DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 408

13 jul 1876 Le Vigan PICARD François aa

Le cas du P. François – La supérieure de l’Assomption – Je commence à me réveiller – L’article du P. Vincent de Paul – Le P. Brun.

Informations générales
  • DR11_408
  • 5661
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 408
  • Orig.ms. ACR, AF 150; D'A., T.D. 26, n. 536, pp. 123-124.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR FRATERNEL
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 CHAPITRE GENERAL
    1 CRITIQUES
    1 DEPARTS DE RELIGIEUX
    1 ELEVES
    1 ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
    1 GOUVERNEMENT
    1 LIBERTE
    1 LIVRES
    1 LUTTE ENTRE L'EGLISE ET LA REVOLUTION
    1 MAL MORAL
    1 MONITIONS
    1 NOTRE-DAME DES CHATEAUX
    1 PECHE MORTEL
    1 PUBLICATIONS
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 REPUBLICAINS ADVERSAIRES
    1 RESPONSABILITE
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SANTE
    1 SUPERIEUR
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BRUN, HENRI
    2 CHAMBOURDON, FRANCOIS
    2 HARDILIER, MARIE-LOUISE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 PAUL, SAINT
    2 THERESE, SAINTE
    3 VIGAN, LE
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Le Vigan, 13 juillet [18]76.
  • 13 jul 1876
  • Le Vigan
La lettre

Mon cher ami,

Je crois bien que le P. François nous quittera(1). Où ira-t-il? Et que deviendra-t-il? Je ne crois pas que ce soit encore le moment de lui interdire la messe. Sans doute, il est en état de péché mortel, mais je ne pense pas que les supérieurs en aient encore la responsabilité. Les supérieurs doivent chercher le plus grand bien général, avant le plus grand bien d’un particulier. Si discedit, discedat, pouvons-nous dire avec S. Paul à propos du mari païen et de la femme chrétienne. Nous n’en avons pas la responsabilité, nous ne faisons pas le mal, nous le laissons faire, après avoir averti charitablement; mais nous ne portons pas de coup trop empressé. Si l’on en avait usé ainsi avec Soeur M.-Louise, elle s’en serait allée d’elle-même, et l’on n’aurait pas eu un replâtrage qui ne peut pas durer. Il me semble par le temps qui court bien préférable d’avertir en toute charité certains sujets, comme a fait le P. V[incent] de Paul pour P. François, comme j’ai fait pour Soeur M.-Louise, et puis de les laisser partir. Sainte Thérèse, dans son chemin de la perfection, professe absolument la même doctrine. P. Fr[ançois] fait-il des péchés mortels? C’est plus que probable. En sommes-nous responsables? Je ne le pense pas, puisque nous l’avons averti. Et s’il part, il aura voulu s’en aller. C’est alors qu’il ne pourra plus dire la messe. Mais ce sera son affaire, mais non la nôtre. Oh! qu’il importe de se débarrasser de cette sorte de sujets, et qu’il est utile de leur ouvrir doucement la porte, sans qu’ils puissent se plaindre! Au fond, nous sommes du même avis, nous différons sur les moyens.

Quel est l’état de santé de la supérieure de l’Assomption?

Ce qu’elle m’écrit me donne de l’inquiétude, et, si je ne me trompe, il y aurait imprudence à lui imposer le travail de son Chapitre g[énér]al. Examinez très sérieusement. Quant à moi, lundi et mardi je n’ai fait que dormir ici. Aujourd’hui je me réveille, quoique pas trop. Je fais un simulacre de retraite, mais je la prolongerai. L’article du P. V[incent] de P[aul] est un chef-d’oeuvre(2). Ce garçon devrait être employé à tout. Le P. Brun s’est mis à l’enseignement avec une admirable vertu. Ses enfants l’aiment tendrement. Ils ont, du reste, une tenue parfaite et un excellent esprit. Je ne puis encore rien dire de leurs études.

Ici, comme partout, la Révolution fait des siennes, mais j’espère que nous pourrons la combattre au Vigan.

Adieu. L’heure presse. Tout vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. Picard vient d'avertir le P. d'Alzon que le P. François, qui veut quitter la congrégation, laisse peu d'espoir de revenir sur sa décision. Il n'a pas du tout, paraît-il, l'intention de se rendre aux Châteaux après le pèlerinage de la Salette pour y faire la retraite que lui proposait le P. Bailly (12 juillet).
2. *Les grandes exécutions*, dans la *R.E.C.* de juillet 1876, p. 213-249. Long article consacré aux actes du gouvernement depuis la victoire électorale des républicains, et aux débats de la Chambre sur la loi de l'enseignement supérieur.