DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 176

5 aug 1875 Beaufort BAILLY_EMMANUEL aa

Ce que j’ai écrit à Mgr Besson – Qu’il écoute d’abord les accusations qu’on peut faire contre moi – Le futur entourage de l’évêque.

Informations générales
  • DR11_176
  • 5389
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 176
  • Orig.ms. ACR, AI 269; D'A., T.D.31, n.268, pp.226-228.
Informations détaillées
  • 1 BAVARDAGES
    1 CALOMNIE
    1 CATHEDRALE
    1 CHANOINES
    1 CLERGE NIMOIS
    1 COMPORTEMENT
    1 CRITIQUES
    1 CULPABILITE
    1 DIRECTION PASTORALE DU DIOCESE DE NIMES
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 FORMATION DES JEUNES AUX VERTUS
    1 NOMINATIONS
    1 NOTRE-DAME DES CHATEAUX
    1 ORPHELINATS
    1 OUBLI DE SOI
    1 RESIDENCES
    1 RUSE
    1 VICAIRE CAPITULAIRE
    1 VICAIRE GENERAL
    2 BARAGNON, NUMA
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 BAUS, NICOLAS-JOSEPH
    2 BESSON, LOUIS
    2 BISMARCK, OTTO VON
    2 CHAMPVANS, JEAN-CHRYSOGONE DE
    2 CHAPOT, EDMOND
    2 CHAPOT, FRANCOIS
    2 CLASTRON, JULES
    2 CORRIEUX, FRANCOIS
    2 CRISTOL, PAUL-JOSEPH
    2 DESCAMPS, PIERRE
    2 GAREISO, JOSEPH
    2 GUILLAUME I, EMPEREUR
    2 LONDES, MARC-ALBERT
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SAUVAGE, HENRI
    2 TALLEYRAND
    3 BESANCON
    3 NIMES, CATHEDRALE
    3 NIMES, DIOCESE
    3 PARAY-LE-MONIAL
    3 SAUVE
    3 WARZIN
  • AU PERE EMMANUEL BAILLY
  • BAILLY_EMMANUEL aa
  • Beaufort, 5 août [18]75.
  • 5 aug 1875
  • Beaufort
La lettre

Cher ami,

Je vous remercie des détails que vous me donnez; je les attendais, en effet. Ma ligne de conduite est bien simple. J’ai écrit à Mgr Besson que je le suppliais de me laisser aux Châteaux jusques aux premiers jours de septembre. Je l’engage à appeler auprès de lui M. Gareizo(1). Je lui désigne trois ou quatre hommes, dont il doit se défier; je l’engage à ne pas se mêler des tripotages qui ne manqueront pas de s’apaiser, s’il leur donne peu d’importance. Tant pis pour la Gazette de Nîmes, qui m’a assez fait la guerre déloyalement! J’ai signalé les deux Chapot: l’un comme d’une grande valeur, mais d’autant plus dangereux; l’autre comme ayant un talent de prédication passable, mais commençant à se compromettre par ses légèretés.

Je préfère de beaucoup que Besson, qui sait ce que j’ai fait pour lui, écoute d’abord les accusations qu’on peut faire contre moi. Si je me hâtais de me justifier, il me croirait un peu coupable. Quand il les aura bien entendues, je lui dirai: « Monseigneur, vous savez comment je vous ai fourni le résumé des accusations, à l’aide desquelles on s’opposait à ce que vous fussiez évêque. Vous y avez répondu, et vous savez l’usage que j’ai fait de votre réponse pour détruire les calomnies de vos adversaires. Faites-moi le résumé de ce qu’on vous a dit de plus grave contre moi, je le réfuterai de même, et alors vous saurez ce que vous avez à faire ». Cette conduite me paraît bien plus digne.

En indiquant Gareizo, je prouve que je ne pousse pas à une coterie. M. Gareizo m’a dit ne vouloir rien, pas même un canonicat. Qui connaît mieux le clergé que lui? Qui s’est plus tenu en dehors de tous les cancans? Seulement qu’on persuade à Cristol(2) de chercher un poste. Si l’évêque futur prend Clastron, quel besoin a-t-il de Cristol? S’il ne prend pas Clastron, que peut-il attendre pour la connaissance du diocèse et surtout des affaires? Ou il amènera quelqu’un avec lui, et je lui proposerai de le nommer secrétaire général et moi grand-vicaire pour trois mois; après quoi, le secrétaire général sera grand-vicaire. Ou il arrivera seul, et, dans ce cas, je lui proposerai pour secrétaire général celui que Mgr Plantier voulait prendre, en place de Cristol, si le très stupide Clastron ne s’y fût pas opposé.

Gardez ceci pour Barnouin et Londès, et ne leur lisez qu’après promesse du secret absolu. J’ai une cascade à proposer, supposé que Corrieux demande à n’être que chanoine, ce que je présume: Londès à la cathédrale, Barnouin à Sainte-Perpétue, son orphelinat serait sur sa paroisse; Baus, de Sauve, à Saint-François de Sales; Chapot à Sauve et Sauvage à la Providence. Mais qu’on me garde le plus absolu secret. Je n’écris pas à Clastron, pour lui faire sentir mon opinion sur son apparition à Paray(3). Londès et Barnouin oublient le mot de Talleyrand: « Je ne me suis jamais pressé et je suis toujours arrivé à temps ». Puisque les chanoines se sont permis de me comparer à Bismarck, il me plaît de rester à Warzin(4).

Je reviens sur le départ possible du capitulaire pour Besançon. Que Barnouin et Londès engagent le préfet à écrire à Besson, pour le prier de ne se prononcer que quand il saura tout. Du reste, je vais écrire dans ce sens à M. de Champvans. Que Barnouin engage Baragnon à écrire, de son côté. Besson sait qu’il doit tout à Numa et tiendra grand compte de son opinion.

Maintenant pour vous seul. Je suis ici, arrivé avec un temps superbe. Mardi, à midi, il se mit à tonner, à pleuvoir, et depuis, pluie continue. J’attends le P. Picard ce soir, parce que j’espère le retour du beau temps; sinon, non. Je suis ravi des 18 enfants, que le P. Pierre forme admirablement. Vous avez eu une idée merveilleuse de faire construire un second étage. Pour être à l’aise, il faudra mettre les dortoirs au second; mais alors ce sera parfait.

Adieu et tout à vous.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Joseph Gareiso, supérieur du grand séminaire de Nîmes. Le P. d'Alzon écrit toujours *Gareizo* et nous laissons cette orthographe dans son texte.
2. Secrétaire général de l'évêché.
3. Où un pèlerinage diocésain conduit par le vicaire capitulaire s'est rendu à la fin de juillet.
4. Plusieurs fois Bismarck avait demandé à être déchargé de ses fonctions. L'empereur s'y était toujours refusé. En 1873 cependant, il obtint du Reichstag et du Kaiser un suppléant pour l'ensemble des affaires et un suppléant pour chaque département ministériel. L'allusion du P. d'Alzon est sans doute à comprendre comme suit: à l'image de Bismarck, il me plaît de rester dans ma solitude des Châteaux et de ne me mêler que de loin aux affaires du diocèse.