DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 232

9 nov 1877 Lavagnac CHAULNES Vicomte

Les maîtres d’école – Un plan pour l’organisation des catholiques en France – Un énorme rhume.

Informations générales
  • DR12_232
  • 6072
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 232
  • Orig.ms. ACR, AN 222; D'A., T.D. 39, n. 11, p. 156-157.
Informations détaillées
  • 1 ADMINISTRATION PUBLIQUE
    1 APOSTOLAT DE L'ENSEIGNEMENT
    1 ASSOCIATIONS OEUVRES
    1 CATHOLIQUE
    1 CITE
    1 CLERGE
    1 CONGRES CATHOLIQUES
    1 CONVERSATIONS
    1 ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE
    1 ERREUR
    1 EVEQUE
    1 INSTITUTEURS
    1 MALADIES
    1 MEDECIN
    1 PRESSE
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 UNIVERSITES CATHOLIQUES
    1 VOLONTE
    2 BOURDALOUE, LOUIS
    2 GUIZOT, FRANCOIS
    2 LAFONTAINE, JEAN DE
    2 MERMILLOD, GASPARD
    2 MOLIERE
    3 FRANCE
    3 LAVAGNAC
    3 NIMES
    3 NIMES, EGLISE SAINT-BAUDILE
    3 ORLEANS
  • AU VICOMTE GABRIEL DE CHAULNES
  • CHAULNES Vicomte
  • Lavagnac par Montagnac (Hérault), 9 nov[embre] 1877.
  • 9 nov 1877
  • Lavagnac
La lettre

Mon cher ami,

J’ai vu à Nîmes, il y a q[uel] q[ues] jours, Mgr Mermillod(1). Nous avons parlé de vous. Si je vous vois, comme je l’espère, bientôt, nous causerons plus à l’aise et je vous dirai toute ma pensée. Il serait, en effet, possible que je passe par Orléans, d’ici à peu, supposé que vous veuillez m’y recevoir deux heures. Quoi qu’il en soit, voici ce que je me permets de vous proposer.

La question des universités catholiques étant tombée entre les mains des évêques ira bien ou mal. Cela ne nous regarde en aucune façon, sinon pour l’argent qu’on nous demandera. Mais une campagne bien autrement grave se présente pour les catholiques. La France se déchristianise tous les jours. Par qui? Par les médecins, les avocats, les notaires, les journalistes, les maîtres d’école. Je laisse les universités catholiques guérir les quatre premières catégories de gens. Restent les maîtres d’école, lesquels ont perverti les campagnes. Le maître d’école fut placé par M. Guizot en opposition avec le curé. Depuis, la révolution s’en sert de la manière la plus affreuse pour empoisonner les campagnes. Eh! bien, créez une oeuvre pour combattre les maîtres d’école. Voilà un but digne de votre belle imagination, et si vous entrepreniez de pousser aux bons maîtres, soit religieux, soit fervents chrétiens, ce serait bien beau. Or, pour entreprendre cette oeuvre, il ne faut que vouloir. Avec un peu de bonne volonté on commence petitement, on arrive plus tard à faire énormément.

A votre place, voici ce que je ferais. J’achèterais un registre capable de contenir autant de quatre ou cinq pages qu’il y a de départements en France; j’inscrirais sur chaque page le nom des villes et chefs-lieux de cantons; je chercherais à avoir un correspondant catholique dans chaque canton. Ce ne sera pas l’affaire d’un jour, mais cela peut se faire peu à peu. Que quatre ou cinq hommes de bonne volonté sur divers points en fassent autant, avant peu ils mèneront la France sans que cela paraisse. Notez que si je vous propose cela, je suis résolu à pousser d’autres hommes à en faire autant, et croyez-vous que, quand on verrait des oeuvres patronnées par les représentants de tous les cantons de la France, cela ne donnerait pas à réfléchir? Croyez-vous que les Congrès catholiques, organisés ainsi, ne feraient pas un bien plus pratique, n’exerceraient pas une influence plus féconde? Je vous livre ces réflexions, mûrissez-les et donnez m’en votre avis.

J’ai un énorme rhume qui me retiendra quelques jours encore à la campagne. Si vous voulez m’y écrire, j’aurai plus de facilité pour vous répondre d’ici. Veuillez croire, mon cher ami, à mon tendre attachement, mais croyez qu’en cette occasion l’alouette et ses petits est plus pratique que Molière et Bourdaloue.

Totus tibi in Ch[ris]to.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. A l'occasion de la consécration de Saint-Baudile (28 octobre).