DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 137

8 jul 1877 Nîmes BARAGNON_NUMA

On reçoit de l’argent pour vous attaquer – La *Gazette* et le *Citoyen* – Campagne électorale.

Informations générales
  • DR12_137
  • 5965
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 137
  • Orig.ms. ACR, AL 92; D'A., T.D. 34, n. 91, pp. 213-214.
Informations détaillées
  • 2 NANAN
    2 RIVET, ALBERT
  • A MONSIEUR NUMA BARAGNON
  • BARAGNON_NUMA
  • Nîmes, le 8 juillet 1877.
  • 8 jul 1877
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Cher ami,

Les oreilles ne vous tintent-elles pas? Vous êtes attaqué à outrance par l’Union nationale, qui a reçu 6.000 francs ad hoc, par la Gazette de Nîmes, qui ad hoc a 2.000 francs par an. Nanan court à la Gazette conjurer qu’on vous épargne, mais Nanan est une grandeur passée, éclipsée, écrasée, et, cette fois, c’est la Gazette qui est sordide. Elle veut gagner son argent ou plutôt celui du duc. Mais la Gazette elle-même chancelle sur ses bases, battue en brèche par le Citoyen, qui lui garde rancune (rancune de journaliste, c’est dur) et le Citoyen démolit la Gazette avec la fureur de celui qui dit: Ote-toi de là que je m’y mette. Vous avez lu la philippique d’Allemand. On ne vous nomme pas, mais vous êtes au fond de ce sac. Chapot la Blague agite les bras sur le boulevard, en compagnie de Surville qui pousse des soupirs étriqués comme son individu(1).

Le préfet est à Paris. Hier Ginestous, qui déteste Tarteron, m’a fait passer la nuit à me prouver qu’il faut porter Tarteron, puisque André s’est désisté vendredi(2). La pendaison de Brouilhet père qui a fait banqueroute, la banqueroute de Brouilhet fils, la banqueroute de Laporte ont mis au Vigan les protestants plus bas que terre. On peut avoir un catholique au Vigan, dit Ginestous; si Tarteron est accepté, ce sera à condition d’écarter le duc.

Sur ce on vous embrasse, on baise (moralement) les mains à votre femme et on vous dit que Loulou est venu me demander de communier, vu que Gaston a neuf ans(3).

E.D’ALZON.

Saint-François devait venir hier soir, à 7 heures et demie; il est monté vers 10 h. Il n’a pas voulu me dire quel dîner c’était interposé entre lui et moi.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. L'*Union nationale* de Montpellier est d'un légitimisme moins "exagéré" que celui de la *Gazette de Nîmes* mais le légitimisme du *Citoyen* de Marseille l'est moins encore. - Le duc est le duc d'Uzès, et Chapot la Blague est l'abbé Edmond Chapot.
2. M. de Tarteron est royaliste, Edouard André, bonapartiste. Tous deux s'étaient présentés aux élections de 1876 au Vigan, mais avaient été battus par le républicain Marcellin Pellet. Ce dernier, l'un des 363 qui avaient mis le ministère de Broglie en minorité, l'emporta à nouveau au Vigan, le 4 octobre 1877, mais cette fois devant le conservateur Albert Rivet.
3. Madame Baragnon, Amélie Daudé de Lavalette, est une cousine du P. d'Alzon. Louis, élève de cinquième, et Gaston, élève de huitième au collège de l'Assomption, sont les enfants de sa soeur Marie, première épouse de Numa. - Saint-François est l'abbé Barnouin.