastique de Nîmes et ses causes – Il nous faut au plus tôt un évêque jeune, actif, ferme et romain.

Informations générales
  • DR11_114
  • 5315
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 114
  • Minute autographe ACR, AO 153; D'A., T.D.40, pp.40-41.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 ASSEMBLEES ECCLESIASTIQUES
    1 BONTE
    1 CHANOINES
    1 CHOIX
    1 CITE
    1 COLERE
    1 CRITIQUES
    1 CURE
    1 DISCIPLINE ECCLESIASTIQUE
    1 DOCTRINES ROMAINES
    1 ENTERREMENT
    1 EPISCOPAT
    1 EVEQUE
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 HIERARCHIE ECCLESIASTIQUE
    1 INTELLIGENCE
    1 JEUNESSE
    1 MALADIES
    1 MECHANTS
    1 NUTRITION
    1 OUBLI DE SOI
    1 RESIDENCES
    1 REVOLTE
    1 RUSE
    1 SERVICE DE L'EGLISE
    1 SEVERITE
    1 SUCCESSION APOSTOLIQUE
    1 SYMPTOMES
    1 THEOLOGIE
    1 VICAIRE
    1 VICAIRE CAPITULAIRE
    1 VICAIRE GENERAL
    2 GERVAIS, PIERRE-MARIE
    2 GILLY, ALFRED
    2 GUIOL, LOUIS-HIPPOLYTE
    2 PLACE, CHARLES-PHILIPPE
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SAIVET, JOSEPH-FREDERIC
    2 SERRES, CHARLES-PHILIPPE DE
    2 SERRES, LOUIS-AMBROISE-GUSTAVE DE
    3 BORDEAUX
  • A MONSEIGNEUR MEGLIA, NONCE A PARIS
  • MEGLIA Mgr
  • Nîmes, le 5 juin 1875.
  • 5 jun 1875
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Monseigneur,

Il est peut-être indiscret à moi de venir entretenir Votre Excellence d’un triste sujet, puisque j’y semble engagé. Cependant j’espère que votre sagesse discernera le motif qui me pousse à prendre la plume.

Le gouvernement de Mgr Plantier était aimé. J’étais bien un peu accusé de tenir pour le maintien de la discipline ecclésiastique, ce qui froissait quelques-uns de Messieurs les chanoines, mais je me consolais de leur mécontentement par la pensée qu’un vicaire général doit remplir le rôle pénible, laissant à son évêque le côté gracieux de l’administration. C’est ainsi que j’avais compris mes devoirs et mon dévouement envers un prélat que j’ai aimé aussi tendrement que Mgr Plantier.

Les chanoines m’ont écarté. Les trois quarts s’en mordent les doigts; voici pourquoi. Dès le lendemain de l’enterrement, les curés de la ville se sont réunis pour signifier au Vicaire capitulaire qu’ils entendaient ne plus cohabiter ni manger avec leurs vicaires. Le Chapitre s’est réuni, a rendu une ordonnance pour défendre aux curés d’en agir ainsi. Hier, à 1 h. de l’après-midi, les curés ont déclaré au Vicaire capitulaire qu’ils envoyaient promener les chanoines, dont les pouvoirs étaient épuisés. On en est venu aux paroles très vives, et le soir, 4 juin, les curés ont signifié à leurs vicaires que désormais ils eussent à loger et à manger où ils voudraient. Les chanoines poussent en dessous les vicaires à se révolter contre leurs curés. Votre Excellence voit où nous allons. Les curés du diocèse vont s’unir aux curés de Nîmes, sous le prétexte que le Chapitre ayant insulté à la mémoire de l’évêque, eux seraient autorisés à insulter le Vicaire capitulaire.

A quoi cela remonte-t-il?.

1° A la trop grande bonté de Mgr Plantier, que sa maladie poussait à laisser tomber les affaires désagréables.

2° A la méchanceté d’un chanoine, M. de Serres, frère très peu ressemblant de l’abbé de Serres, du Chapitre de Lyon.

3° A l’esprit d’intrigue d’un autre chanoine, M. Gilly, aspirant à l’épiscopat(1) et qui ayant échoué, malgré sa science de l’hébreu, dans toutes les oeuvres qu’on lui avait confiées, venait, sur mes instances, d’être nommé chanoine pour l’empêcher de mourir de faim(2).

4° A l’absence absolue d’intelligence des autres chanoines, qui voudraient bien revenir sur ce qu’ils ont fait.

En attendant, le Vicaire capitulaire parle de donner sa démission, ce qu’il n’osera pas faire, j’en suis sûr, à moins de nouvelles complications. Votre Excellence doit comprendre la nécessité de nous donner, mais au plus tôt, un évêque jeune, actif, ferme et Romain. J’avais pensé à M. Guyol; mais sa révolte, quelque légitime qu’elle soit, contre son évêque donnerait trop d’avantages aux révoltés de Nîmes. Je me permets de trouver Mgr Saivet trop faible et je me permets d’en revenir à M. l’abbé Gervais, de Bordeaux.

Je suis avec respect, Monseigneur, de Votre Excellence le très humble et obéissant serviteur.

Notes et post-scriptum
1. Il succèdera à Mgr Besson.
2. Quelques mois plus tôt les relations de l'abbé Gilly avec le P. d'Alzon étaient excellentes. L'abbé donnait des cours d'Ecriture Sainte aux novices (v. par ex. *Lettre 5026) et, en fin d'année, le P. d'Alzon lui a écrit bien chaleureusement (*Lettre* 5169), le félicitant notamment pour le bien que faisait sa parole.