DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 366

18 apr 1876 Paris GALABERT Victorin aa

Le Congrès catholique et la question de la Bulgarie – Le jeune Nicétas – Le futur séminaire – Les religieux du P. Stephan – Frères convers bulgares – Les Soeurs.

Informations générales
  • DR11_366
  • 5611
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 366
  • Orig.ms. ACR, AJ 299; D'A., T.D. 32, n. 299, p. 281.
Informations détaillées
  • 1 ALUMNATS
    1 ASSOMPTIONNISTES
    1 BONTE
    1 BULGARES
    1 COMITES CATHOLIQUES
    1 CONGRES CATHOLIQUES
    1 CRITIQUES
    1 DESINTERESSEMENT DE L'APOTRE
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 FRERES CONVERS ASSOMPTIONNISTES
    1 INTELLIGENCE
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 MISSIONNAIRES
    1 NEGLIGENCE
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 OBLATES
    1 PIETE
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 PROJETS D'UNION
    1 PROPRETE DES RELIGIEUX
    1 PRUDENCE
    1 SAGESSE HUMAINE
    1 SAINTETE
    1 SEMINAIRES
    1 SEMINARISTES
    1 SURVEILLANCE PAR LE SUPERIEUR
    1 VIEILLESSE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BELCASTEL, GABRIEL DE
    2 CHICHKOV, FRANCESCO
    2 DIMITROV, LUIGI
    2 IZVOROV, NIL
    2 MALASSIGNE, ATHANASE
    2 NICETAS, JEAN
    2 NICETAS, STEPHAN
    2 PISTICHKI, IVAN
    2 SCHOUVALOV, GREGOIRE
    2 STOICOV, ATHANASE
    2 TONDINI DE QUARENGUI, CESAIRE
    2 VERNAZZA, MARIE-HENRIETTE
    3 BULGARIE
    3 ORIENT
    3 PARIS
    3 PHILIPPOPOLI
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Paris, 18 avril [18]76.
  • 18 apr 1876
  • Paris
La lettre

Bien cher ami,

Les retraites que j’ai dû prêcher ici m’ont un peu mis en retard pour vous répondre. Je tiens pourtant à vous dire que les détails que vous me donnez sont pleins d’intérêt. En ce moment, on voudrait s’occuper de la question de la Bulgarie au Congrès catholique qui s’ouvre aujourd’hui(1). Je n’ai pas voulu y fournir de renseignements. Je crois plus prudent de faire nos affaires discrètement. Qu’en pensez-vous?

Nous sommes très contents du jeune Nicétas, et, par ce côté, je crois qu’en effet un jour il pourra être très utile, surtout quand il aura passé un certain temps au noviciat, alors même qu’il ne se ferait pas assomptioniste. Pour le séminaire, quand vous aurez les Pères Ivan et Francesco, vous pourrez faire tout ce que vous voudrez; ce ne sont pas des aigles, mais des garçons parfaitement sûrs. Luigi est pour moi un saint, peu intelligent, mais plein de bon sens et de piété. L’idée que vous me donnez de former un noyau avec les religieux du P. Stéphane Nicétas est admirable(2). Je crois que la question est là. Plus on leur témoignera de désintéressement, plus ils accepteront notre action, laquelle évidemment doit être temporaire. Quelques jeunes Bulgares intelligents, voulant se faire religieux, seraient une perfection. Envoyez le neveu de Mgr Nil, si vous êtes sûr de sa moralité. Vos idées sur le séminaire sont bonnes, nous ferons ce que nous pourrons, quand le moment sera venu.

J’accepte des Frères convers bulgares qui resteront en Bulgarie. Je frémis à la pensée de leur propreté, doublée de celle de quelqu’un de ma connaissance. Prenez celui dont les religieux sont contents à Philippopoli, prenez aussi le vôtre, si vous le jugez à propos.

Je pense vous envoyer des soeurs mais il faudra les nourrir. Ne demandez-vous rien? Moi-même, je suis sans le sou. Quant à Soeur Henriette nous la garderons après ce que vous dites(3). Je m’explique les plaintes portées sur votre inspection des lettres. Je crois qu’il vaut mieux les laisser écrire(4). On met en quarantaine leurs plaintes, on vous consulte, et, sur votre réponse, ou on les éprouve, ou on laisse tomber l’affaire. Quant au P. Athanase(5), je partage votre manière de voir, sauf qu’avec votre admirable bonté vous vous êtes laissé un peu aller avec les Soeurs. Sa rigidité militaire s’en est froissée; d’autre part, quelques plaisanteries sans importance ont agacé quelquefois ces bonnes filles. Mais ne vous troublez pas. Vous apprenez ce qu’on ne peut apprendre qu’en vieillissant. Si l’âge nous enlevait beaucoup et ne nous apportait rien, ce serait trop triste.

Au noviciat, aux alumnats je vois beaucoup de futurs missionnaires. Bénissons Dieu et espérons.

Bien vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. A l'Assemblée générale des Comités catholiques de France, qui se tint à Paris du 18 au 22 avril, il y eut en effet une "Commission de Terre Sainte et des chrétiens d'Orient" présidée par M. de Belcastel. Le P. Tondini, barnabite, présenta un rapport sur l'"Association de prières en faveur de l'Eglise gréco-russe" fondée par le P. Schouvalov (*Assemblée générale des Comités catholiques de France*, 1876, pp. 151-160).
2. "Les religieux du P. Stephan Nicétas peuvent devenir le noyau de l'Union Bulgare. Mais il n'a pas d'homme pour l'aider; et parmi les religieux actuels personne n'est capable de le remplacer. [...] Il est donc essentiel de bien former son fils aux pratiques et à l'esprit religieux. - Le Rév. P. Stephan a un esprit vraiment catholique, beaucoup plus que les autres Bulgares-Unis [...]. - L'Union avec l'Eglise Romaine est pour eux un moyen de satisfaire les aspirations nationales. Ces idées dominent tous les Orientaux catholiques, et cet exclusivisme national est la raison qui explique le peu de progrès de la foi parmi les Orientaux, et malheureusement elles sont partagées par les élèves de la Propagande. L'esprit vraiment catholique, s'élevant au dessus des intérêts nationaux ou particuliers, ne se trouve guère que chez les Français, et nos Gallicans de bonne foi l'avaient plus que les Italiens, malgré leur attachement aux vraies doctrines catholiques" (15 mars).
3. Le P. Galabert redoute pour elle les influences familiales. "Elle aura des assauts à soutenir de ce côté. Est-elle assez affermie dans la vie religieuse pour y résister?"
4. Les interventions du P. Galabert en ce domaine, pourtant bien intentionnées, avaient été mal interprétées par certaines Soeurs.
5. Sur un feuillet confidentiel, le P. Galabert a exposé franchement au P. d'Alzon ce qu'il pensait, en bien et en mal, du P. Athanase (18 mars).