DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 34

1 feb 1877 Rome PICARD François aa

Le silence est d’or et le cardinal ne changera pas – L’audience pontificale – Palmieri ou Zigliara.

Informations générales
  • DR12_034
  • 5845
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 34
  • Orig.ms. ACR, AF 182; D'A., T.D. 26, n. 568, pp. 153-154.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 BLASPHEME
    1 ENERGIE
    1 ENFER
    1 JOIE
    1 PELERINAGES
    1 PETITES SOEURS DE L'ASSOMPTION
    1 RESPECT
    1 REVOLTE
    1 SAINTS
    1 SEMINARISTES
    1 SUPERIEURS ECCLESIASTIQUES
    1 VIEILLESSE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BESSON, LOUIS
    2 BRICHET, HENRI
    2 GUIBERT, JOSEPH-HIPPOLYTE
    2 PALMIERI, DOMENICO
    2 PERNET, ETIENNE
    2 PIE IX
    2 ZIGLIARA, THOMAS-MARIE
    3 BESANCON
    3 ITALIE
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 ROME
    3 ROME, SEMINAIRE FRANCAIS
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Rome, le 1er février 1877.
  • 1 feb 1877
  • Rome
La lettre

Comme vous, mon cher ami, je pense que le silence est d’or(1). Je prie tous les matins pour ces bonnes filles, dites-le leur de ma part. Quant au cardinal(2), il n’y a pas à songer à le faire changer, et le meilleur, je crois, est de lui mettre le marché à la main avec beaucoup de respect. Je m’aperçois qu’ici son crédit est peu de chose. Vous ai-je dit que le Pape avait accordé à l’évêque tout ce qu’il a demandé? Quand j’entrai un moment après l’évêque, il s’écria: « Ecco il mio carissimo Alzon; venite qua ». Il me prit la tête et me dit: « Vous avez fait une mauvaise action, vous avez blanchi ». Quand je lui demandai sa bénédiction pour le Conseil de Saint-François de Sales, il me fit répéter ma demande et l’accorda avec joie. Je me demande ce qu’il y aura de plus lumineux que sa figure chez les saints du ciel.

Ce matin, le pèlerinage de Besançon lui a été présenté. En se rendant à son trône, il m’a aperçu et a dit: « Ecco un prete forestiere: Alzon, Alzon« . Ce qui, me dit l’évêque, a fait un certain effet chez ses compatriotes.

L’évêque part demain, je reste quelques jours. J’ai l’intention, en effet, de revenir à Rome vers le 5 mai, avec une caravane, si je le puis. Ce matin, le Pape a dit aux Bizontins que tous les pèlerinages lui étaient une joie, que le leur lui était une consolation, au moment où des blasphèmes étaient vomis par des hommes qui se disaient les représentants de l’Italie, mais qui sont bien plutôt les représentants de l’enfer.

Je crains une révolution au séminaire français; ils imposent Palmieri; or la majorité est pour Zigliara. Je redoute des tiraillements. Plusieurs séminaristes ont signifié que si on les forçait à suivre Palmieri, ils se mettraient en chambre. La vigueur n’est pas en ce moment une bonne chose. Brichet est venu m’en parler, je lui ai dit que je redoutais une désertion pour son séminaire. Cela l’a fait réfléchir; mais que ce dernier détail soit pour vous et le P. Vincent de Paul.

Adieu, cher ami. Je serai dans huit jours à Nîmes et, à moins de m’écrire courrier par courrier, c’est-à-dire lundi matin au plus tôt, vous arriveriez trop tard.

Totus tibi in Christo.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Dans l'affaire opposant les P.S.A. à l'archevêché de Paris, qui veut leur imposer un autre supérieur que leur fondateur. A travers elles on veut trouver le moyen de s'en prendre aux Assomptionistes. Aussi pour ces derniers, le silence est-il d'or. La "petite Mère", Mère Marie de Jésus Fage, résiste et sa position est d'autant plus forte que Paris ne tient pas à se priver de pareille oeuvre et que déjà deux évêques voisins (Beauvais et Versailles) les accueillent en reconnaissant les Pères de l'Assomption comme leurs supérieurs et confesseurs (Picard, 29 janvier).
2. L'archevêque de Paris.