DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 403

Mon bien cher ami,

Je partage absolument votre pensée sur ce que nous devons être, nous devons être chez nous et non chez les évêques(1). Que ce soit entendu. Quant à Mlle de Mussey, si sérieusement vous la croyez capable, envoyez-la avec ses quarante ans. Qu’a-t-elle de fortune? Les Oblates ne sont plus ce que vous les avez connues; nous avons des filles sans dot, nous en avons avec dot. En bonne règle, nous demandons 12.000 francs, dont 2.000 pour le noviciat et le trousseau.

A Nîmes, nous avons rôti; nous dérôtissons au Vigan, où le temps est si délicieux que je dors du soir au matin et du matin au soir, ce qui m’a empêché de répondre au traité du P. Géry(2) et plus longuement à vous.

Totus tibi.

E.D’ALZON.

Envoyez Mlle de Mussey le 26, si elle veut me voir.

E.D'ALZON

1. A propos d'une fondation dans le diocèse d'Arras, "qu'on veut nous donner en la donnant à l'évêque", le P. Bailly a fait quelques réflexions sur l'autorité respective de l'évêque et des supérieurs religieux, sur les oeuvres diocésaines et celles des congrégations (7 juillet). Le P. d'Alzon approuve.
2. Une lettre de quinze pages datée du 8 juillet et fort intéressante: un plan de campagne pour obtenir une collation des grades indépendante de l'Etat - le rôle de la *R.E.C.* - les oeuvres de la congrégation - la formation des jeunes religieux, et d'autres choses encore. Citons un passage relatif aux oeuvres de l'Assomption:
"Selon moi l'Assomption donne un peu trop d'extension à ses oeuvres, et en fonde un trop grand nombre; [...] Ainsi je vois des oeuvres nombreuses entreprises puis abandonnées, ou dont on se détache peu à peu, comme les Comités catholiques, les oeuvres ouvrières, la ligue pour la défense de l'Eglise, dont je n'ai presque plus entendu parler depuis le premier numéro de la Revue. Je m'étais fait inscrire dès 1871, et je continue toujours à réciter le *Pater* avec les invocations indiquées, mais je me figure quelquefois impertinemment que je suis à peu près le seul.
Nous voici en somme à peu près réduits à N.D. de Salut et à l'oeuvre de la Revue, et certes il y en a assez pour nous occuper convenablement. Ne pensez-vous pas que nous devrions nous contenter maintenant de ce que nous avons, et fortifier notre ligne de bataille sans l'étendre davantage? [...]
*La ligue des droits de Dieu* proposée maintenant vous paraît-elle possible? Nous trouvons bien ici quelques jeunes gens très ardents pour former un commencement de *Société de la jeunesse*, sur le modèle de celle d'Italie. Mais une oeuvre semblable ne peut, ce semble, avoir de force que par les évêques. [...]."