DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 139

22 jun 1875 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

M. d’Hulst – Le dépit des chanoines – L’attitude qu’il adoptera envers M. d’Hulst s’il est nommé – Consacrer mes derniers jours à mon oeuvre de l’Assomption.

Informations générales
  • DR11_139
  • 5343
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 139
  • Orig.ms. ACR, AD 1690; D'A., T.D.24, n.1209, pp.239-240.
Informations détaillées
  • 1 BETISE
    1 CHANOINES
    1 CLERGE NIMOIS
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CONSCIENCE MORALE
    1 CONTRARIETES
    1 CURE
    1 DECADENCE
    1 DESIR
    1 DESOBEISSANCE
    1 EFFORT
    1 EVECHES
    1 EVEQUE
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 MODERES
    1 PRUDENCE
    1 ROYALISTES
    1 SAINT-SIEGE
    1 SOLITUDE
    1 SUCCESSION APOSTOLIQUE
    1 VICAIRE GENERAL
    2 BESSON, LOUIS
    2 HULST, MAURICE D'
    3 NIMES
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 22 juin 1875.
  • 22 jun 1875
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Désormais les chanoines perdent la tête. Ne voilà-t-il pas que pour repousser M. Besson, légitimiste modéré, ils font des pieds et des mains pour avoir M. d’Hulst? Ma conscience s’oppose à faire des démarches pour lui. Je crois qu’un orléaniste de son espèce ne peut réussir à Nîmes, où, (voyez ma présomption) il ne peut réussir que par moi, en ce sens que je me réserverai de dire: « Je ne le voulais pas, mais il y est, tirons-en le meilleur parti possible ». Et alors M. d’Hulst ne peut réussir que défendu par moi et en quelque sorte sous mon couvert.

Le dépit des chanoines n’est si grand que parce qu’ils s’aperçoivent qu’ils ont fait une énorme bêtise, et, voyant qu’ils se sont enfoncés, ils s’enfoncent chaque jour un peu plus. D’autant que les curés de la ville les citent à Rome, que les curés du diocèse ou refusent les postes qui leur sont assignés, ou n’acceptent que parce qu’étant tarés ils sont tirés de l’ombre, où les avait maintenus l’ancienne administration. Enfin, nous allons au gâchis ecclésiastique le plus affreux, et je suis bien résolu à me tenir en dehors. Aussi je vous prie de dire à M. d’Hulst (s’il est nommé)(1), que je le prie de ne pas trouver mauvais que je me tienne loin, jusqu’à ce qu’il m’appelle; que peut-être il sera prudent d’attendre quelque temps avant de m’appeler, afin qu’il ait pu entendre le son des autres cloches, avant d’entendre celui de la mienne; que mon abstention ne sera pas de l’opposition, mais le désir de ne pas lui créer des embarras. Peut-être ferez-vous bien de lui dire cela comme de vous-même, à cause de la connaissance intime que vous avez de mes dispositions. Répétez-lui sur tous les tons que je ne tiens pas le moins du monde à être grand-vicaire et que, malgré certains mécontentements auxquels un grand-vicaire est toujours exposé, l’immense majorité de la population et du clergé me revient avec un merveilleux ensemble.

Je vous le dis devant Dieu je n’ai qu’un désir: consacrer mes derniers jours à mon oeuvre de l’Assomption et quant au nouvel évêque, quel qu’il soit, lui fournir les renseignements que seul je puis lui donner sur l’ensemble des affaires, non pas sur le détail, et puis aller le trouver, quand il me consultera en particulier; car je suis bien résolu à rester bouche close devant un Conseil composé d’hommes, qui répètent comme des pies borgnes tout ce qu’ils ont entendu.

Adieu, ma fille. Bien à vous.

E.D’ALZON.

Toutefois j’ai encore quelques raisons de croire que M. B[esson] sera nommé.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Mère Marie-Eugénie avait déjà parlé de Nîmes avec M. d'Hulst. Le 23 juin, elle écrit au P. d'Alzon que "rien n'a pu indiquer qu'on lui en eût jamais parlé pour lui" (v. *Lettre* 5355, n.2). Elle trace alors un beau portrait de ce prêtre et ébauche un parallèle avec le P. d'Alzon : "Cet homme, écrit-elle notamment, est à Jésus-Christ avec une sincérité et un amour qui priment tout en lui, on sent la pureté, la droiture, le zèle, une certaine austérité. De ce côté-là il me rappelle beaucoup de choses de vous dans votre jeunesse. Il est moins spirituel, mais aussi, pardonnez-moi de le dire, moins méprisant". Le P. d'Alzon donnera raison à Mère Marie-Eugénie sur ce dernier trait (*Lettre* 5349).