DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 177

7 sep 1877 Nîmes GALABERT Victorin aa

La guérison miraculeuse de Soeur Marie-Rose – Que chacun reste sur son terrain – Conversation avec un Russe catholique – Les dires de méchantes langues.

Informations générales
  • DR12_177
  • 6008
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 177
  • Orig.ms. ACR, AJ 337; D'A., T.D. 32, n. 337, pp. 326-327.
Informations détaillées
  • 1 CATHOLIQUE
    1 CHAPELET
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONVERSATIONS
    1 FATIGUE
    1 FORMATION A LA VIE RELIGIEUSE
    1 GUERISON
    1 MIRACLE
    1 MIRACLES DE LA SAINTE VIERGE
    1 OBLATES
    1 PETITES SOEURS DE L'ASSOMPTION
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 REPOS
    1 RESIDENCES
    1 RUSSES
    1 TURCS
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 FAVIER, MARIE-ROSE
    2 FRICERO, JOSEPH
    2 FRICERO, MADAME JOSEPH
    2 FRICERO, NICOLAS
    2 KOLBERWEIN, JOSEPH
    2 NICOLAS I
    2 PERIER-MUZET, JEAN-PAUL
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 ROMAIN, SERGE
    2 ROMANOFF, MICHEL
    2 RUTENSKJOLD, MARIE-ANNE
    2 WENGER, ANTOINE
    3 LOURDES
    3 NICE
    3 ODESSA
    3 ORIENT
    3 PARIS
    3 RUREMONDE
    3 RUSSIE
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Nîmes, le 7 sept[embre] 1877.
  • 7 sep 1877
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Cher ami,

Nous avons eu un miracle éclatant chez les Oblates. Soeur M.-Rose a été guérie instantanément entre la troisième et la quatrième dizaine d’un chapelet. Au commencement, elle avait perdu connaissance et repoussait ses couvertures comme les mourants(1); à la fin, elle récitait le chapelet avec ses Soeurs.

Je vous engage à ne pas attirer les Pernettes ni les religieuses de l’Assomption en Orient. Croyez-moi, que chacun reste sur son terrain. Si l’on ne vous envoie pas des Soeurs Oblates, c’est qu’on les forme très sérieusement.

J’ai eu une assez longue conversation avec un Russe catholique(2) sur la possibilité de s’établir à Odessa. Il serait très facile de s’y établir, très difficile d’y faire quelque chose. Savez-vous qu’à Lourdes nous avons eu 32 miracles constatés, pendant notre séjour à Lourdes?

Je prêche la retraite aux Oblates et je suis écrasé. Quelques mauvaises langues prétendent que, selon vous, le P. Picard est tout, le P. d’Alzon fort peu. Je n’en crois rien. Le P. Picard a fini par me céder sur la question du collège, et, après de vives explications(3), nous nous sommes quittés d’accord.

Et les Turcs? Adieu, je meurs de sommeil.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Sr Marie-Rose mourut à Ruremonde en 1918.
2. Ce Russe catholique est selon toute vraisemblance Nicolas Fricero, fils de Mme Fricero, la dame russe dont nous avons abondamment cité les réactions au mémoire du P. d'Alzon (*Lettre 5998, notes).
Voici comment le P. Picard présentait le fils et la mère au P. Bailly, le 15 février 1875: "Je vous recommande très vivement le porteur de cette lettre Nicolas Fricero, un excellent jeune homme que j'ai connu à Nice [...] et qui doit passer quelque temps à Paris. Vous avez peut-être vu sa mère au couvent, c'est une sainte femme très dévouée aux bonnes oeuvres et en particulier à notre petit alumnat. Recevez ce bon Nicolas avec toute l'affection possible [...]. Il était ici secrétaire de la Conférence de Saint-Vincent de Paul de Notre-Dame [...]". - Le couvent est celui des R.A. de Nice qui ont offert à plusieurs reprises l'hospitalité au P. Picard, notamment durant l'hiver de 1874-1875, époque où le P. d'Alzon fut aussi leur hôte, et où Vincent de Paul les rejoignit pendant quelques jours. C'est alors que le P. d'Alzon fit la connaissance de Mme Fricero. Mais qui est cette dame?
Mme Fricero est la veuve du peintre niçois Joseph Fricero (1807-1870), dont elle avait fait la connaissance à la cour impériale de Russie. Elle s'appelait Joséphine (Youzia) Kolberwein mais elle était en fait née d'une liaison du futur tsar Nicolas Ier avec une jeune suédoise, Marie-Anne Rutenskjöld, que le conseiller d'Etat Joseph Vassilievitch Kolberwein accepta d'épouser. Youzia vint vivre à Nice avec son mari, qui mourut en 1870. Nicolas est le deuxième de leurs quatre fils.
Nous sommes redevable de ces détails au livre récent de Serge ROMAIN, *Joseph Fricero 1807-1870*, J. Ferrand, Paris, 1993 avec en préface *Youzia* par le prince Michel F. ROMANOFF. Nous devons de vifs remerciements au P. Antoine Wenger, qui nous signala cet ouvrage dont il avait eu connaissance par le compte-rendu d'un journal russe et au P. J.-P. Périer-Muzet, qui dut frapper à de nombreuses portes avant de le trouver en librairie.
Quand Mme Fricero passa-t-elle de l'orthodoxie au catholicisme? Le livre que nous venons de citer laisse entendre que ce fut après la mort de son mari, mais il ne s'exprime pas clairement à ce sujet. Les lettres de Mme Fricero au P. d'Alzon (les ACR en possèdent neuf) ne permettent pas d'établir avec certitude l'époque de cette conversion.
3. Sans doute en août, pendant le séjour du P. d'A. à Paris.