DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 171

Cher ami,

Vous m’aviez parlé d’assister à notre distribution des prix, je vous avais fait quelques objections(1); elles me semblent tombées. Si surtout vous pouviez nous annoncer un nouvel évêque qui eût vos sympathies, ce serait merveilleux et je crois que vous le pourriez. Auriez-vous lâché Besson? Défiez-vous de Terris. Je crois que vous aurez là un homme dangereux pour vous. Pourtant, on dit qu’il fait son chemin. Boyer annonce Terris à Imberton(2). Dans ce cas, je laisse la partie aux intrigants. Il est sûr que si vous gardiez votre secret, même avec moi, et que vous nous annonciez Besson ou Richard(3) dans un petit speach, ce serait prodigieux. Vous présideriez dans ce cas et vous auriez fait un fameux coup.

Les chanoines ne savent plus où donner de la tête. S’il est utile de dire que je ne veux plus rien être, vous le pouvez sans aucune difficulté. Mais dans votre intérêt défiez-vous de Terris.

Adieu et bien à vous.

E.D'ALZON.

1. *Lettre* 5356. - La distribution des prix eut lieu le samedi 31 juillet, à 9 h. précises. Baragnon présida. La séance fut ouverte par le P. d'Alzon qui dit quelques mots, que reproduisit l'*Assomption* (t.1, p.129). Le P. Laurent prononça le discours traditionnel, après quoi Baragnon prit à son tour la parole. Leurs discours furent selon l'habitude publiés en brochure (Lafare, Nîmes, 1875). Celui de Baragnon se trouve en outre dans l'*Assomption* (t.1, pp.129-132), mais Vincent de Paul, à qui son frère l'avait envoyé pour la *R.E.C.*, estima qu'il n'avait pas l'intérêt général suffisant pour y figurer (lettre au P. d'Alzon du 4 août, où il s'exprime sans ménagement sur le "ministre de seconde classe"). Il faut dire que, depuis l'époque de son supériorat à Nîmes, Vincent de Paul avait une dent contre Baragnon (v. *Lettre* 2427, n.).
Le soir du même jour, "une réunion de catholiques, prêtres et laïques, tenue dans la maison de l'Assomption sous la présidence du R.P. d'Alzon, a nommé un Comité, dit de l'Enseignement supérieur libre, pour [...] prendre les déterminations nécessaires à l'exécution pleine et entière de la résolutiuon votée dans le Comité catholique du mois d'avril" (Procès-verbaux de l'Oeuvre des Conférences catholiques, CC 6, p.80), c'est-à-dire l'ouverture de conférences juridiques, littéraires etc..., préparant le fondation d'une université catholique à Nîmes (v. *Lettre* 5245, n.2).
2. Curé de Saint-Baudile à Nîmes.
3. [Erratum: il s'agit de l'abbé Thomas *Richoud* et non Richard - note ajoutée en avril 1999].