DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 31

• DR12_031
• 5843
• DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 31
• Orig.ms. ACR, AF 181; D'A., T.D. 26, n. 567, pp. 151-153.

• 1 ART DE LA MEDECINE
  1 CARDINAL
  1 COLERE
  1 CONNAISSANCE
  1 DIPLOMATIE
  1 ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE SCOLASTIQUE
  1 ENSEIGNEMENT DES SCIENCES
  1 ETUDIANTS EN THEOLOGIE
  1 MATIERES DE L'ENSEIGNEMENT ECCLESIASTIQUE
  1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
  1 SEMINARISTES
  1 THEOLOGIE DE SAINT THOMAS D'AQUIN
  1 THEOLOGIENS
  1 THOMAS D'AQUIN
  1 UNIVERSITES CATHOLIQUES
  2 BAUDE, GEORGE-NAPOLEON
  2 BESSON, LOUIS
  2 CAVEROT, LOUIS
  2 CORNOLDI, GIOVANNI-MARIA
  2 DUPANLOUP, FELIX
  2 ESCHBACH, ALPHONSE
  2 HULST, MAURICE D'
  2 LIBERATORE, MATTEO
  2 MERODE, WERNER DE
  2 MERODE, XAVIER DE
  2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
  2 PALMIERI, DOMENICO
  2 PIE, LOUIS
  2 ZIGLIARA, THOMAS-MARIE
  3 DOUBS, DEPARTEMENT
  3 FRANCE
  3 LYON
  3 NIMES
  3 PARIS, EGLISE SAINT-SULPICE
  3 POITIERS
  3 ROME
  3 ROME, COLLEGE DE LA MINERVE
  3 ROME, COLLEGE ROMAIN
  3 ROME, SEMINAIRE FRANCAIS
• AU PERE FRANCOIS PICARD
• PICARD François aa
• Rome, le 31 janvier 1877.
• 31 jan 1877
• Rome

Mon cher ami,

Je sors du cours de théologie du P. Zigliara(1), j’en suis émerveillé. Il importerait bien que, si nous ne pouvons avoir de Dominicain pour nos novices, nous eussions quelqu’un à envoyer à Rome pour étudier un certain temps dans l’école Dominicaine. On ne peut nier qu’il ne se fasse un grand mouvement en France du côté de saint Thomas. Les Sulpiciens y arrivent au grand galop. Or, si Saint-Sulpice s’ébranle, il faut qu’il y en ait beaucoup. Plusieurs jeunes gens viennent. D’après ce que je vois, le grand obstacle est le Séminaire français qui dit absolument: « Nous voulons saint Thomas, mais nous ne voulons pas les Thomistes ». Or où vont-ils? Tout bonnement à nier la théorie de saint Thomas sur la matière et la forme. Otez cela, que reste-t-il en matière philosophique? On est tout ce que l’on veut, mais on n’est pas disciple de la doctrine philosophique de saint Thomas.

Je voudrais bien savoir quelle est sur cette question l’opinion de l’abbé d’Hulst. Je soupçonne qu’il est thomiste. Il serait très important de s’en assurer, car s’il est thomiste, on peut espérer que la Faculté de médecine, sur laquelle M. d’Hulst veille tout spécialement, sera dans de bonnes doctrines et aura un système arrêté(2). Du reste, toutes les objections que les Jésuites font sur les erreurs de saint Thomas en fait de physique tombent par les réponses péremptoires du P. Liberatore, Jésuite, et du Jésuite Cornoldi, lequel en tête d’une Société de savants, a déclaré que si l’on a pu se tromper sur quelques applications des principes de saint Thomas en matière de physique, pourtant les principes eux-mêmes s’accordent très bien avec toutes les découvertes modernes. Ceci me semble très important à constater.

Zigliara m’envoie à l’instant la brochure de Cornoldi(3), où celui-ci affirme, muni d’autorités, que la doctrine de saint Thomas est entièrement conforme aux découvertes modernes. Notez qu’il a derrière lui environ 150 savants. Le P. Liberatore, Jésuite, a déclaré qu’il ne voulait plus entendre parler du Collège Romain, et tandis qu’il a fait dans la Civiltà deux très beaux articles sur Zigliara, il a déclaré que la philosophie du P. Palmieri e una porcheria. Le P. Eschbach compromet son séminaire en exigeant que l’on suive uniquement le Collège Romain; et j’entends sans cesse les jeunes gens d’ici se plaindre de ce qu’on leur défend d’aller chez Zigliara.

Nouvelles. Décidément Poitiers est écarté avec Dupanloup. La France n’aura qu’un chapeau, et ce sera Lyon qui le portera. L’ambassadeur est assez mécontent, parce qu’il a jaugé Lyon et le considère comme un minus habens(4).

Adieu. Monseigneur de Nîmes vous arrivera samedi soir ou dimanche matin. Si Mr de Mérode(5) n’est pas à Paris, on vous télégraphiera. Moi, je reste quelques jours encore. Totus tibi.

E.D’ALZON.

Dites à la supérieure que je ne vois rien arriver de ses papiers.