DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 445

4 aug 1876 Clairmarais CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Clairmarais – Pas l’enthousiasme nîmois, mais quelque chose de solide qui fait plaisir.

Informations générales
  • DR11_445
  • 5704
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 445
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 425; D'A., T.D.30, n.493bis, pp.288-289; QUENARD, p.256.
Informations détaillées
  • 1 ALUMNATS
    1 AMITIE
    1 BOIS ET FORETS
    1 CHAMPS
    1 CHAPELLE
    1 CHRETIEN
    1 DONATIONS
    1 DONS EN ARGENT
    1 INTEMPERIES
    1 PAROISSE
    1 PAUVRETE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 CHABERT, LOUISE
    2 CHAUDORDY, DAMES
    2 FRANCOIS D'ASSISE, SAINT
    2 LIMOISIN, ANDRE-JOSEPH
    2 MAUBON, JOSEPH
    2 PICARD, FRANCOIS
    3 ARRAS
    3 CLAIRMARAIS
    3 NIMES
    3 PYRENEES
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Clairmarais, le 4 août 1876.
  • 4 aug 1876
  • Clairmarais
La lettre

Si je vous dis, ma chère fille, que je suis dans un pays traversé par des canaux continuels; que l’on fait des courses continuelles en bateau, -moyen, il est vrai, lent et détourné-; que les vaches y donnent quarante litres de lait par jour; que je me trouve dans un alumnat de 20 enfants, dans les champs et les forêts; que l’église est à trois kilomètres du presbytère; que l’on apporte chaque jour des dons pour 50 à 100 francs; que, que, que, que cet alumnat est trop riche, bien qu’on soit allé demander, le jour de la Portioncule, la pauvreté à saint François d’Assise; si je vous dis cela et bien d’autres choses encore, vous me répondrez: « Ce n’est pas comme à Nîmes ». En effet, on y est plus solidement chrétien. Ce n’est pas l’enthousiasme nîmois, mais c’est quelque chose de solide qui fait plaisir. On y boit de la bière, on y mange d’une manière épouvantable. Malgré tous ces marais, la fièvre y est inconnue. Pas de moucherons, pas de chaleurs. L’hiver y est très supportable. Que voulez-vous de plus? On bâtit une jolie chapelle, qui sera grande comme celle de l’Assomption. Le devis est de 49.000 francs. Le P. Joseph en a 20.000 assurés, sans compter le reste. On leur va donner une maison de 40.000 francs, que l’on vendra pour faire des fondations. Un vieux chanoine leur donne des terres, etc. Enfin, je vous donne un aperçu très incomplet de ce que je trouve ici. Voilà ce qui nous est échu en partage.

Notez que quatre communautés étaient venues avant nous, qu’on leur avait offert la chose et qu’elles n’en avaient pas voulu. Ajoutez que sur la paroisse se trouve une maison de Soeurs de Saint-Vincent de Paul, qui ont pris le P. Joseph en tendresse. Elles se chargent de tout le raccommodage des enfants, elles nous ont envoyé hier à dîner, elles l’enverront aujourd’hui pour me faire fête, et moi j’accepte. Par exemple, je fais enrager le P. Vincent de Paul et je compte bien faire enrager le P. Picard, qui se plaignent du vent de Nîmes. Il y a peu de temps, un ouragan a renversé des arbres par milliers, a arraché je ne sais combien de toitures, cassé les vitres et tordu, c’est le mot, des clochers garnis de crampons de fer. Hier encore, nous avions à Arras une tempête.

Ces détails ne sont pas pour vous seule. Quand vous saurez où perchent dans les Pyrénées les dames Chaudordy, vous leur enverrez cette feuille, où je dépose, avant de finir, toutes mes tendresses pour elles. Passons à une autre page pour vous(1).

Notes et post-scriptum
1. Ce *vous* ne semble pas désigner Mère Emmanuel-Marie mais Louise Chabert et notre lettre devrait, à notre avis, figurer parmi les lettres à cette dernière (v. la note à la lettre suivante).