DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 174

3 sep 1877 Nîmes PICARD François aa

Un miracle chez les Oblates – Est-ce le signe demandé ? – Soldats turcs et femmes bulgares schismatiques.

Informations générales
  • DR12_174
  • 6006
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 174
  • Orig.ms. ACR, AF 206; D'A., T.D. 26, n. 500bis, pp. 172bis-172ter.
Informations détaillées
  • 1 ASSOMPTIONNISTES
    1 CHAPELET
    1 CHAPELLE
    1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
    1 CONFESSION SACRAMENTELLE
    1 FETE DE L'ASSOMPTION
    1 GUERISON
    1 GUERRE
    1 INSTRUCTION RELIGIEUSE
    1 MEDECIN
    1 MIRACLE
    1 NOVICE
    1 OBLATES
    1 PELERINAGES
    1 PETITES SOEURS DE L'ASSOMPTION
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 REPAS
    1 SALUT DES AMES
    1 SCHISME ORIENTAL
    1 SCHISME SLAVE
    1 SOEURS CONVERSES
    1 SOINS AUX MALADES
    1 TURCS
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 DELALLEAU, GERY
    2 DIAPASON, MADEMOISELLE
    2 FAVIER, MADAME
    2 FAVIER, MARIE-ROSE
    2 MARIE-HENRIETTE PSA
    3 ANDRINOPLE
    3 ESKI-ZAGRA
    3 LOURDES
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, le 3 septembre 1877.
  • 3 sep 1877
  • Nîmes
La lettre

Cher ami,

Un miracle chez les Oblates a eu lieu hier. Une novice se mourait d’anémie. Depuis 37 jours, elle ne pouvait rien prendre et s’évanouissait à chaque instant. Hier, j’allai la confesser; elle me fit observer que sa confession serait incomplète, parce qu’elle perdait la mémoire. Le soir, elle eut un évanouissement plus fort que les autres. La supérieure accourut et ne fut pas reconnue. On lui fit prendre quelques gouttes d’eau de Lourdes, et l’on commença la récitation du chapelet; pendant ce temps, elle agitait ses couvertures, comme font quelquefois les mourants. Après la troisième dizaine, elle dit très doucement: « Je suis guérie ». On continua le chapelet; elle répondit d’une manière plus forte que tout le monde. Elle demanda à se lever. On lui fit observer qu’il était tard, mais on lui porta un assez copieux repas qu’elle prit de très bon appétit.

A 5 h. 1/2(1), elle s’est réveillée, s’est habillée, et, toute seule, est descendue sans appui à la chapelle, y est restée trois quarts d’heure à genoux, est remontée, a fait un premier déjeûner composé entre autres d’un gros morceau de boeuf, n’en a pas eu plus de fatigue que de son souper, et quand je suis allé, à 10 heures, faire une instruction que je donne à cette chère communauté, j’ai trouvé ma novice allant et venant comme vous et moi. Le médecin, qui donnera toutes les attestations, avait dit que ce serait beaucoup, si elle allait à la fin de la semaine [et] n’en croyait pas ses yeux. On avait écrit à la mère pour l’engager à venir embrasser sa fille avant son dernier soupir; elle est arrivée ce matin pour la trouver guérie.

Je me demande pourquoi tant de miracles dans l’octave de l’Assomption, dans un pèlerinage dirigé par les religieux de l’Assomption, comment parmi les miraculés à Lourdes se trouve une Petite-Soeur de l’Assomption, et, à Nîmes, une Oblate de l’Assomption(2). Serait-ce que la Sainte Vierge poserait les premiers jalons de la définition du dogme de l’Assomption?

Je vous avouerai que, si je suis resté à Lourdes vingt-quatre heures après le pèlerinage que vous dirigiez, c’est que j’ai voulu demander à la Sainte Vierge un signe qu’elle approuvait nos efforts pour travailler à la conversion des schismatiques orientaux. La guérison de mon Oblate, consacrée précisément à cette oeuvre, ne serait-elle pas le signe accordé? Notez que nos Oblates d’Andrinople m’écrivent qu’elles aiment mieux soigner cinquante soldats turcs – on leur en avait confié cinquante-deux – qu’une schismatique bulgare; – elles étaient allées en chercher une quarantaine à Eski-Zagra profanées par les bachi-bouzouks. Ces bonnes femmes ne sont pas commodes. Mais enfin les difficultés n’arrêteront pas, si vraiment la Sainte Vierge y met la main. Adieu.

E.D’ALZON

des Augustins de l’Assomption.

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E.D'ALZON des Augustins de l'Assomption
Notes et post-scriptum
1. A l'aube du jour suivant.
2. Et le P. d'Alzon oublie une postulante converse des Religieuses de l'Assomption, Mlle Diapason. La Petite Soeur est Sr Marie-Henriette. Voir l'art. déjà cité du P. Géry dans le *Pèlerin* (n°40 du 6 octobre, p.630), où l'on trouve aussi le récit par le P. d'Alzon de la guérison de l'Oblate, Sr Marie-Rose. Ce récit, déjà publié par l'*Assomption* du 15 septembre, nous apprend que la guérison eut lieu "presque aussitôt après la première instruction d'une retraite". La retraite que le P. d'Alzon prêcha aux Oblates commença donc le 2 septembre au soir.