DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 515

25 nov 1876 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Vos rectifications dans la presse – Le questionnaire de l’évêque de Montpellier – Madrid – L’Eglise triomphera avant peu.

Informations générales
  • DR11_515
  • 5780
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 515
  • Orig.ms. ACR, AD 1726; D'A., T.D. 24, n. 1250, pp. 23-24.
Informations détaillées
  • 1 ANTICLERICALISME
    1 CONSPIRATION
    1 FRANCHEMENT CATHOLIQUES
    1 JURIDICTION ECCLESIASTIQUE
    1 LIBERTE DE CONSCIENCE
    1 PENSIONS
    1 PERSECUTIONS
    1 PRESSE
    1 PURIFICATIONS SPIRITUELLES
    1 RELIGIEUSES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 REPUBLICAINS
    1 SAINT-SIEGE
    1 SERVICE DE L'EGLISE
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
    2 ALPHONSE XII
    2 BESSON, LOUIS
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 GUIBERT, JOSEPH-HIPPOLYTE
    2 HULST, MAURICE D'
    2 ISABELLE II
    2 LOUIS-PHILIPPE Ier
    2 LUCIDI, ANGELO
    2 MARIA DE LAS MERCEDES
    2 MONTPENSIER, DUC DE
    3 ANGLETERRE
    3 AUTEUIL
    3 ESPAGNE
    3 FRANCE
    3 MADRID
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 ROME
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 25 novembre 1876.
  • 25 nov 1876
  • Nîmes
La lettre

Que les journaux rouges sont désagréables, ma chère fille! Pour moi, je vois une conspiration plus claire que le soleil. Qu’est-ce que la liberté de conscience, en face d’un cadavre qu’on prétend n’avoir jamais été uni à une âme? Qu’est-ce que la conscience sans âme? Qu’est-ce que la liberté de conscience sans conscience? Voilà où il faut en venir. Les journaux reproduisent vos rectifications. Je vais faire remettre une de ces explications dans le Midi, journal républicain de Nîmes qui a, paraît-il, parlé de vous(1).

Décidément je pars pour Rome le 2 janvier, à moins que mon évêque ne change d’avis. Il est bien possible que vous le voyiez à Paris, la semaine prochaine. Je n’ai pas encore vu le questionnaire de l’évêque de Montpellier. Il a été rédigé d’après Lucidi(2), de concert avec le supérieur du grand-séminaire, Lazariste, et par conséquent favorable aux religieuses. Je sais que l’évêque a dit que vous aviez été la seule supérieure à répondre comme vous l’avez fait. Et, au fond, vous savez bien que, tant que Rome n’aura pas donné des pouvoirs, ce dont je doute, en l’état je ne puis vous visiter qu’à titre bénévole. Il eût été peut-être préférable de ne pas mettre mon nom en avant, puisque canoniquement je n’ai aucun droit. Quant à Madrid, je tremble un peu. Dans tous les cas, je crains que les pensions royales ne vous soient pas servies très longtemps(3).

Avec tout [cela], je crois à un triomphe de l’Eglise, et avant un très long temps. Les catholiques s’affirmeront, et la persécution, en les épurant, les rend[ra] capables de beaucoup plus. J’assiste ici à un travail de décomposition et de recomposition, qui est bien précieux pour qui aime l’Eglise.

Adieu, ma chère fille. Priez bien pour moi, je vous le rends du fond du coeur.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Depuis quelques jours, les R.A. d'Auteuil étaient victimes d'une campagne de presse menée par des journaux anglais, auxquels emboitaient le pas quelques journaux anticléricaux de France. Une jeune fille d'origine catholique avait été placée par sa tutrice au couvent d'Auteuil et y était revenue à la pratique de la religion. Contre la volonté de la tutrice, une tante protestante exigeait que la jeune fille lui fût remise. Un tribunal français lui avait donné tort, mais il s'agissait maintenant d'obtenir que "les vilains journaux" se rétractent. M. d'Hulst et le cardinal de Paris lui-même y tenaient (Mère M.-Eugénie, 23 novembre).
2.Le duc de Montpensier, cinquième fils de Louis-Philippe, était le beau-frère de la reine Isabelle II d'Espagne, mère d'Alphonse XII, qui venait de monter sur le trône (1874). La fille du duc, Maria de Las Mercedès, avait été pensionnaire à Auteuil pendant trois ans et la famille royale espagnole avait poussé à l'établissement d'un pensionnat des R.A. à Madrid. Cette fondation venait de se faire en octobre 1876. En janvier 1878, Mercedès épousa Alphonse XII et devint reine d'Espagne. Ce ne fut, hélas, que pour quelques mois. Elle mourut le 24 juin. Elle venait d'avoir dix-huit ans. Voir *Les Origines de l'Assomption*, IV, pp. 373-390.
3. Mgr Angelo Lucidi, canoniste.