DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 188

11 aug 1875 Les Châteaux BAILLY_EMMANUEL aa

J’ai proposé la paix au chapitre : ils reviendront les uns après les autres – Que la surveillance des religieux est importante! – L’alumnat des Châteaux.

Informations générales
  • DR11_188
  • 5399
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 188
  • Orig.ms. ACR, AI 273; D'A., T.D.31, n.272, pp.231-233.
Informations détaillées
  • 1 BAVARDAGES
    1 CHANOINES
    1 CHAPELLE
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 CULPABILITE
    1 EDUCATION EN FAMILLE
    1 EXAMEN DES CANDIDATS
    1 FRANCHISE
    1 FRERES CONVERS ASSOMPTIONNISTES
    1 GRECS
    1 IMMEUBLES
    1 INTELLIGENCE
    1 NOTRE-DAME DES CHATEAUX
    1 NOUVEAU TESTAMENT
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 PAIX
    1 PELERINAGES
    1 PIETE
    1 SEMINAIRES
    1 SEVERITE
    1 SURVEILLANCE PAR LE SUPERIEUR
    1 SYMPTOMES
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 TRAVAIL MANUEL
    1 VERTU DE CHASTETE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 DESCAMPS, PIERRE
    2 HUDRY, POLYCARPE
    2 JEROME, SAINT
    2 LIVADARI, MADAME
    2 LIVADARI, MARC
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 ROUVEYROL, ALBERT
    2 SULPICE-SEVERE
    2 TESSAN, JEAN-CHARLES DE
    3 NIMES
  • AU PERE EMMANUEL BAILLY
  • BAILLY_EMMANUEL aa
  • Les Châteaux, 11 août [18]75.
  • 11 aug 1875
  • Les Châteaux
La lettre

Cher ami,

Merci de l’exactitude de votre correspondance. J’ai enfin reçu un mot de l’abbé Barnouin(1), mais il me doit encore une lettre et je suis résolu à attendre ses épîtres. S’il veut des nouvelles, il en donnera. Mais avec ce que vous me dites, j’en sais assez. Puis, pourquoi tomber dans les cancans? J’ai proposé la paix au Chapitre. S’il ne la veut pas, cela m’est bien égal. Mais vous verrez qu’ils reviendront tous, les uns après les autres. Le vénérable corps restera dans sa majesté, mais chaque membre pris à part reviendra.

Voici une note du P. Vincent de Paul d’après les dires de l’ex-Frère Albert. Ah! que la surveillance est importante, et que les religieux qui savent les choses et ne les disent pas sont coupables, et, disons le mot, sont vils! Parlons des Châteaux.

1° L’alumnat, comme composition, est exceptionnel. P. Pierre trouve une perfection de piété, de franchise, d’études, d’intelligence, qui n’est comparable à rien de ce qui a précédé. Je l’engage à rester dans ce milieu par la sévérité des examens d’admission et de prendre tout ce qui sera bon, sauf à le caser dans d’autres alumnats. Selon lui, tous les dix-huit enfants peuvent ne faire qu’une section de bons cinquièmes, sauf Marc Livadari qui a tellement dépassé les autres qu’il croit devoir le proposer pour le noviciat. Evidemment, il n’est pas en ce moment de la force d’un rhétoricien, mais avec ses moyens prodigieux, lisant couramment Sulpice-Sévère et saint Jérôme, en constatant d’où il est parti [et] où il est actuellement, il ne peut que dépasser ses condisciples rhétoriciens aujourd’hui, pendant le noviciat. Il a peu de goût pour les jeux, resterait constamment en étude, son Nouveau Testament à la main. P. Pierre lui croit l’innocence baptismale. Il a aujourd’hui dix-sept ans, il veut se faire religieux, en a obtenu la permission de sa mère. Il doit avoir reçu une première éducation soignée, ses parents étant alors très riches. Il sait très bien le grec moderne; le grec ancien sera un jeu pour lui. Le P. Pierre le croit le futur supérieur du futur séminaire grec.

2° Décidément le bâtiment nouveau sera prêt pour novembre, au plus tard. Ce sera très bien, étant donné qu’on mettra le dortoir et la lingerie au second. Les Frères convers eux-mêmes pourront y loger. Dans tous les cas, ils auront le dortoir actuel.

3° La place de la future chapelle est trouvée, au pied de la tour du prince de Beaufort. Une magnifique plate-forme s’étendra devant, et la porte tournée du côté des Villars permettra, les jours de pèlerinage, de dire la messe au haut d’un perron très utile pour le nivellement du terrain. Voici un croquis(2).

Chapelle refaite. L’abside aboutit à la terrasse, et, à l’extrémité du bâtiment, une sacristie, plus un bras de la croix. De l’autre côté, un croisillon et une autre sacristie, au Midi. Par le bras de la croix Nord, on monte à la tour transformée en clocher. Du haut du perron, une vue splendide. Arrivée des plus aisées sur la plate-forme par le nouveau chemin.

Quel atroce gribouillage! Je ne le referai pas. La chapelle ne s’élèvera qu’autant que les Chartreux auront donné 50.000 francs pour la bâtir.

4° Les goîtres viennent des eaux, mais surtout des arbres. On abattra des arbres partout où l’on pourra mettre des prairies qui rapportent bien plus.

5° Pour arriver sans se casser le cou en hiver, on modifiera le chemin. Hier, avec Fr. Polycarpe, nous sommes allés visiter les lieux; rien de plus aisé. Ce sera le travail d’automne des enfants. Demain, grande promenade; après-midi, les jalons plantés; aujourd’hui, on abat les arbres, on trace le sentier qui peu à peu se transformera en chemin, sinon cette année, au moins l’année prochaine. Dans tous les cas, les piquets se plantent, et, une fois plantés, nous irons de l’avant.

Que vous dirai-je encore? Que je me porte assez bien, que le P. Picard est parti, ravi de sa visite, et que si vous êtes souffrant, j’irai prendre votre place à Nîmes et vous ferai venir ici.

Sur quoi, totissimus tuus.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. "Pourquoi avez-vous écrit à M. de Tessan ? Le P. Emmanuel vient de me communiquer votre lettre [*Lettre* 5390]. Je la trouve foudroyante. Il est à craindre qu'elle ne produise pas l'effet, le résultat que vous paraissez désirer...", avait écrit l'abbé Barnouin le 9 août. Il ne se trompait pas : voir *Lettre* 5403.
2. Suit un plan mal tracé dont le paragraphe qui suit est le commentaire.