DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 295

6 nov 1875 Paris BAILLY_EMMANUEL aa

Gravité de notre situation – Remettons-nous en à la Providence – *Respectueux, polis et peu empressés*.

Informations générales
  • DR11_295
  • 5518
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 295
  • Orig.ms. ACR, AI 300; D'A., T.D.31, n.299, pp.255-256.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 AMBITION
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONTRARIETES
    1 DISTINCTION
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 ESPERANCE
    1 ESPERANCE BASE DE LA PAUVRETE
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 FOI
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 NOTRE-DAME DES CHATEAUX
    1 PROVIDENCE
    1 PURGATOIRE
    1 RESPECT
    1 TRAITEMENTS
    1 VICAIRE GENERAL
    2 BESSON, LOUIS
    2 DUMAZER, ALEXIS
    2 DUMAZER, JEAN
    2 JOURDAN, RAPHAEL
    2 PICARD, FRANCOIS
    3 NICE
  • AU PERE EMMANUEL BAILLY
  • BAILLY_EMMANUEL aa
  • Paris, 6 nov[embre 18]75.
  • 6 nov 1875
  • Paris
La lettre

Bien cher ami,

Le P. Picard répondra à votre lettre. Hélas! que répondre? Il est évident que nous sommes en face de la situation la plus grave. Peut-être devons-nous voir là une situation toute providentielle, où nous sommes contraints de nous jeter à corps perdu entre les bras de la Providence, car la situation est terrible(1) et je ne puis vous dire, cher ami, combien vous me préoccupez. Ah! qu’il faut vivre de foi et d’espérance surnaturelle! Si, comme je l’espère, je touche mon traitement de grand-vicaire, je donnerai quelque chose au P. Alexis(2). Il me semble que je le pourrai sans difficulté. D’autre part, serait-ce bien à lui de nous quitter au moment d’une crise?

Quant à la situation de l’évêque, croyez qu’il est plus embarrassé que nous. Soyons respectueux, polis et peu empressés. Laissons la place aux autres, ne montrons pas que nous voulions rien. On sera bien forcé de revenir à nous. Je ne crois pas au revirement même apparent de l’évêque, et ma très profonde opinion est qu’il en aura bientôt assez des autres, si nous ne sommes pas empressés à son égard. Voilà ma très catégorique opinion. Tenons-nous en dehors, soyons dignes, notre position morale ne peut qu’augmenter en proportion de ce que l’on verra notre peu d’ambition et celle des autres.

D’après ce qui me revient, M. Besson n’est pas un homme d’affaires. Il peut, à certains moments, se trouver dans des embarras plus grands que les nôtres. Aussi le meilleur est de le voir venir. Quant à vous, mon cher enfant, il me semble que vous faites un assez rude purgatoire, pour espérer trouver miséricorde auprès de Dieu. Allez donc à lui en grande confiance et comptez sur son soin paternel de vous conduire par ce qui vous convient le mieux.

Cachetez les deux lettres ci-jointes, sans les lire, et faites-les porter.

Tout à vous.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le mot n'est pas trop fort. Nîmes n'arrivait pas à payer ses dettes, on réclamait les intérêts des actions ou même leur remboursement, et on ne parvenait pas à contracter un emprunt; à Alais le P. Raphaël n'avait même pas de quoi payer les frais d'une prise d'hypothèques sur son terrain; aux Châteaux et à Nice, il n'y avait plus rien dans la caisse... Le P. Emmanuel, après avoir décrit cette situation concluait: "... je crois que nous traversons de rudes épreuves mais je ne crois ni à une catastrophe ni à une interruption des oeuvres principales que nous avons ici. Tout ce que je crois, c'est que le Bon Dieu nous pousse, l'épée dans les reins, à établir nos oeuvres et nos ressources sur la base plus large de la pauvreté et de la justice en nous obligeant à sacrifier définitivement les propriétés et à payer définitivement nos dettes" (5 novembre).
2. Le P. Alexis entrevoyait la nécessité de venir en aide à son père par son travail personnel, si la congrégation ne pouvait rien faire pour lui.