DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 211

19 aug 1875 Les Châteaux BAILLY_EMMANUEL aa

Trois classes de religieux – Renforcer l’enquête sur les candidats.

Informations générales
  • DR11_211
  • 5421
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 211
  • Orig.ms. ACR, AI 280; D'A., T.D.31, n.279, pp.239-241.
Informations détaillées
  • 1 ADOLESCENTS
    1 ALUMNATS
    1 CHAPITRE GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
    1 CIRCULAIRES
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONSTITUTIONS DES ASSOMPTIONNISTES
    1 CRAINTE
    1 CRITERES D'ADMISSION AU POSTULAT
    1 DECADENCE
    1 DESOBEISSANCE
    1 DISSIMULATION DE RELIGIEUX
    1 DOULEUR
    1 ESPECE HUMAINE
    1 FIDELITE A L'ESPRIT DE LA REGLE
    1 FORMATION DES JEUNES PROFES
    1 GOUVERNEMENT DES RELIGIEUX
    1 INTELLIGENCE
    1 JEUNES RELIGIEUX
    1 MORALITE
    1 NOMINATIONS
    1 NOTRE-DAME DES CHATEAUX
    1 NOVICE
    1 NOVICIAT
    1 PAPE
    1 PERSEVERANCE APOSTOLIQUE
    1 REFLEXION
    1 RELIGIEUX ANCIENS
    1 SAGESSE HUMAINE
    1 SANTE
    1 SCANDALE
    1 SEMINARISTES
    1 SEVERITE
    1 SUPERIEUR
    1 SURVEILLANCE DES ELEVES
    1 TRISTESSE
    2 ADAM
    2 CHESNEL, FRANCOIS
    2 LAURENT, CHARLES
    2 OUDIN, EDITEUR
    2 PIE IX
  • AU PERE EMMANUEL BAILLY
  • BAILLY_EMMANUEL aa
  • Les Châteaux, [vers le 19 août 1875].
  • 19 aug 1875
  • Les Châteaux
  • *Le P. Emmanuel.*
La lettre

En réfléchissant à ce que je trouve de ferveur dans l’alumnat que j’habite depuis quinze jours, à ce que nous a montré de douloureux la décadence de certains alumnistes, insuffisamment surveillés ou livrés à des religieux tombés dans l’abîme; en considérant ce que nous donnent de déceptions certains jeunes gens formés ailleurs que chez nous, je comprends la sagesse du Pape, dont le nom m’échappe et qui avait ordonné une séparation absolue entre les novices et les profès. Ce n’est pas de la règle elle-même, plus ou moins applicable, dont je veux m’occuper en ce moment, mais de son esprit, que je cherche à pénétrer pour le traduire dans une réalisation sérieuse et pratique. Que faire à cet égard?

Il me semble important de partager, dans le gouvernement, les religieux en trois classes bien distinctes:

1° Les religieux anciens et sur lesquels on croit pouvoir compter(1);

2° Les religieux qui sont depuis q[uel]q[ue] temps avec nous et à l’égard desquels nous avons des craintes;

3° Enfin les religieux nouveaux, dont la ferveur est certaine, mais n’a pas passé par l’épreuve de la persévérance.

Quels que soient les doutes que tout fils d’Adam doive inspirer, évidemment si nous ne pouvons pas compter sur un certain nombre d’anciens, il faut renoncer à l’oeuvre. Grâces à Dieu, il n’en sera pas ainsi. Les religieux que nous considérons comme profès de dix ans peuvent sans difficulté être rangés parmi ceux qui ont la confiance. Quant aux seconds, il importe de bien voir s’il ne vaudrait pas mieux les mettre ensemble. Certes, le supérieur qui en sera chargé aura une rude besogne, mais il faut savoir prendre son parti. Il m’est évident qu’ils devront être, pour un temps, placés au collège. S’ils diminuent pour un motif ou pour un autre, on les dispersera de façon à ce qu’ils ne puissent être dangereux, et le collège se peuplera d’un élément nouveau qu’on ne craindra pas de voir se gâter; mais jamais, sous aucun prétexte, ces gens ne seront mis ni dans un alumnat, ni dans un noviciat, ni à deux ou trois dans une maison, où ils pourraient souffler un mauvais esprit à de jeunes religieux inexpérimentés.

Je proposerai au Chapitre général d’ordonner une enquête plus rigoureuse pour les personnes de dix-huit à vingt-cinq ans, qui viendraient nous demander d’être admises. Pour les accepter, il faudrait: 1° des témoignages beaucoup plus explicites que ceux qu’exige la circulaire de Pie IX; 2° un examen très rigoureux de capacité; 3° une enquête sur la santé, dont nous nous sommes trop peu occupés et qui nous donne de pieux incapables; en un mot, une étude plus sévère sur la capacité morale, intellectuelle et physique me semble de la plus absolue nécessité. Tout cela est dans les Constitutions, mais nous l’y avons beaucoup trop laissé, il faut l’en faire ressortir.

Lisez cette ébauche, donnez-moi vos notes, renvoyez-la moi.

Si Oudin a envoyé un nouvel exemplaire de Chesnel(2), envoyez-le moi.

Totus tibi.

E.D’ALZON.

Envoyez promener doucement les conseilleurs. P. Laurent fait-il son plan d’études pour le Chapitre g[énér]al? N’oubliez pas d’envoyer le livre de Chesnel.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Réponse du P. Emmanuel le 23 août: " ...nous n'arriverions à mettre à exécution efficacement cette idée très heureuse, qu'à partir du jour où *les anciens sur qui on croit pouvoir compter* auront formé par une résolution collective et une sorte d'entente signifiée par un signe quelconque, un noyau qui ne restera pas seulement à l'état de projet [...] une sorte de ligue de ferveur précisée par certains signes et engagments spéciaux". Le P. Emmanuel propose alors de mettre ensemble tous les religieux douteux et se livre à quelques autres considérations.
2. *Les droits de Dieu et les idées modernes*, dont le P. d'Alzon rendit compte dans la *R.E.C.* d'octobre 1875.