DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 206

17 aug 1875 Notre-Dame des Châteaux ESCURES Comtesse

Les inondations et la grêle – La nomination de Mgr Besson et ses suites – J’aspire au repos et à m’occuper de ma congrégation – Un règlement de vie – Appuyez votre vie sur une pensée sérieuse : l’amour de N.-S., de la Sainte Vierge et de l’Eglise, par exemple.

Informations générales
  • DR11_206
  • 5417
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 206
  • Orig.ms. ACR, AN 119; D'A., T.D.38, n.119, pp.256-257.
Informations détaillées
  • 1 ALUMNATS
    1 AUTORITES REPUBLICAINES
    1 BAVARDAGES
    1 BETISE
    1 CHANOINES
    1 DEVOIRS DE CHRETIENS
    1 DIVIN MAITRE
    1 EMPLOI DU TEMPS
    1 EPREUVES
    1 ESPRIT DE L'ASSOMPTION
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 EXAMEN PARTICULIER
    1 GALLICANISME
    1 GOUVERNEMENT DE LA CONGREGATION DES ASSOMPTIONNISTES
    1 GRACES
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 INTEMPERIES
    1 JOUISSANCE DE DIEU
    1 LIVRES
    1 NOMINATIONS
    1 NONCE
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 ORAISON
    1 PELERINAGES
    1 PERFECTIONS DE MARIE
    1 PRATIQUE DES CONSEILS EVANGELIQUES
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REFLEXION
    1 REPOS
    1 ROYALISTES
    1 RUSE
    1 SERVICE DE L'EGLISE
    1 TRIPLE AMOUR
    1 VERITE
    1 VICAIRE GENERAL
    1 VIE SPIRITUELLE
    1 VIN
    1 ZELE POUR LE ROYAUME
    2 BARAGNON, NUMA
    2 BESSON, LOUIS
    2 BOUGAUD, LOUIS-VICTOR
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 HULST, MAURICE D'
    2 MEGLIA, PIER-FRANCESCO
    2 WALLON, HENRI-ALEXANDRE
    3 BIGORRE
    3 LOURDES
    3 ORLEANS
    3 PARAY-LE-MONIAL
    3 POITIERS
    3 SAVOIE
  • A MADAME LA COMTESSE D'ESCURES
  • ESCURES Comtesse
  • Notre-Dame des Châteaux, par Beaufort (Savoie), le 17 août 1875.
  • 17 aug 1875
  • Notre-Dame des Châteaux
  • *Madame la comtesse d'Escures*
    *château du Gué-Robert par Tigy*
    *Loiret.*
La lettre

Ma bien chère fille,

La Garonne a emporté en effet mes projets pour Bigorre, et la grêle, en une demi-heure, tout mon vin. C’est une grande leçon d’économie que la grêle. Je suis venu me réfugier dans un des points les plus ravissants de la Savoie pour méditer sur les inondations qui noient les gens et la grêle qui emporte les écus.

On prétend que c’est moi qui ai fait nommer le nouvel évêque, malgré le nonce, et même un peu le ministre. On dit que je suis devenu orléaniste, gallican, dupanloupiste, que sais-je? Au fait, ne pouvant pas obtenir ceux que je voulais, j’ai tenu au moins à avoir un homme de valeur. On s’entend toujours mieux avec ces hommes-là qu’avec les imbéciles, même quand ils sont de votre avis. Mgr Besson m’a offert, il y a longtemps, toutes les garanties désirables. Je ne crois pas qu’il ait écrit contre l’évêque d’Orléans, quoi qu’il ait publié plus de 20 volumes. M. Bougaud a été demandé à Mgr d’Orléans par M. Baragnon. On lui a répondu: « Ni un grand-vicaire d’Orléans, ni un grand-vicaire de Poitiers ». Mais je ne suis pas du tout vicaire général. Le Chapitre n’a pas pris la peine de me remercier et m’a tout bonnement mis à la porte. On dit que je l’ai battu par la nomination de M. Besson. Il est sûr qu’il désirait M. d’Hulst. On a fait un grand pèlerinage à Paray pour le demander au Sacré-Coeur; on va faire un pèlerinage à Lourdes pour remercier la Sainte Vierge d’avoir nommé M. Besson, contre qui on a agi tant qu’on a pu, uniquement parce que je le désirais.

Au fond, avant quinze jours, j’aurai 65 ans; j’aspire au repos et à m’occuper de ma Congrégation, à laquelle Dieu envoie des épreuves, mais qu’il bénit surabondamment par les alumnats.

Vous me dites que vous êtes incapable de rédiger un règlement de vie. Il me semble que l’essentiel est de s’imposer tant d’heures de sommeil, tant de temps pour la méditation, les lectures, les examens. Voilà pour la partie matérielle. Qui s’oppose à ce que vous appuyiez votre vie sur une pensée très sérieuse? L’amour de Notre-Seigneur, de la Sainte Vierge et de l’Eglise, par exemple, ce qui est le fond de l’esprit de l’Assomption. Avec Notre-Seigneur, vous avez la communion, le règne social du divin Maître, la vérité. Avec la Sainte Vierge, vous avez le modèle de toutes les perfections humaines. En vous dévouant à l’Eglise, vous accomplissez le grand devoir des chrétiens de nos jours. Si cette triple pensée, qui se résume en une seule, peut vous aller, qui vous empêche de la ruminer, de vous en nourrir et de la traduire par la pratique? Allons, ma chère Amélie, sortez un peu de votre torpeur et donnez-vous généreusement à la perfection que votre position réclame.

Bien affectueusement à vous, ma chère fille.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum