DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 433

22 jul 1876 Le Vigan CHABERT Louise

La vraie question : voulez-vous devenir une sainte ? – Les derniers obstacles – Les remèdes.

Informations générales
  • DR11_433
  • 5690
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 433
  • Orig.ms. ACR, AM 351; D'A., T.D. 38, n. 48, pp. 66-68.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DU CHRIST DANS L'AME
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 AMOUR-PROPRE
    1 ANEANTISSEMENT
    1 APOSTOLAT EUCHARISTIQUE
    1 CHATIMENT
    1 CHOIX
    1 CONNAISSANCE DE SOI
    1 CONTRARIETES
    1 CRAINTE
    1 DEVOTION AU CRUCIFIX
    1 EGOISME
    1 EPREUVES
    1 FAUTE D'HABITUDE
    1 GRACE
    1 HABITUDES DE PECHE
    1 IMITATION DES SAINTS
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
    1 LIVRES
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 MALADIES
    1 ORAISON
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 REFORME DE LA VOLONTE
    1 RESPECT HUMAIN
    1 RUSE
    1 SAINTETE
    1 SALUT DES AMES
    1 SATAN
    1 SEVERITE
    1 SOUMISSION SPIRITUELLE A JESUS-CHRIST
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VIE SPIRITUELLE
    1 VIERGES CONSACREES
    1 VOIE UNITIVE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 CATHERINE DE SIENNE, SAINTE
    2 MARIE-MADELEINE, SAINTE
    2 ROSE DE LIMA, SAINTE
    2 THERESE, SAINTE
  • A MADEMOISELLE LOUISE CHABERT
  • CHABERT Louise
  • Le Vigan, 22 juillet [18]76.
  • 22 jul 1876
  • Le Vigan
La lettre

J’attendais bien une prompte réplique à ma réponse, ma bien chère Louise. C’est que je suis profondément convaincu qu’en ce moment Notre-Seigneur vous travaille très vigoureusement. Il veut encore de très grands brisements en vous. Ce qu’il permet dans les événements extérieurs, dans les épreuves auxquelles vous assistez et dont vous prenez votre part, n’est que l’avertissement d’autres brisements intérieurs, pour lesquels il vous donnera sa grâce, mais qu’il ne fera pas sans vous. Vous êtes à un moment le plus solennel peut-être de votre vie, où il vous faut, en effet, savoir quelle vie vous prendrez, une bonne vie, comme celle que vous avez menée jusqu’à présent; une vie plus parfaite, où vous avancerez un peu chaque jour; et une vie, dans laquelle vous vous jetterez à corps perdu dans la plénitude de la perfection. Il faut choisir. Voulez-vous devenir une sainte? Voilà la vraie question. Vous n’y êtes pas obligée, mais l’amour de Notre-Seigneur vous y invite très fortement. Je vous laisse jusqu’au 1er septembre, pour me donner une réponse absolue.

Je lis les oeuvres de sainte Thérèse; elle et ses principales filles ont été malades toute leur vie. Elles n’en sont pas moins montées très haut. Me permettez-vous, ma bien aimée fille, de vous indiquer les obstacles qui vous arrêtent encore? Ce ne sont pas de grosses chaînes; vous les verriez, vous en rougiriez, vous les briseriez. Mais le diable qui est habile use de petits liens subtils, délicats. Ainsi, vous avez un respect humain très raffiné. C’est mignon, c’est quelque chose de gracieux, d’attrayant, mais c’est du respect humain, qui fait qu’après tout vous n’osez pas. Vous avez également votre amour-propre à vous. Cela se traduit presque invisiblement, et il faut l’oeil affectueux de votre Père pour scruter et trouver dans un joli bouquet de fleurs une sotte chenille, et dans un fruit magnifique un atroce petit ver. L’apparence est délicieuse, la chenille et le ver y sont tout de même. L’obéissance y est; mais on tremble de recevoir tel ou tel ordre absurde. Le détachement des créatures également semble avoir fait son oeuvre; il se trouve qu’il reste encore beaucoup à couper dans les racines du coeur et de la tendresse sur soi-même.

Suis-je à côté, ou suis-je dans la question? Quels remèdes? Jusqu’au 1er septembre, l’oraison très sincère, où vous vous appliquerez à bien connaître toutes les petites vilenies, toutes les trop chères horreurs de votre âme. J’ai demandé aujourd’hui, pour vous, à sainte Madeleine, avec l’horreur du péché chez vous et chez les autres, la résolution de l’expier pour vous et pour les âmes que Dieu vous confiera devant le Saint Sacrement, aux pieds de votre crucifix, quand vous le voudrez. Il vous faut prendre pour modèles sainte Rose de Lima ou sainte Catherine de Sienne, de loin, de très loin. Mais pourquoi ne pourrez-vous pas un jour ce que d’autres vierges ont pu? Ne suis-je pas trop exigeant? Il me semble que je le suis de la part de Notre-Seigneur.

Adieu, ma fille. Il me semble que cette lettre veut encore une réponse prompte. Adieu. Tout vôtre et bien paternellement.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum