DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 113

5 jun 1877 Rome BAILLY_VINCENT de Paul aa

« Vive la République! » – Les dons au Saint-Père – Les pèlerinages – Les entraves de l’administration diocésaine à Paris – Le *Pèlerin* – Une maison d’études à Rome.

Informations générales
  • DR12_113
  • 5934
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 113
  • Orig.ms. ACR, AH 123; D'A., T.D. 28, n. 472, pp. 92-93.
Informations détaillées
  • 1 ARMEE
    1 CARDINAL
    1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
    1 DONS EN ARGENT
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 FETE
    1 FRANCAIS
    1 ITALIENS
    1 JEUNESSE
    1 MONARCHIE
    1 PELERINAGES
    1 PEUPLES DU MONDE
    1 PROCESSIONS
    1 REPUBLIQUE
    1 REVOLUTIONNAIRES ADVERSAIRES
    1 SAINT-SIEGE
    1 TRIOMPHE
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 GUIBERT, JOSEPH-HIPPOLYTE
    2 NICOTERA, GIOVANNI
    2 PIE IX
    2 PIE, LOUIS
    2 VICTOR-EMMANUEL II
    3 NIMES
    3 ORLEANS
    3 PARIS, CATHEDRALE NOTRE-DAME
    3 POITIERS
    3 ROME
    3 ROME, PINCIO
    3 ROME, PLACE COLONNA
    3 ROME, PLACE NAVONE
    3 ROME, QUIRINAL
  • AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Rome, 5 juin [18]77.
  • 5 jun 1877
  • Rome
La lettre

Cher ami,

Je suis encore à Rome, mais lundi j’espère ne plus y être. J’attends depuis des siècles un bref, qui arrivera quand il plaira à Dieu, après-demain je suppose. Ici fêtes stupéfiantes, mais pas de processions. Je me trompe, la république s’est proclamée. Le matin, la royauté à cheval avait été installée, dans la personne de Victor-Emmanuel en marbre, au monte Pincio. Il était 5 heures, peut-être 4; à 6, tout était fini. Mais à 10 heures du soir, la République voulut son tour; elle en fit un grand, de la place Colonna au Quirinal. Là, on lui barra le passage avec une digue de bersagliers. Elle ne se déconcerta pas pour si peu, elle retourna à la place Navonne, elle cria: « Vive la République! A bas Victor-Emmanuel! A bas les pèlerins! A bas le cardinal (devinez lequel?) Nicotera! » Oui, voilà Nicotera bien attrapé de se trouver cardinal.

Les dons au Saint-Père arrivent tous les jours. Seulement les Romains ne connaissent pas les Français. Les Romains voulaient de l’exactitude à leurs ordres. Bernique! Ah! oui, un Français obéira bien à un Romain! Va-t-en voir s’ils viennent! Cependant, c’est l’Exposition française qui a les plus beaux objets. Avant-hier et hier, aujourd’hui encore, la jeunesse italienne va au Vatican. C’est très beau, dit-on. Le Pape [est] suffoqué. Maintenant ne dit-on pas qu’il y a eu 30.000 pèlerins? Il me semble que si nous étions 20.000, c’est beaucoup. Cependant, je puis errer. Seulement le sentiment est que c’était immense. Nous avons je ne sais quelle impression de victoire, dont la contre-épreuve se trouve dans la rage révolutionnaire en face de ces arrivées de tous les points du monde.

Ce que vous me dites des entraves de l’administration diocésaine ne me surprend guère(1). L’évêque de Poitiers me disait qu’il y avait quelque chose de plus dangereux qu’Orléans, c’était Paris. Qu’en pensez-vous?

Je trouverai mercredi, en arrivant à Nîmes, une belle lettre de vous, n’est-ce pas? où vous me direz que le Pèlerin a un abonné par quart-d’heure, 96 par jour(2).

Sur ce, bonjour et à revoir. J’ai bonne envie, si j’ai de l’argent, de vous envoyer à Rome en octobre faire les logements pour une maison d’études. Ah! l’argent!

Totus tibi.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. "Demain 3, communion à N.-D. entravée par l'administration diocésaine..." (2 juin).
2. "Le *Pèlerin* continue sa course [...] un abonné par heure jusqu'au 10 mars. Depuis lors demi-abonné par heure. Si cela continue nous ferons nos frais au 1er janvier 1878" (2 juin).