DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 377

9 may 1876 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Augustine Correnson entre la vie et la mort – Numa Brunel – L’adresse au pape du P. Picard. – Je ne suis pour rien dans le pèlerinage de Jérusalem – L’évêque de Nîmes – Votre neveu – Mère Marie du Christ.

Informations générales
  • DR11_377
  • 5623
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 377
  • Orig.ms. ACR, AD 1704; D'A., T.D. 24, n. 1229, pp. 4-5.
Informations détaillées
  • 2 LA PRUNAREDE, FAMILLE DE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 9 mai [18]76.
  • 9 may 1876
  • Nîmes
La lettre

J’ai voulu vous écrire tous ces jours-ci, ma bien chère fille, j’en ai été empêché par l’obligation de donner mon temps à Augustine Correnson, qui se trouve indéfiniment entre la vie et la mort. Elle a eu des crises telles qu’on craignait qu’elle n’expirât; puis, elle s’est remise; puis, il a fallu lui donner précipitamment le viatique. Les médecins l’ont crue perdue, aujourd’hui on a comme une lueur d’espoir. Il faut la tenir prête, car, tandis qu’on la voit s’évanouir sans cesse, elle déclare se trouver guérie.

J’entre dans ces détails pour vous expliquer mes préoccupations. J’ai perdu hier un de mes vieux amis, M. Numa Brunel, avec qui nous avions combattu pour la cause catholique. C’était un des hommes, au jugement de qui j’avais le plus de confiance. Il avait seulement trois ou quatre ans de plus que moi: cela fait réfléchir.

Avez-vous pu assister à l’audience, où a été lue l’adresse du P. Picard? Je la trouve si belle que j’ai peur qu’elle ne soit pas de lui. Il s’est surpassé, si c’est lui qui l’a faite. Je déclare seulement que je ne suis pour rien dans le pèlerinage à Jérusalem(1), et j’ai la triste espérance que la guerre aura éclaté avant que l’on ne puisse réaliser ce beau plan. Après la guerre, nous verrons.

Quoi qu’on ait dit, l’évêque de Nîmes se pose admirablement envers tout le monde et surtout envers les autorités civiles. S’il continue, il fera comme M. Plantier, avec plus de calme, mais plus d’énergie puisée dans son fond et soutenue moins par des excès de parole que par des actes constants. Sous ce rapport, avec des lacunes il a des côtés qui me semblent le placer plus haut que son prédécesseur.

Mais pourquoi vous dire ces choses, tandis que vous êtes aux joies et aux tristesses de Rome? J’espère que la Mère Thérèse-Emmanuel me dira un Ave, Maria, en reconnaissance de ce que je l’ai poussée à aller visiter Pie IX. Vous avez admirablement fait de prendre votre neveu(2) avec vous. Rien dans les ébranlements qu’il vient de subir ne pouvait contribuer [davantage] à le faire pencher pour toujours du bon côté.

A bientôt, j’espère, ma chère fille, et au grand bonheur de vous voir quelques jours à Nîmes.

E.D’ALZON.

Mère Marie du Christ m’écrit que les Laprunarède font des difficultés(3). J’ai des raisons de croire que vous devez tenir bon, on vous cèdera. Je désire l’affaire, mais pas à des conditions impossibles.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. "Nous venons en grand nombre inaugurant en Italie ces grands pèlerinages [...] qui nous ramènent à Rome aujourd'hui et qui demain nous conduiront jusqu'à Jérusalem" (*Collectanea*, p.68).
2. Emmanuel, fils de Louis Milleret de Brou décédé en décembre 1875.
3. Pour la propriété dont les R.A. ont décidé l'acquisition à Montpellier.