DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 18

• DR12_018
• 5830
• DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 18
• Orig.ms. ACR, AN 121; D'A., T.D. 38, n. 121, pp. 259-260.

• 2 CHAZELLES, FAMILLE DE
• A MADAME LA COMTESSE D'ESCURES
• ESCURES Comtesse
• Nîmes, le 12 janvier 1877.
• 12 jan 1877
• Nîmes
• Evêché|de Nîmes
• *Madame la comtesse d'Escures*
  *au Gué-Robert, par Tigy*
  *Loiret.*

Ma chère fille,

D’abord, bien bonne année; ensuite, laissez-moi vous dire toute ma pensée sur les C[hazelles]: vous avez été assez leur dupe. Sauf Albert, ils sont incroyables de prétentions et domination(1). Je ne sais si vous vous rappelez que, dans le temps, à Paris, chez vous, boulevard Malesherbes, j’en [ai] essayé un mot. Cela ne prit pas. Je rentrai dans le silence. Mais il était très facile de prévoir vos ennuis, et il est fort heureux que vous ayez enfin vu clair. Je ne puis que vous approuver mille fois de ne pas aller à cette noce. Ils veulent de l’argent, vous leur en abandonnez, mais vous n’êtes pas obligée d’avoir pour eux des égards qu’ils n’ont pas pour vous. Restez un peu dans votre dignité. Quant à réclamer vos diamants, il y a quelque chose de peu délicat à ne pas vous les avoir remis. Demandez-les une fois, mais si on refuse, n’insistez pas, afin de rester dans le rôle supérieur du haut duquel vous dominez un monde un peu trop cupide. Telle est mon appréciation, mais je puis me tromper. Vous avez trop fait jusqu’à présent, arrêtez-vous, mais sans donner aucune prise désormais.

Bénit Révoil m’a écrit pour me demander de m’interposer entre son frère et lui, afin d’éviter un procès. J’ai répondu que je ne voulais me mêler de rien. Quant à Henry(2), le jour de l’an, il m’a épanché son âme dans la cour de l’évêché; il a besoin de me voir. Je ne l’ai plus vu. Hélas! hélas!

Vous avez grand besoin de vous sanctifier. Les temps deviennent mauvais, et les vrais chrétiens doivent beaucoup prier pour l’Eglise menacée de toutes parts. Je vous engage à répandre autour de vous une excellente petite brochure à 0 fr 25 cent., publiée par la Société bibliographique rue de Grenelle, 37: elle est intitulée: Les Sociétés secrètes, par Claudio Janet.

Adieu, ma fille. Priez bien pour moi, et croyez-moi bien tendrement votre vieil ami.