DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 87

8 may 1877 Rome BAILLY_EMMANUEL aa

Un article pour l’*Assomption* – On ne doit pas être content de moi à l’évêché – Etudier *sincèrement* saint Thomas.

Informations générales
  • DR12_087
  • 5905
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 87
  • Orig.ms. ACR, AI 335; D'A., T.D. 31, n. 333, p. 278.
Informations détaillées
  • 2 CARLE, HENRI
  • AU PERE EMMANUEL BAILLY
  • BAILLY_EMMANUEL aa
  • Rome, 8 mai [18]77.
  • 8 may 1877
  • Rome
La lettre

Voici, mon cher ami, ma réponse aux philosophes. Le pèlerinage est arrivé, vous aurez un article demain ou après-demain pour l’Assomption. Si l’abbé Carle se plaint que je ne lui écrive pas, vous direz que c’est parce qu’il ne m’a pas envoyé la Semaine [religieuse]. A l’évêché, on ne doit pas être content de moi et pour le pavillon, et pour la cappa magna, et pour autre chose. Qu’on envoie l’argent du pavillon, on l’aura; sinon, non. Enfin, l’évêque est-il ou n’est-il pas cité au Conseil d’Etat(1)? Après cela, peu m’importe.

L’archevêque de Paris se décide à faire l’éloge des pèlerinages. Le P. de Pascal, dont j’ai reçu la lettre, peut se tranquilliser. Les efforts de Poitiers réussiront peu. A Poitiers même les Jésuites sont divisés, et les assertions soufflées à M. Gay sont fausses. On ne se sert pas du Bref du Pape dans le sens exagéré que les Jésuites prétendent, mais on s’en sert pour pousser à étudier sincèrement saint Thomas(2).

Adieu et tout à vous.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. Emmanuel avait écrit le 29 avril que, selon la rumeur publique, Mgr Besson serait traduit devant le Conseil d'Etat pour un passage de sa lettre pastorale du 14 mars où il était question de "l'unité italienne qui n'était pas encore faite". Le lendemain il écrivait que les journaux démentaient ces assertions. Notons, que contrairement à l'habitude, cette lettre n'avait pas été publiée dans la *Semaine religieuse de Nîmes*. Ceci ne l'empêcha pas d'avoir les honneurs de la tribune de la Chambre où un député la cita en commentant: "c'est une déclaration de guerre à l'Italie!" (J. GADILLE, *La pensée et l'action politique des évêques français au début de la IIIe République, t.2, p.60, Paris, s.d.). Cette intervention eut lieu le 3 mai; le 5 mai pourtant le P. Emmanuel écrivait au P. d'Alzon: "on ne parle plus du mandement de Mgr Besson".
Cependant ce dernier avait d'autres raisons d'inquiétude. La *Semaine religieuse* du 22 avril avait publié un article de son directeur, l'abbé Carle, qui s'indignait de la circulaire adressée aux évêques par J.-J. Martel, ministre de la Justice et des Cultes dans le cabinet de Jules Simon, sur les conférences faites dans les églises. Cet article mécontentait l'évêque de Nîmes, qui voyait déjà compromis les subsides attendus pour la réparation de sa cathédrale, alors que les dispositions du ministre étaient si bonnes... (lettre de Mgr Besson au P. d'Alzon du 21 avril).
2. La question de l'hylémorphisme, de la matière et de la forme appliquée au composé humain, agite les milieux philosophiques et scientifiques catholiques. Quelle est la portée du bref de félicitations de Pie IX au Dr Travaglini pour avoir fondé une académie philosophico-médicale où était enseigné le système thomiste de la matière et de la forme? On voit que le P. d'Alzon est loin d'en faire une question de foi. Dans moins d'un mois d'ailleurs, le 6 juin, une lettre adressée au nom du pape par Mgr Czacki à Mgr Hautcoeur, recteur de l'Université catholique de Lille, dira que ce bref, comme tous les documents de l'Eglise relatifs à l'union de l'âme et du corps, n'a d'autre but que d'affirmer l'unité substantielle de la nature humaine. Cela étant sauf, liberté est laissée aux savants catholiques d'adopter le système philosophique qui leur plaît (A. MICHEL, art. *Forme du corps humain*, col.550-551, dans DTC, t. VI.