DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 10

2 jan 1877 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

La pensée de l’éternité – Ma correspondance de fête et de l’an – Très bien faire – Faire de tout un aliment d’amour de Dieu – La prémotion physique – L’action sur les Soeurs – Germiny – En Bulgarie.

Informations générales
  • DR12_010
  • 5819
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 10
  • Orig.ms. ACR, AD 278; D'A., T. D. 24, n. 1254, pp. 27-28.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU
    1 AMOUR DIVIN
    1 AMOUR DU CHRIST A L'ASSOMPTION
    1 ASSOMPTIONNISTES
    1 CACHET DE L'ASSOMPTION
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CONTRARIETES
    1 COURS
    1 COUVENT D'AUTEUIL
    1 ENERGIE
    1 ETERNITE
    1 FECONDITE APOSTOLIQUE
    1 GOUVERNEMENT
    1 GRAVITE
    1 HUMILITE
    1 LIBERALISME CATHOLIQUE
    1 LIBERTE
    1 MALADES
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 PAIX
    1 PAIX DE L'AME
    1 PASSIONS MAUVAISES
    1 PERFECTION
    1 PIETE
    1 POLEMIQUE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 RUSSES
    1 THEOLOGIE
    1 TURCS
    1 VOIE UNITIVE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 GERMINY, EUGENE DE
    2 JACKSON
    2 STAMBOULOV, STEPHANE
    3 BORDEAUX
    3 BULGARIE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 2 janvier 1877.
  • 2 jan 1877
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Puisque vous avez déjà mes voeux, laissez-moi vous dire de suite que je suis absolument de votre avis. L’éternité me préoccupe, comme vous(1), avec calme pourtant, mais avec un grand sérieux. Je suis peu ardent, mais je vois les choses par le côté le plus grave. L’ardeur peut s’en aller avec l’âge, mais même quand j’ai dit des choses peu charitables, je sens que la malveillance s’en est allée. Cette année, j’ai cherché à faire de ma correspondance de fête et du jour de l’an une petite mission. Dieu veuille que j’aie réussi! Je m’applique moins à faire qu’à très bien faire, et si nous faisions fortement ce que nous faisons, quelles impressions ne laisserions-nous pas? Dieu veut, ce me semble, que nous mettions un cachet plus caractéristique à nos oeuvres. Avec cela elles seront fécondes, sinon par nous, du moins par ceux que nous laisserons après nous.

Vous devez faire de tout un aliment d’amour de Dieu pour vous et pour vos filles. Entretenez-vous de la vie d’amour, où vous devez entrer. Aimez beaucoup, faites beaucoup aimer Notre-Seigneur. Rappelez-moi, quand j’irai à Auteuil, de vous donner une instruction sur la prémotion physique(2). Je ne dirai pas le mot, je laisserai les disputes des Dominicains et des Jésuites sur ce sujet. Mais il m’est si évident que l’homme devient plus libre, à mesure qu’il devient plus parfait, et qu’il devient plus parfait, à mesure que Dieu agit plus sur lui, comme principe très parfait et très libre et voulant perfectionner et rendre libre sa créature, que je ne puis comprendre qu’on puisse se disputer sur cette question, notre liberté s’accroissant en proportion de l’action de Dieu sur nous.

Je ne demande pas mieux que d’agir sur les Soeurs. Mais vous savez que chacun a sa voie et qu’en souhaitant à une de vos filles de n’être pas trop originale, je passe pour un fameux original. Le P. Emmanuel, qui est allé à Bordeaux, m’a parlé de votre petite malade. Quant à Germiny, je ne partage pas la première impression du P. V[incent] de P[aul], qui voyait là un triomphe sur les catholiques libéraux; moi, j’y vois une humiliation pour tous les catholiques.

Je prie bien pour que l’affaire Jackson(3) ne vous ennuie plus. Quant à nos religieux de Bulgarie, ils sont tranquilles, le gouvernement turc ayant donné des ordres très sévères pour qu’on les protège. On sait qu’ils ne désirent pas le joug russe(4).

Adieu, ma fille. Bien vôtre du fond du coeur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Voir *Lettre* 5808, n.
2. Théorie destinée à expliquer la liberté de l'homme en face de la toute puissance et de l'omniscience de Dieu.
3. Voir *Lettre* 5780, n.1.
4. Le soulèvement bulgare de Stamboulov déclenché en avril 1876, a été suivi d'une répression sans pitié dont le gouvernement turc veut préserver les religieux catholiques.