DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 51

18 feb 1877 Nîmes PICARD François aa

Je ne puis vous dire « Faites » – Philosophie et médecine – La juridiction sur les religieuses – Je pars prêcher la retraite à l’alumnat d’Alès.

Informations générales
  • DR12_051
  • 5863
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 51
  • Orig.ms. ACR, AF 187; D'A., T.D. 26, n. 572, p. 158.
Informations détaillées
  • 2 LA COSTE, LOUIS-OLIVIER DE
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, le 18 février 1877.
  • 18 feb 1877
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Mon cher ami,

Je suis heureux et épouvanté de la proposition de l’abbé de Lacoste. Vous dire: « Faites », m’est impossible. Si vous vous lancez à vos risques et périls, je vous encouragerai, mais je ne puis rien de plus(1). Quant à M. d’Hulst, dites-lui que sa thèse qu’il faut qu’une bonne philosophie domine la Faculté de médecine est admirable. Sait-il qu’à Bologne le Docteur Travaglini a obtenu du Pape un beau bref, qui a rendu furieux les professeurs actuels du collège Romain, mais a groupé une association de 150 à 200 médecins et savants dans le but d’appliquer la philosophie de saint Thomas aux sciences modernes et à leurs découvertes? Vous aurez pour le 15 mars un article sur cette question si importante à mes yeux. J’espère décider le P. Zigliara à aller à Paris avec moi, au mois d’août.

Souvenez-vous qu’à Rome on considère toutes les religieuses comme moniales, au point de vue des évêques. Toutes vos distinctions ne feront que vous mettre dans une position fausse. Je m’en suis assuré avec de Luca et Bianchi. Il vaut mieux demander à Mgr de Larisse(2) de laisser aux Petites-Soeurs leur fondateur, jusqu’à ce que les Constitutions soient rédigées, mais cela encore par pure concession. Gagnez du temps en douceur, puis on verra. L’exemple de saint V[incent] de Paul, bon pour son temps, ne servira de rien à Rome, croyez-le. L’évêque a le droit de dissoudre toute Congrégation et même toute association. Voyez après cela.

Adieu, et bien vôtre. Je pars dans deux heures prêcher la retraite de l’alumnat d’Alais(3). Mille fois à vous.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. L'abbé de La Cote (c'est l'orthographe donnée à plusieurs reprises par le P. Picard), vicaire à Puteaux, a formé avec trois jeunes prêtres pleins de zèle une oeuvre ouvrière dans "ce vaste pays" en pleine industrialisation. Pour fournir à toute une partie de la paroisse le secours religieux dont elle est privée, il offre à la congrégation qui voudrait se charger de deux chapelles de cette zone ou de l'une d'entre elles, une aide financière de cent mille ou de cinquante mille francs, selon le cas. Il y a beaucoup de bien à faire mais il faudrait acheter un terrain. Il y en a un, bien tentant, près du rond-point de Courbevoie, sur lequel par ailleurs on pourrait installer le noviciat. Mais pour cela il faut de l'argent... L'abbé d'Hulst encourage à accepter cette offre.
2. Siège *in partibus* du coadjuteur de Paris, Mgr Richard.
3. Le P. d'Alzon ouvrit la retraite le dimanche 18 février et rentra le 23 à Nîmes. Il prêcha aux enfants de l'alumnat une retraite ouverte aux dames protectrices de l'oeuvre. Le P. Alexis avait écrit le 16 : "Tout le monde à Alais ne raffole pas de vous, mais il y a un petit noyau qui vous est tout dévoué". Le 20, il note: "Le Père a continué à prêcher admirablement. Il tape dur [...] Hier soir, il y avait au moins 50 dames à l'instruction du P. d'Alzon. Il habille aussi bien ces dames que les enfants" (au P. Emmanuel).