DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 275

14 oct 1875 Paris CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Vos épreuves – Laissez faire Notre-Seigneur – *Mettons-nous-y* dans une grande unité de coeur.

Informations générales
  • DR11_275
  • 5489
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 275
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 424; D'A., T.D.30, n.474, pp.274-275.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DES RELIGIEUX
    1 CRAINTE
    1 EPREUVES
    1 IMAGINATION
    1 LACHETE
    1 OUBLI DE SOI
    1 PARENTE
    1 SAINTETE
    1 SANTE
    1 SOUMISSION SPIRITUELLE A JESUS-CHRIST
    1 UNION DES COEURS
    1 VERTU DE FORCE
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 CORRENSON, CHARLES-LOUIS
    2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
    2 GAUTHIER, MARIE DES SAINTS
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Paris, 14 octobre [18]75.
  • 14 oct 1875
  • Paris
La lettre

Ma bien chère fille,

Dieu vous éprouve de toutes les façons et vous envoie toutes les épreuves, les unes après les autres, afin que vous puissiez trouver dans tous les déchirements par où vous passez, une force nouvelle. Si, comme j’en suis convaincu, vous devez devenir une grande sainte, vous n’avez pas d’autre parti à prendre que celui de vous jeter entre les bras de Notre-Seigneur et de le laisser faire, absolument comme il l’entendra. C’est très dur, mais la sainteté est une chose très difficile, et pourtant vous y êtes appelée. Allez donc à lui avec toute la générosité dont vous êtes capable, soyez forte pour accepter cette épreuve en vraie religieuse et pour donner tout ce qui vous peut être demandé.

Mais il me semble, à vous dire vrai, que vous vous montez un peu vite l’imagination. La situation de M. votre père est celle d’un homme qui passe par une crise(1). Voyez l’état où j’étais l’an dernier. Eh! bien, les forces me reviennent, et, à part quelques légers accidents, l’ensemble de ma santé se rétablit admirablement, pourvu que je me ménage. Et, mon Dieu, oui, mon enfant, je ne puis vous dire combien, moi aussi, je passe par des tribulations; mais de tout ce qui m’arrive, je conclus à la nécessité de me jeter sans aucune réserve entre les bras de Dieu et de me laisser conduire par lui à toute la sainteté qu’il peut désirer de moi. Je n’y suis pas, tant s’en faut, j’en suis à mille lieues. Mais pourquoi me décourager, si N.-S. veut faire les trois quarts et demi du travail? Je vous dis la même chose, mettez-vous-y, et si vous le voulez, mettons-nous-y dans une grande unité de coeur. Dieu bénira nos efforts pour sa gloire.

Dites à Augustine combien je partage ses angoisses; dites aussi à Madame votre mère que je prie bien pour elle, et du fond de l’âme. Je ne suis certes pas aussi effrayé que vous, mais n’importe; je comprends toutes les préoccupations dont elle doit être envahie.

Adieu, ma chère Marie. Ces épreuves me montrent combien je suis vôtre en me faisant bien voir combien la surabondance de mon affection s’étend aux vôtres, dès que vous êtes dans la douleur.

E.D’ALZON.

Soeur Marie des Saints n’a pas le sens commun de me demander de venir plus tôt pour lui donner l’habit. J’ai assez à faire pour qu’elle attende. Dites-lui cela plus doucement, mais dites-le lui.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Mère Emmanuel-Marie ne s'inquiète pas sans raison. Le Dr Correnson n'a plus deux mois à vivre.