DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 470

22 sep 1876 Nîmes GALABERT Victorin aa

La supérieure de Kara-Agatch – Les directions – Vous aurez une belle communauté d’hommes – Le chapitre s’est occupé des provinces, des alumnats, de notre future université et des questions sociales – Perspectives pour la Bulgarie – Avec les Oblates, vous aurez plus à diriger qu’à gouverner.

Informations générales
  • DR11_470
  • 5735
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 470
  • Orig.ms. ACR, AJ 309; D'A., T.D. 32, n. 309, pp. 292-295.
Informations détaillées
  • 1 ALUMNATS
    1 BAVARDAGES
    1 CADRE DE LA VIE RELIGIEUSE
    1 CAPRICE
    1 CARACTERE
    1 CERCLES CATHOLIQUES
    1 CERCLES OUVRIERS
    1 CHAPITRE GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
    1 CO-FONDATRICE DES OBLATES
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 COLLEGES
    1 COLONIES AGRICOLES
    1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
    1 COMMUNAUTES ASSOMPTIONNISTES
    1 CONFESSEUR
    1 CONTRARIETES
    1 DEPARTS DE RELIGIEUX
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 DONS EN ARGENT
    1 EFFORT
    1 ELECTION
    1 ELEVES
    1 EMPLOI DU TEMPS
    1 ENERGIE
    1 ENSEIGNEMENT
    1 FEMMES
    1 FILLES DES ECOLES
    1 FINANCE
    1 GARCONS
    1 GOUVERNEMENT
    1 GOUVERNEMENT DE LA CONGREGATION DES ASSOMPTIONNISTES
    1 HOMMES
    1 MISSIONNAIRES
    1 NEGLIGENCE
    1 NOVICE
    1 OBLATES
    1 OEUVRES DIVERSES
    1 OEUVRES OUVRIERES
    1 ORDINATIONS
    1 PARLOIR
    1 PRECEPTES
    1 PREDICATION
    1 PROVINCIAL ASSOMPTIONNISTE
    1 RENDEMENT DE COMPTE
    1 RENOUVELLEMENT
    1 RESSOURCES MATERIELLES
    1 SEMINARISTES
    1 SUPERIEUR DE COMMUNAUTE
    1 SUPERIEUR PROVINCIAL
    1 SUPERIEURE
    1 TENUE RELIGIEUSE
    1 UNIVERSITES CATHOLIQUES
    1 VOEU D'OBEISSANCE
    1 VOLONTE PROPRE
    2 BADETTI, MARIE-CHRISTINE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BRUN, AUGUSTINE
    2 CAMPREDON, GABRIELLE
    2 CHILIER, ALEXANDRE
    2 COMPAND, ALEXANDRINE
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 DIMITROV, LUIGI
    2 DURAND, MADELEINE
    2 JOURDAN, RAPHAEL
    2 MALASSIGNE, ATHANASE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PISTICHKI, IVAN
    2 SALZE, THERESE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 ANDRINOPLE
    3 CARAGATCH
    3 PHILIPPOPOLI
    3 ROME
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Nîmes, 22 sept[embre 18]76.
  • 22 sep 1876
  • Nîmes
La lettre

Mon bien cher ami,

Je suis enchanté que vous acceptiez, comme je vous les ai indiquées, les modifications que vous a envoyées le P. Athanase. Seulement, je ne comprends pas bien une partie de votre lettre, où vous dites que Soeur Augustine sera supérieure à Kara-Agatch(1). C’est Soeur Thérèse qui doit y être supérieure. Les petites novices nouvellement arrivées prétendent que Soeur Aug[ustine](2) vous fait faire, avec ses caprices, ses quatre volontés. Je crois que vous lui passez bien des choses à cause de son horrible caractère, mais il ne faut pas que vous passiez pour être mené par elle -et bien des gens le disent.

Permettez-moi encore une observation. Je trouve que les directions sont trop multipliées et trop longues. Avec vous cela n’a que l’inconvénient d’une grande perte de temps, avec d’autres cela sera une grande source de dangers. J’en dis de même du P. Athanase, que j’ai vu à l’oeuvre. Je prends un exemple. Le jour de mon arrivée, je conduis P. Athanase aux Oblates. Je le laisse avec une Soeur; un moment après, j’entre dans le parloir sans frapper. Soeur Christine était à genoux et P. Athanase assis d’une façon de peu de tenue religieuse. Ce n’est rien? C’est manquer de convenance. Soeur Christine a sa confiance au P. Emmanuel, se fait diriger par la supérieure, me voit quelquefois; s’il lui faut un quatrième directeur, ce sera trop fort. J’en dis autant de beaucoup d’autres. Les Oblates, qui sont au collège, prennent chaque dimanche des heures à la supérieure générale. J’ai établi que leur rendement de compte se ferait tous les mois. Que l’on donne des avis sérieux! A merveille. En public, cela profite à toutes. Quel besoin Soeur Gabrielle a-t-elle d’écrire au P. Athanase que l’on a cru voir dans vos instructions des choses qui lui étaient applicables? Si elle eût dit qu’elle en avait pris sa part, rien de mieux; mais parler des regards lancés par les Soeurs sur elle, c’est pur tripotage. Secouez-moi tout çà. La bonne Soeur Madeleine n’a pas besoin de tant vous écrire, depuis qu’elle m’a dit que le P. Hippolyte lui avait promis qu’elle n’irait jamais en Mission. Si elle vous écrit encore, parlez-lui de ses voeux sans faire semblant de rien. Soeur Alexandrine est venue me conter la même sornette; je lui ai dit que c’était à prendre ou à laisser. Elle va vous arriver.

