DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 175

4 sep 1877 Nîmes MERCURELLI Mgr

La guérison miraculeuse d’une Oblate est-elle le signe demandé ?

Informations générales
  • DR12_175
  • 6007
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 175
  • Orig.ms. ACR, AO 103; D'A., T.D. 39, n. 7, pp. 334-335.
Informations détaillées
  • 1 ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE
    1 AUTEL
    1 BAPTEME
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 CELLULE
    1 CHAPELET
    1 CHAPELLE
    1 CONFESSION SACRAMENTELLE
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 DESTRUCTION DU SCHISME
    1 DOGME
    1 FETE DE L'ASSOMPTION
    1 GUERISON
    1 JOIE
    1 MALADES
    1 MEDECIN
    1 MIRACLES DE LA SAINTE VIERGE
    1 MORT
    1 NOVICE
    1 OBLATES
    1 PELERINAGES DE NOTRE-DAME DE SALUT
    1 PENSEE
    1 PRIERE A LA SAINTE VIERGE
    1 REPAS
    1 REPOS
    1 SAINTE COMMUNION
    1 SCHISME GREC
    1 SCHISME SLAVE
    1 SUFFISANCE
    1 SYMPTOMES
    1 VIATIQUE
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 FAVIER, MADAME
    2 FAVIER, MARIE-ROSE
    2 LIOGER, MARIE-VERONIQUE
    2 PIE IX
    3 ANDRINOPLE
    3 LOURDES
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 ROME
    3 RUSSIE
  • A MONSEIGNEUR FRANCOIS MERCURELLI
  • MERCURELLI Mgr
  • Nîmes, le 4 septembre 1877.
  • 4 sep 1877
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Monseigneur,

Il vient de se passer à Nîmes un fait sur lequel je crois devoir fixer votre attention, afin que vous en fassiez l’usage que vous voudrez. J’avais pris part au pèlerinage dirigé par les religieux de l’Assomption, dans l’octave de l’Assomption. Tout le monde, à Lourdes, nous disait que les miracles avaient cessé; que, sauf un au mois de mai, on n’en avait plus. Nous en avons eu, en trois ou quatre jours, trente-deux bien constatés, et, après nous, ils ont cessé de nouveau. J’en conclus que la Sainte Vierge pose les jalons de la définition dogmatique de son Assomption. Mais cela regarde d’autres que moi.

Ce que je tiens à vous dire, c’est que je laissai partir le pèlerinage dont je faisais partie, et je restai à Lourdes vingt-quatre heures de plus. Je voulais prier la Sainte Vierge pour l’extinction du schisme grec et surtout russe. Il me semblait que la Sainte Vierge me poussait. Je fis l’imprudence de lui demander un signe, m’en rapportant à elle de me le donner, quand et comme elle le voudrait. Je quittai Lourdes, je vins passer huit jours à Paris: beaucoup de miracles, mais je n’avais pas mon signe. J’arrivai à Nîmes, le 1er septembre; le 2, soixante-septième anniversaire de mon baptême, j’allai dire la messe chez les Oblates de l’Assomption, petite Congrégation vouée précisément à l’extinction du schisme et qui a une vingtaine de religieuses à Andrinople. On me dit qu’une des novices était très dangereusement malade, que le médecin la considérait comme perdue; il supposait qu’elle mourrait dans la semaine présente. Je la confessai. Elle commençait à perdre ses idées. On avait préparé un autel dans sa cellule pour lui porter le viatique; hier matin, on avait écrit à sa mère de venir l’embrasser une dernière fois. Dimanche soir, vers 7 heures, on vint dire à la supérieure que la novice était plus mal. Elle accourt, la malade ne la reconnaît plus. On lui fit prendre de l’eau de Lourdes et on commença la récitation du chapelet. Pendant les trois premières dizaines, la pauvre enfant avait le délire et repoussait ses couvertures, comme font souvent les mourants. A la fin de la troisième dizaine, elle se réveille comme d’un sommeil et dit: « Je suis guérie ». On voulut continuer le chapelet, elle répondit d’une voix plus forte que les autres personnes présentes. Elle voulut se lever. La supérieure ne le jugea pas à propos, mais lui fit apporter un souper copieux qu’elle prit sans fatigue, elle qui depuis près de deux mois ne pouvait rien supporter. Hier matin, elle se leva de très bonne heure, resta trois quarts d’heure à genoux, à la chapelle, communia en action de grâces, et, depuis, se porte à merveille. Sa mère, accourue pour recevoir son dernier soupir, est au comble de la joie. Le médecin qui disait, il y a deux jours, qu’il ne croyait point aux miracles, nous promet toutes les attestations possibles.

Pensez-vous, Monseigneur, que ce soit le signe demandé, puisqu’il est donné juste dans une petite Congrégation fondée pour la conversion des schismatiques, et qu’il m’est donné à l’un des anniversaires de mon baptême? Je tiendrais bien à votre opinion et à une autre aussi(1).

Je me suis mis en correspondance avec la Mère M.-Véronique(2); elle doit venir près de Nîmes, et je la verrai avant d’aller à Rome vers le mois de janvier.

Veuillez agréer, Monseigneur, l’hommage des sentiments pleins de respect et de dévouement avec lesquels je suis votre

très humble et obéissant serviteur.

E.D'ALZON|des Augustins de l'Assomption.
Notes et post-scriptum
1. Celle du pape. - Mgr Mercurelli donna la sienne le 8 septembre : "...je ne crains pas de regarder [ce fait prodigieux] comme [...] un signe prénonciant la conversion de la Russie, qui forme l'objet de vos voeux et des soins de votre congrégation ".
2. Mère Lioger.