DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 79

30 apr 1877 Rome CARLE Abbé

Notre cadeau et les autres pour le pape – La santé de Pie IX – Impressions romaines.

Informations générales
  • DR12_079
  • 5899
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 79
  • Publiée par la *Semaine Religieuse de Nîmes*, 13e année, n°11 (6 mai 1877), p.132.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 ARMEE PONTIFICALE
    1 ASSISTANCE A LA MESSE
    1 AUMONE
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 EDIFICE DU CULTE
    1 ENTERREMENT
    1 EVEQUE
    1 FORTUNE
    1 LINGE LITURGIQUE
    1 LITURGIE
    1 LOISIRS
    1 MAJESTE DE DIEU
    1 MORT
    1 OUVRIER
    1 PAPE
    1 PAUVRE
    1 PELERINAGES
    1 PIETE
    1 SERVICE DE L'EGLISE
    1 SOUVERAIN PROFANE
    1 SUPERIEUR GENERAL
    1 TENUE SACERDOTALE
    1 TOMBEAU
    1 TRAVAIL
    1 TRISTESSE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 CATHERINE DE SIENNE, SAINTE
    2 PIE IX
    2 ZIGLIARA, THOMAS-MARIE
    3 ROME
    3 ROME, COLLEGE DE LA MINERVE
  • A MONSIEUR L'ABBE CARLE
  • CARLE Abbé
  • [Rome, vers le 30 avril 1877](1).
  • 30 apr 1877
  • Rome
La lettre

Pourquoi, mon cher ami, n’avons-nous pas commandé plus tôt les étoffes à offrir au Saint-Père? J’espère que nous serons très bien reçus. Toutes les personnes à qui j’en parle, sont ravies de notre idée. Ah! si en faisant un cadeau filial à Pie IX nous pouvions donner de l’ouvrage à nos ouvriers sans travail!

Le Pape accepte ce qu’on lui donne. Ainsi l’autre jour un ancien officier pontifical me disait que les restes de l’armée du Saint-Père lui offraient le glaive qu’autrefois les Souverains Pontifes envoyaient au prince qui avait le mieux mérité de l’Eglise. A qui pourrait-il bien l’envoyer cette année? Ils sont tant de dévots fils! Le Pape avait mis à la disposition des membres de la commission des cadeaux, la salle des cartes géographiques, et ces messieurs avaient disposé les choses à leur façon. Mais il paraît qu’à l’heure où jadis, dans la campagne, il faisait sa promenade, Pie IX monte à la salle des cartes, bouleverse tout, arrange tout à sa façon et se retire tout joyeux. D’où je conclus deux choses:

La première, que pour se promener il faut qu’il marche, et qu’il n’est pas si malade que le désirent ceux qui voudraient le voir enterré. La seconde, la puissance d’attraction qu’il exerce si merveilleusement. Poussez vos lecteurs à donner le plus possible. Que les riches donnent beaucoup, que les pauvres donnent peu. C’est la fête du Père de famille par excellence.

Rome m’a semblé plus grande que jamais dans son grand voile de tristesse. Les cérémonies me paraissent revêtir un caractère plus divin de majesté. Elles semblent en certaines églises se faire pour Dieu seul, tant la solitude est grande, et pourtant on admire la tenue des prêtres qui officient sans témoins. Là où les assistants sont nombreux, elles revêtent un autre caractère sans doute, mais c’est toujours le mens divinior qui inspire les voix et anime les détails de la liturgie.

Il faut vous dire que je suis allé ces jours-ci à la Minerve à cause de la fête de ste Catherine de Sienne; il y a là une légion de jeunes dominicains tous plus ravissants de piété les uns que les autres. Mon ami, le Père Zigliara, m’a fait dire la messe sur le tombeau de ste Catherine après le général et avant deux évêques. Vous comprenez qu’après avoir pris un coup d’admiration pour les oeuvres du savant professeur, son procédé me donne un coup de coeur pour lui, dix fois plus fort encore.

Envoyez-nous beaucoup d’étoffes, beaucoup de pèlerins. Et si vous ne venez pas à Rome, sachez que vous êtes un homme profondément à plaindre. Adieu et bien affectueusement vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. La lettre du 30 avril du P. d'Alzon au P. E. Bailly nous fournit la date approximative de cette lettre au rédacteur de la *Semaine Religieuse de Nîmes*.