DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 402

10 jul 1876 Le Vigan DUMAZER Alexis aa

Mettez-lui sur le dos l’alumnat d’humanités – Une affaire impayable.

Informations générales
  • DR11_402
  • 5654
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 402
  • Orig.ms. ACR, AK 267; D'A., T.D. 33, n. 47, pp. 193-194.
Informations détaillées
  • 1 ALUMNATS
    1 AMOUR FRATERNEL
    1 BETISE
    1 CHEFS D'ETABLISSEMENT
    1 COLERE
    1 ELEVES
    1 ENFANTS
    1 INJURES
    1 INSPECTION SCOLAIRE
    1 LYCEES
    1 PARDON
    1 POLEMIQUE
    1 PROVISEURS
    1 SENS DE L'HONNEUR
    1 SURVEILLANTS
    2 AZAIS, PIERRE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 CONSTANTIN COPRONYME
    2 DUMAZER, JEAN
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 SARCEY, FRANCISQUE
    3 VIGAN, LE
  • AU PERE ALEXIS DUMAZER
  • DUMAZER Alexis aa
  • Le Vigan, 10 juillet [18]76.
  • 10 jul 1876
  • Le Vigan
La lettre

Cher ami,

J’arrive au Vigan depuis une heure. Ah! dépêchez[-vous] d’y arriver dans les premiers jours d’août. C’est si frais et vous devez avoir si chaud. Puis, il me tarde de vous voir. Madame la supérieure m’a dit qu’elle se chargerait de l’alumnat le plus chargé d’enfants; mettez-lui sur le dos l’alumnat d’humanités. Quant aux frais du voyage, mettons-le tout sur le compte du P. Emmanuel, en ce sens que vous vous entendrez avec lui. Envoyez-moi, je vous prie, au plus tôt les noms, prénoms de ceux qui arriveront ici pour les humanités, et les noms de ceux qui resteront, avec l’appréciation de leur piété et de leur intelligence.

Si vous avez besoin de 100 francs pour votre père, je puis vous les envoyer. Je prierai bien pour lui.

Je voudrais avoir le temps de vous raconter une affaire impayable. Le 2, M. Sarcey m’attaquait à outrance. Le 4, les élèves du lycée insultaient nos enfants. Le 5, le proviseur écrivait une lettre de quasi-excuses. Le 6, un journal parlait des excuses faites. Le 8, le proviseur venait chez le P. Emmanuel et ne le trouvait pas, il annonçait qu’il reviendrait hier dimanche. Par bonheur l’abbé Azaïs, bête comme quarante, vint me faire une scène sur notre manque de charité, etc. Moi, je lui tirai les vers du nez, je prévins le P. Emmanuel qu’il préparât son affaire. Le proviseur revint hier matin, se plaignant de ce que l’on avait appelé lettre d’excuses une lettre de simple courtoisie, ajoutant qu’un seul élève avait appelé le surveillant de la division pion. Le P. Emmanuel lui répondit que l’enquête du proviseur était dérisoire; que 5 ou 6 élèves avaient d’abord insulté le surveillant, qu’un l’avait sous son nez appelé M. (Place Kôpris)(1), que les autres avaient appelé toute notre division canaille etc. Le proviseur était tout ébahi. « Maintenant, Monsieur, continua le P. Emmanuel, ou vous consentirez à établir que vous avez fait des excuses, et alors l’affaire en restera là; ou vous retirerez votre lettre, je reprends ma liberté pour faire à l’inspecteur un rapport que je rendrai public pour l’honneur de la maison, de nos élèves, du surveillant et des parents ». Quand le proviseur vit qu’avec beaucoup de calme le P. Emmanuel le prenait sur ce ton, il baissa le sien et pria le P. Emmanuel de considérer sa lettre comme une lettre d’excuses. Mais l’affaire avait fait du bruit, et l’Union nationale a reproduit un article d’un auteur, dont je n’ai su le nom qu’après et qui emporte pièce. Azaïs pousse des soupirs tolérants.

Adieu, cher ami. N’oubliez pas le compte-rendu des enfants.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. C'est bien ce qu'il y a dans le ms. - Tout ce que nous pouvons dire c'est que le deuxième mot, en caractères grecs dans le ms., ressemble à celui qui, dans la langue de Constantin Copronyme, signifie "fumier".