DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 112

• DR12_112
• 5933
• DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 112
• Orig.ms. ACR, AD 1735; D'A., T.D. 24, n. 1265, pp. 37-38.

• 1 CONTRARIETES
  1 EPISCOPAT
  1 ERREUR
  1 HONNEURS
  1 LIVRES
  1 MEDECIN
  1 MORT
  1 NOMINATIONS
  1 PEUPLES DU MONDE
  1 PRIERE DE DEMANDE
  1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
  1 SUPERIEUR
  1 SUPERIEUR GENERAL
  1 TOMBEAU
  1 TRAVAIL
  2 BRICHET, HENRI
  2 ESCHBACH, ALPHONSE
  2 FREYD, MELCHIOR
  2 GAY, CHARLES-LOUIS
  2 HULST, MAURICE D'
  2 LACORDAIRE, HENRI
  2 PICARD, FRANCOIS
  2 PIE IX
  2 SACCONI, CARLO
  2 VANNICELLI CASONI, LUIGI
  3 FERRARE
  3 ROME
  3 ROME, BASILIQUE SAINT-LAURENT
  3 ROME, SEMINAIRE FRANCAIS
  3 VERSAILLES
• A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
• MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
• Rome, 4 juin [18]77.
• 4 jun 1877
• Rome

Ma chère fille,

Je viens vous demander des prières pour le P. Eschbach, supérieur du séminaire français. A l’instant le médecin déclare qu’il n’a pas pour quarante-huit heures de vie. Ce sera un malheur et la conséquence du système du supérieur g[énér]al de sa Congrégation. Déjà il a tué le P. Freyd, il tue le P. Eschbach, il en tuera encore deux autres. Le P. Brichet me disait hier soir: « Si vous revenez dans six mois, vous ne me trouverez plus, vous irez prier sur ma tombe à Saint-Laurent ». Il eût fallu deux religieux de plus pour suffire au travail. Je vous dis ceci pour que nous comprenions l’obligation de ménager les sujets.

J’ai écrit au P. Picard les ennuis que le bon abbé Gay va avoir avec son livre. C’est très grave. On y relève une masse d’expressions inexactes et même erronées. Jamais il n’aura de Bref s’il ne le refond pas entièrement. Ceci encore pour que vous avisiez à ne pas trop le louer parmi les jeunes religieuses. Cela pourrait avoir des inconvénients. C’est toujours, à l’insu du bon abbé, l’école Lacordaire, aux phrases qu’on peut absolument prendre dans un sens admissible, mais avant tout aux formes paradoxales. Si, comme on me l’assure, l’abbé d’Hulst est nommé à Versailles, je crois que je n’y aurai pas nui. Il y a contre lui une opposition incroyable. Pourtant j’espère venir à bout de faire tomber les préventions de plusieurs. Il est étonnant comme on le connaît par le menu. J’ai été heureux de dire ce que j’en savais par vous à des gens qui l’ont répété au Pape.

Sacconi a reçu hier son billet de prodataire(1): c’est la première dignité de l’Eglise romaine. Elle n’est rien avec un homme nul, elle est énorme avec un homme capable. Le prodataire est chargé de la surveillance des bulles, et, quand il en sait assez, de leur rédaction et de leur inspiration. Je m’aperçois de l’utilité d’un long séjour à Rome. On n’y fait rien et l’on y fait tout. Le Romain ne veut pas être pressé. Il y a bien des affaires qu’il faut renvoyer au moment opportun; et puis ce qu’on vous refusait hier, tout à coup on vous l’accorde, si vous n’avez pas l’air pressé ni pressant.

D’autre part, la place laissée vide par le P. Freyd n’est pas encore prise. La mort du P. Eschbach(2) la laisse plus vide encore. Au Séminaire français personne ne l’occupera jamais.

Adieu, ma fille. Bien vôtre en Notre-Seigneur.