La maison va bien, les sujets nous arrivent en masse; la difficulté est de les loger. Il y a de la tenue; il faut que cela continue. Pour cela, croyez-moi, séparez le plus possible les hommes des femmes, les garçons des filles. Vous aurez à Kara-Agatch une charmante communauté d’hommes; ce sera pour le mieux. Le P. Athanase est chez votre frère depuis quelques jours. Luigi sera ordonné demain samedi. J’ai prié le P. Athanase de vous demander un mémoire pour quand j’irai à Rome en décembre; il vous expliquera cela.

Je passe à autre chose. Le Chapitre s’est tenu avec quelques tiraillements. J’ai poussé à la division par provinces, le P. Picard a poussé des cris d’aigle; on a voté par 10 [voix] contre 3. J’y vois de très grands avantages. Je n’aurai plus à traiter qu’avec les trois provinciaux(3), ce qui est très avantageux pour ce qui m’est personnel. Il importait que les cadres fussent préparés avant ma mort. Vous voyez que votre autorité se régularise.

P. Athanase a profité, je crois, du Chapitre. Il a vu comment on traite les affaires et comment on sépare ce qui est du Chapitre général d’avec ce qui est de gouvernement. Le P. Raphaël veut nous quitter, je ne pense pas qu’il ait dit son dernier mot. Nous avons posé les bases des alumnats. Pour vous, ce sera difficile. Pourtant, il ne faut pas désespérer. Si nous pouvons donner un développement convenable, nous aurons peu à peu un collège à Kara-Agatch, une colonie agricole en face. Plus tard, la colonie ira dans les champs, la colonie actuelle deviendra un véritable alumnat. Il faudra mettre à la tête le P. Ivan, très capable de ce travail; Luigi sera unique pour une colonie agricole. Je ne pense pas que vous deviez mettre les alumnistes avec les élèves du collège, si vous voulez relever cette dernière oeuvre. Vous aurez moins de monde en commençant; plus tard, vous en aurez beaucoup plus. La fermeté du P. Emmanuel a relevé le collège, qu’avait compromis le laisser-aller de ses prédécesseurs.

Quant aux autres points traités par le Chapitre, nous vous en enverrons un extrait. On a parlé du développement de notre future Université. Nous commençons petitement mais cela va(4). Enfin, nous avons été très préoccupés des questions sociales et nous avons pris la résolution de développer les oeuvres populaires, comme les cercles. Quand on pourra faire à Andrinople quelque chose de ce que P. Alexandre fait à Philippopoli, ce sera très bien; mais vous avez déjà tant d’oeuvres sur les bras que ce n’est pas la peine d’en essayer de nouvelles, tant que vous n’aurez pas de plus grandes ressources d’hommes et d’argent.

Le P. Picard pense que l’on pourrait faire accorder au P. Alexandre un millier de francs pour son oeuvre du Cercle. Le collège va bien. J’espère que peu à peu la partie financière se relèvera autant que la partie intellectuelle.

Adieu, cher ami. Bien tendrement à vous du fond du coeur.

E.D’ALZON.

Souvenez-vous que, dans les rapports avec les Oblates, vous avez plus à diriger désormais qu’à gouverner, et par direction j’entends le confessionnal, la prédication, les conseils, mais un peu moins les ordres. Nous suivons le système des Lazaristes que nous nous sommes fait expliquer avec l’autorisation du supérieur général.

C’est toujours de samedi en huit que partent religieux et Oblates.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Ce début de lettre nous laisse perplexe. Le P. d'Alzon n'a pu s'entretenir avec le P. Athanase qu'à la fin d'août, à son retour de Paris (il y était encore le 26). Et déjà il aurait décidé des modifications, le P. Athanase les aurait envoyées au P. Galabert, qui déjà aurait répondu... La date de notre lettre est pourtant très nettement indiquée. - Mais il y a plus. Les modifications en question -qui d'ailleurs vont à l'encontre d'un plan présenté tout récemment par le P. Galabert, approuvé par le P. d'Alzon et déjà communiqué aux Soeurs- ne furent pas accueillies aussi facilement qu'on pourrait le croire à lire notre lettre. Le P. Galabert en fut non seulement surpris mais vraiment meurtri, comme en témoignent plusieurs de ses lettres, car elles lui semblaient impliquer de la part du P. d'Alzon un véritable manque de confiance à son égard.
2. Les T.D. ont *Ange*.
3. Les Pères Emmanuel Bailly pour la province de Nîmes, Picard pour celle de Paris et Galabert pour celle d'Andrinople.
4. Le P. d'Alzon songe certainement ici aux efforts faits pour l'enseignement de la philosophie aux jeunes religieux. Cependant, si on a parlé au chapitre de la future Université, les procès-verbaux n'en ont pas retenu grand-chose. Tout ce que nous avons trouvé c'est, à la quatrième séance, quelques considérations sur l'utilité d'établir dans la congrégation et pour elle, "en préparation à notre Université future votée au chapitre de 1868", des grades semblables à ceux que confèrent les universités romaines. Mais peut-être le P. d'Alzon pense-t-il aussi aux "Conférences catholiques de Nîmes", et n'a-t-il pas perdu tout espoir de voir, sinon une université, du moins une faculté s'installer à Nîmes.