DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 132

2 jul 1877 Nîmes PICARD François aa

Votre idée est parfaite – La France doit être fidèle à sa mission – Les élections.

Informations générales
  • DR12_132
  • 5958
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 132
  • Orig.ms. ACR, AF 196; D'A., T.D. 26, n. 581, p. 164.
Informations détaillées
  • 1 CATHOLIQUE
    1 COMITES CATHOLIQUES
    1 CURES D'EAUX
    1 ELECTION
    1 FONCTIONNAIRES
    1 GOUVERNEMENT
    1 JOIE
    1 MAUX PRESENTS
    1 PELERINAGES
    1 PEUPLE
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 PUBLICATIONS
    1 RESPECT HUMAIN
    1 VOCATION
    1 VOLONTE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BARAGNON, NUMA
    2 BERTRAND-BOULLA
    2 BESSON, LOUIS
    2 CHAMPVANS, JEAN-CHRYSOGONE DE
    2 FOURTOU, OSCAR BARDI DE
    2 GIZOLME, GEORGES-ALFRED
    2 GUEIDAN, CHARLES-EMILE
    2 HUGUES, HENRI-EDMOND
    2 PIEYRE, ADOLPHE
    2 RICARD, PIERRE-HENRI
    3 FRANCE
    3 NIMES
    3 ROME
    3 UZES
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, 2 juillet [18]77.
  • 2 jul 1877
  • Nîmes
La lettre

Cher ami,

Vous me comblez de joie. Votre idée est parfaite(1). On vous traitera d’insensé; peu importe. Allez, Dieu vous bénira. Les pèlerinages sont là. Après votre départ de Rome, j’ai constaté que la France reprenait son rang aux yeux des catholiques. Il faut qu’elle soit fidèle à sa mission.

Il m’est impossible d’être libre avant le 30 juillet(2); à partir de ce moment je serai vôtre, si vous le jugez nécessaire. Ici la chose ira toute seule. Les catholiques sont décidés à accepter les candidats officiels, et le préfet(3), dont je suis très content, me semble partir de cette idée que je formule moi-même: en dehors des meilleurs qu’il faut chercher à faire passer, prendre dans ce qui est honnête ce qui est possible. Il fera des choix relativement bons là où les protestants seuls ont la chance de passer. On peut effrayer le gouvernement en le menaçant de l’abstention. Souvenez-vous que beaucoup de gens ne vous viendront pas par pur respect humain. C’est la plus effroyable des maladies dans les temps présents.

Adieu, cher ami. Bien vôtre en N.-S.

E.D’ALZON.

Le P. Bailly n’a pas voulu mettre mon article sur les tapisseries de Bertrand-Boulla. Il me prive d’une grande force sur le peuple, du moins la diminuera considérablement; mais que sa volonté soit faite! Baragnon est aux eaux, on le présentera à Uzès. L’évêque est aux eaux. Hélas! le pauvre évêque! Sera-t-il possible dans six mois?

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. L'idée de créer des comités électoraux. Dans ce but le P. Picard a réuni le 30 juin et le 2 juillet quelques hommes influents pour étudier l'action à entreprendre et le programme à adopter. Le 2 juillet une invitation est lancée à un certain nombre d'amis pour le dimanche 8 juillet. Le but de cette réunion est de chercher "en vrais chrétiens à répondre à cette question que s'adressent aujourd'hui tous les Français: le danger est imminent, qu'y a-t-il à faire?" (lettres de Picard du 30 juin et du 2 juillet).
2. "Ce serait une grande joie et un vrai soulagement pour nous, si vous pouviez présider cette réunion. Tout marcherait et vous donneriez l'élan", a écrit le P. Picard.
3. Après le 16 mai, le ministre de l'Intérieur, Fourtou, avait opéré une "épuration" de l'administration dans toute la France. C'est ainsi qu'à Nîmes le préfet républicain Gizolme fut remplacé par un conservateur, M. Gueidan. Ce ne fut pas pour longtemps: le 20 décembre, le *Journal officiel* annonçait la révocation de Gueidan et le retour de Gizolme, qui avait d'ailleurs laissé son costume officiel à l'hôtel préfectoral, à la tête du département. Notons que Gizolme avait remplacé le baron de Champvans en mars 1876, à la faveur d'une épuration du même genre, menée alors par le ministre républicain de l'Intérieur, Ricard. Le chef de cabinet de ce dernier, Hugues, originaire du Gard, était un anticlérical déclaré. Gizolme par contre était un homme cultivé, modéré, conciliant (PIEYRE, o.c., pp. 224, 240, 244).