DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 180

5 aug 1875 Les Châteaux BARAGNON_NUMA

J’ai écrit à Mgr Besson mais je n’irai pas à Besançon – Le grand vicariat – Une oeuvre d’où doit sortir un nouveau clergé – Buffet.

Informations générales
  • DR11_180
  • 5391
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 180
  • Orig.ms. ACR, AL 83; D'A., T.D.34, n.82, pp.205-206.
Informations détaillées
  • 1 ACTION POLITIQUE
    1 ALUMNATS
    1 AMOUR-PROPRE
    1 ANEANTISSEMENT
    1 AUTORITES REPUBLICAINES
    1 CHANOINES
    1 CURE
    1 DIRECTION PASTORALE DU DIOCESE DE NIMES
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 IDEES DU MONDE
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 MISSIONNAIRES
    1 NOMINATIONS
    1 NONCE
    1 PARLEMENT
    1 REFORME DU CLERGE
    1 RELIGIEUX
    1 RESIDENCES
    1 VICAIRE GENERAL
    2 ALZON, EMMANUEL D'
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 BESSON, LOUIS
    2 BUFFET, LOUIS-JOSEPH
    2 CHAPOT, EDMOND
    2 CHAPOT, FRANCOIS
    2 DAUDE DE LAVALETTE, HENRI
    2 DUFAURE, JULES-ARMAND
    2 LONDES, MARC-ALBERT
    2 MEAUX, CAMILLE DE
    2 MEGLIA, PIER-FRANCESCO
    2 WALLON, HENRI-ALEXANDRE
    3 BESANCON
    3 CONSTANTINOPLE
    3 NIMES
  • A MONSIEUR NUMA BARAGNON
  • BARAGNON_NUMA
  • Les Châteaux, 5 août [18]75.
  • 5 aug 1875
  • Les Châteaux
La lettre

Cher ami,

Enfin, nous avons ce que nous voulions. Dieu soit béni, si nous ne nous sommes pas trompés! Le Barnouin et le Londès me conjurent de me précipiter à Besançon. Je trouve cela de mauvais goût. J’ai écrit et je reste ici. J’ai écrit de Nîmes, j’avais donné les détails sur votre dernier coup chez le nonce, les ministres, et sur vos lettres. Peut-être serait-il bon que vous écrivissiez pour prier M. Besson de ne point écouter certains jugements, que ne manqueront pas de lui flanquer les capitulants et capitulaires. Il faut que le nouvel évêque soit votre homme encore plus que l’ancien. C’est mon affaire et je m’en acquitterai avec tout le zèle de mon coeur paternel.

Quant à moi, très sincèrement, je ne veux rien. Mon amour-propre me dit (peut-être se trompe-t-il) que je n’ai pas besoin d’être grand- vicaire pour être le P. d’Alzon. Je consentirais à accepter le grand vicariat pour deux ou trois mois, afin de faire nommer Barnouin à la cathédrale ou à Sainte-Perpétue, pour écarter les Chapot et surtout former avec l’évêque des relations telles que, sans m’occuper de l’administration dans son fretin, je puisse peser sur lui à propos des grandes lignes à suivre. Vous avez absolument toute ma pensée.

A un autre point de vue, qui est le plus grave à mes yeux, j’ai 65 ans. Dieu bénit une oeuvre très modeste pour le moment, mais d’où doit, selon moi, si Dieu la féconde, sortir un nouveau clergé tel qu’il nous le faut aujourd’hui. Vous comprenez que cette oeuvre veut plusieurs vies d’homme, et je serai bien heureux si Dieu veut prendre les ruines de la mienne pour les préludes de ce travail gigantesque. C’est pourquoi je reste sur mon rocher, entre trois tours féodales, au pied desquelles on trouve encore, de temps en temps, des fers de lance du moyen-âge. Nous avons bâti une maison, où des enfants se préparent à être curés, missionnaires, religieux. La sève divine me semble circuler dans leurs veines, et le spectacle qu’ils me donnent me semble mille fois plus beau que celui dont on peut jouir du haut de tous les grands-vicariats de la terre.

Je n’en persiste pas moins à vous aider, autant que j’en serai capable, pour votre arrivée au Sénat(1). Pourtant j’ai envie d’y mettre une condition, c’est que vous me procurerez un entretien à l’aise avec Buffet. Je vous lâche Wallon, de Meaux, Dufaure, mais je prends goût à Buffet(2). C’est uniquement pour savoir s’il persiste dans sa disposition à faire de la politique de mon goût que je veux causer avec lui.

Voici une correspondance de Constantinople. Henri(3) peut, s’il le juge à propos, l’envoyer au Voeu national, qu’il importe de bien diriger.

Mille fois à vous et aux vôtres.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. N. Baragnon sera nommé sénateur inamovible en novembre 1878. Avant cela il aura connu diverses aventures électorales dans le Gard, dont une invalidation. - La loi du 24 février 1875 avait créé deux catégories de sénateurs : 225 élus au second degré pour neuf ans par les départements, 75 inamovibles élus par l'Assemblée nationale.
2. Rien n'est plus réalisable qu'une conversation avec Buffet, répondit Baragnon, "il sera charmé de vous voir" (8 août).
3. Daudé de Lavalette.