DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 172

30 aug 1877 Paris GALABERT Victorin aa

Vous avez pris une bonne position en soignant tout le monde – Essayez d’être remboursé de vos frais – Les religieux du pope Stephan – Lourdes – Profession religieuse de Mme Doumet – Les sympathies sont pour les Turcs – Fermeté sur la règle – Il ne suffit pas d’être innocent, il faut ne pas paraître coupable.

Informations générales
  • DR12_172
  • 6004
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 172
  • Orig.ms. ACR, AJ 336; D'A., T.D. 32, n. 336, pp. 325-326.
Informations détaillées
  • 2 DOUMET, MADAME EMILE
    2 MARANGO, JEAN-HYACINTHE
    2 NICETAS, STEPHAN
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Paris, 30 août [18]77.
  • 30 aug 1877
  • Paris
La lettre

Mon bien cher ami,

Je suis à Paris jusques à demain, je repars pour Nîmes. Ma conviction profonde est que Dieu veut tirer des événements qui se passent de votre côté un très grand avantage pour son Eglise. Vous avez, ce me semble, pris une très bonne position en soignant tout le monde. Ceux qui se plaindront seront trop difficiles. Je vous engage toutefois à faire vos réclamations pour obtenir le remboursement de vos frais. Il y a ici un Comité ottoman, qui, je crois, pourra vous venir en aide. Je ne pense pas pouvoir vous venir en aide pour les Oblates. Je trouve que c’est là une belle occasion de forcer celles que vous avez à se dégourdir un peu; quelques jours de fatigue peuvent leur faire du bien, croyez-moi(1). On m’a mis à même d’avoir des Polonaises, je n’y tiens plus. Il est impossible de songer à s’en servir pour pénétrer en Russie. Donnez-moi des nouvelles des religieux du pope Stéphane. Pour ma part, la séparation de quelques-uns d’entre eux serait chose précieuse, du moment qu’ils se mettraient sérieusement à la règle de leur Ordre.

La Sainte Vierge nous a comblés à Lourdes, nous avons 32 miracles bien constatés. Ce sont de grandes grâces pour la Congrégation, qui a fourni les directeurs du pèlerinage. Dieu se plaît à montrer que nous devons soigner les pauvres, puisque nous en avions amené environ 200, dont on avait payé le voyage.

Adieu, cher ami. Tout à vous.

Je pars pour aller recevoir les voeux de Madame Doumet, qui fait profession chez les Petites-Soeurs de l’Assomption, et je pars ce soir(2). Adieu donc, cher ami, et bon courage. J’ai vu un Russe qui tout en ne convenant pas que les siens sont battus, avoue implicitement qu’il leur tarde que cela finisse. Il est étonnant combien les sympathies se transportent du côté des Turcs.

Mille choses à toutes.

E.D’ALZON.

Au dernier moment, je m’aperçois que je n’avais pas lu le passage de votre lettre sur Marango(3). Soyez très ferme si vous en prenez au sujet de la règle et de l’esprit de la règle! J’espère que Soeur Jeanne et vous ne logez pas dans la même maison à Kara-Agatch; sans quoi vous auriez les mêmes inconvénients qu’à [Saint-Vincent](4), et bientôt les ennuis pleuvraient plus que vous ne sauriez le croire. Vous avez beau dire; il ne suffit pas d’être innocent, il faut ne pas paraître coupable.

Tout à vous.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. Galabert demandait du renfort. Le 8 août, à propos des religieux et des Oblates, il avait écrit: "personne ne recule devant le surcroît de fatigue, de travail et de peines, imposé par cette cruelle guerre...".
2. Cette lettre a donc été continuée le 31 (voeux de Mme Doumet).
3. Le P. d'Alzon connaît l'abbé Marango depuis son séjour à Constantinople en 1863. Il en a fait alors le plus bel éloge (*Lettre* 1916). Le P. Galabert vient d'exposer le cas d'une des religieuses de ce prêtre, qui souhaite entrer chez les Oblates.
4. Le ms. a une deuxième fois *Caragatch*.