DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 214

21 aug 1875 Les Châteaux CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Ste Chantal – On m’avait si fortement recommandé Victor – Le P. Emmanuel – L’envoi de Soeurs à Arras est chose grave – J’ai la confiance du nouvel évêque.

Informations générales
  • DR11_214
  • 5423
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 214
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 424; D'A., T.D.30, n.468, pp.268-270.
Informations détaillées
  • 1 ALUMNATS
    1 BAVARDAGES
    1 BETISE
    1 CHANOINES
    1 CIRCULAIRES DU PERE D'ALZON
    1 COLERE
    1 CONTRARIETES
    1 CRAINTE
    1 CRITERES D'ADMISSION AU POSTULAT
    1 CULPABILITE
    1 DEPARTS DE RELIGIEUX
    1 DEVOTION AUX SAINTS
    1 DISSIMULATION DE RELIGIEUX
    1 DONATIONS
    1 DONS EN ARGENT
    1 ENFANTS
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 FRANCHISE
    1 LACHETE
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 NOMINATIONS
    1 OBLATES
    1 ORPHELINATS
    1 PETITES SOEURS DE L'ASSOMPTION
    1 POSTULANT
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SACRIFICE DE LA MESSE
    1 SUPERIEUR DE COMMUNAUTE
    1 VIE DE SILENCE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 ALLEZ, VICTOIRE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 CRY, VICTOR
    2 DUGAS, JEANNE DE CHANTAL
    2 DURAND, MADELEINE
    2 FAGE, MARIE DE JESUS
    2 GOUY, MADAME DE
    2 JEANNE DE CHANTAL, SAINTE
    2 LIMOISIN, ANDRE-JOSEPH
    2 MAUBON, JOSEPH
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PROYARD, ABBE
    2 SEGUR, GASTON DE
    3 ARRAS
    3 NIMES
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Les Châteaux, 21 août [18]75.
  • 21 aug 1875
  • Les Châteaux
La lettre

C’est aujourd’hui la fête de sainte Chantal, ma bien chère Marie, et je viens de dire la messe pour vous. Je l’ai dite avec toute la ferveur dont je suis capable, et j’ai demandé à Dieu toutes les grâces dont vous avez besoin pour devenir une sainte Françoise Chantal.

La pauvre Soeur Victoire est d’une bêtise consommée. Depuis votre lettre, le P. Emmanuel a découvert bien des choses: Soeur Victoire a reçu sept à huit lettres, des baisers et autres choses dont on a donné la preuve. Victor Cry est parti. Ce malheureux avait été accusé ailleurs, Mgr de Ségur me l’avait si fort recommandé; l’abbé Proyard, grand-vicaire d’Arras, m’avait tellement dit qu’il le croyait plus malheureux que coupable; Mme de Gouy, une sainte, s’intéressait tellement à lui que j’avais accepté un très long essai, car il n’était pas novice depuis dix-huit mois que nous l’avions. Si Soeur Victoire s’est tue après toutes les visites qu’elle m’a faites, c’est une bien grande sotte. Et Soeur Jeanne savait-elle la chose depuis longtemps? Vous voyez combien j’ai raison d’exiger dans la dernière circulaire, que je vous ai remise, que l’on dise tout aux supérieurs. Tenez fortement à cela.

Le P. Emmanuel est en ce moment sous le coup d’ennuis très grands et même il est très tracassé. Il m’a écrit des lettres qui montrent un grand ennui, à cause de religieux qu’il perd ou que nous sommes obligés de lui prendre. Dans tous les cas, il n’a su les choses qu’après vous, autant que j’en puis juger. Seulement vous soupçonniez un autre et lui savait les choses, mais ne pouvait encore en parler. De vous à moi (mais n’en parlez pas), le P. Emmanuel rage contre le P. Picard, qui, je crois, boude de ce que je lui ai envoyé une lettre du P. Emmanuel, pour laquelle celui-ci m’a fait des excuses, mais où le P. Picard était assez curieusement habillé. Ce sont des misères qu’un vieux père doit passer à ses enfants. Il faut tant que le bon Dieu nous en passe.

L’envoi des Soeurs à Arras est chose très grave. Je voudrais quelqu’un qui sût attirer les vocations. On en trouverait très certainement, et beaucoup, et très solides. Soeur Madeleine sera-t-elle capable? Il faudra faire un travail énorme. Je ne crains rien entre le Père J[oseph] et Soeur J[eanne] de ce qui vient de se passer, d’autant qu’ils seraient dans deux maisons, à un quart d’heure l’un de l’autre. Les Soeurs auraient soixante enfants pour commencer. Tout cela ne peut se faire avant octobre, mais je vois là pour votre développement une bénédiction de Dieu. Le chanoine qui donne la maison pour un nouvel alumnat, c’est-à-dire à peu près 50.000 à 60.000 francs, plus 20.000, a en plus fait tirer aux 21 enfants de l’alumnat une loterie où ils ont eu chacun 20 francs, c’est-à-dire 420 francs. Voilà comment on procède par là.

Les religieuses de Mlle Fage(1) sont attirées aussi. Une dame, que je connais, leur donnait 50.000 francs pour s’établir; c’est le P. Picard qui a préféré les Oblates, et, je vous le répète, elles n’auront pas un sou à dépenser.

On m’a tant fait de cancans à Nîmes que je suis résolu de ne plus rien dire, mais entre nous je vous préviens (sous le sceau du secret le plus absolu), que c’est moi qui ai la confiance du nouvel évêque. Il écrit aux autres qu’il attend d’être préconisé, et, en attendant, il me conjure de lui donner un rendez-vous(2); ce qui se fera sous peu.

Adieu. Je vous bénis avec la plus profonde tendresse.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Mère Marie de Jésus, fondatrice avec le P. Pernet, des Petites Soeurs de l'Assomption.
2. "J'espère vous voir à Grenoble à partir du 29" (19 août).