DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 235

14 nov 1877 Lavagnac PICARD François aa

Rénovation du clergé et réforme des instituteurs pour la résurrection de la France – Comment les religieux peuvent contribuer à la rénovation du clergé – Un Tiers-Ordre de prêtres – La santé du pape – Voici la fin de mon article.

Informations générales
  • DR12_235
  • 6076
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 235
  • Orig.ms. ACR, AF 229; D'A., T.D. 26, n. 612, pp. 187-189.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU PAPE
    1 ASSOMPTIONNISTES
    1 BUT DE LA VIE
    1 CLERGE
    1 CLERGE NIMOIS
    1 CONGRES CATHOLIQUES
    1 CONTRARIETES
    1 COURS PUBLICS
    1 CRITIQUES
    1 EUCHARISTIE
    1 EVANGELISATION DES PAUVRES
    1 FILLE DE L'EGLISE
    1 GLORIFICATION DE JESUS-CHRIST
    1 INSTITUTEURS
    1 MAITRES
    1 MALADIES
    1 MAUVAIS PRETRE
    1 MORT
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 ORDRE SURNATUREL
    1 PRETRE
    1 PUBLICATIONS
    1 REFORME DU CLERGE
    1 REGLE DU TIERS-ORDRE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 RELIGIEUX
    1 RENOUVELLEMENT
    1 SACERDOCE
    1 SACERDOCE DE JESUS-CHRIST
    1 SACREMENT DE PENITENCE
    1 SERMONS
    1 TIERS-ORDRE DE PRETRES
    1 VERTUS SACERDOTALES
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 PIE IX
    3 FRANCE
    3 LAVAGNAC
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 PARIS
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Lavagnac, le 14 nov[embre] 1877.
  • 14 nov 1877
  • Lavagnac
La lettre

Mon cher ami,

Je quitte Lavagnac demain et serai à Nîmes vendredi. Je m’arrêterai à Montpellier, pour voir les religieuses de l’Assomption et l’évêque.

Ce que je vous ai dit de la rénovation du clergé et de la réforme des instituteurs(1) embrasse deux parties bien distinctes. Elles s’unissent dans la pensée commune de résurrection de la France, comme fille aînée de l’Eglise, mais ce sont deux actions toutes différentes à exercer. Si les prêtres de campagne étaient tout ce qu’ils doivent être, la question des instituteurs ne pèserait pas une plume. La rénovation du clergé doit se faire en dehors des Congrès, mais elle doit se faire par tous les moyens surnaturels et légitimes. Ma conviction est que les Augustins de l’Assomption ne doivent pas être les seuls à y travailler, mais qu’ils doivent en faire une de leurs grandes préoccupations.

Or comment s’y prendre? Se former une haute idée du sacerdoce en lui-même, de celui dont on est revêtu, de celui que Notre-Seigneur communique aux autres, de la gloire qu’on procurera à n[otre] d[ivin] maître, en l’aidant dans l’oeuvre qu’il a le plus à coeur, le sacerdoce, puisque c’est par lui qu’il évangélise les pauvres, qu’il communi[que] les bienfaits de la pénitence et de l’eucharistie. Ces idées fortement ancrées chez les religieux, il est aisé de voir ce que chacun doit faire. Tous ne travailleront pas avec la même efficace, mais tous peuvent faire quelque chose:

1° En étant des prêtres modèles;

2° En priant beaucoup pour les prêtres;

3° En ayant le courage de parler de questions sacerdotales devant les prêtres;

4° En rendant surtout service aux pauvres prêtres tombés;

5° En étant toujours bienveillant pour les prêtres;

6° Vous l’avouerai-je, l’ennui que j’éprouve en entendant tomber sans cesse de certaines lèvres des persifflages constants sur les prêtres a fait sur moi une heureuse réaction, et je me suis promis de protester, au moins par mon silence, contre ce persifflage perpétuel qui finit par retomber sur le caractère sacerdotal, à force de s’attaquer aux personnes qui en sont revêtues.

Resterait la question de savoir s’il faut faire un Tiers-Ordre de prêtres(2). Je suis très incertain. Vous le pourriez peut-être à Paris. A Nîmes, tant que je serai grand-vicaire, ce sera parfaitement impossible. Je ne puis agir que sur les individus(3).

Demain je vous écrirai sur les maîtres d’école. Le P. V[incent] de P[aul] ne m’a pas dit s’il avait reçu mon prône pour le dernier dimanche de l’année. Que lui faut-il de plus? Qu’il me réponde à Nîmes. Une dépêche télégraphique nous apprend que l’enflure du Pape remonte toujours. Ah! qu’il faut prier! Adieu. Totus tibi.

E.D’ALZON.

Voici la fin de mon article. Corrigez les fautes. Je meurs d’envie d’aller à Paris. Je meurs d’envie de rester à Lavagnac. Vous voyez que j’y retrouve l’élasticité de ma tête. Dois-je ne pas rester à Nîmes, si le Pape meurt? Qui peut prévoir l’avenir? Les questions que je vous ai posées ne sont pas de celles qui se résolvent en un jour. J’ai l’entrée en campagne; c’est beaucoup. Adieu.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. *Lettre* 6070.
2. Le Tiers-Ordre de prêtres n'a donc pas encore vu le jour. L'idée cependant n'est pas nouvelle (v. *Lettre* 4407). En 1874, le P. d'Alzon a même composé une "Règle du Tiers-Ordre des Prêtres de l'Assomption" (v. *Lettre* 5404, n.4). Un autre document, non daté, porte le même titre mais au pluriel "Règles..." (T.D. 43, 199-203). Il contient, sur une feuille séparée, une formule d'engagement ainsi libellée: "En présence de N.S.J.C., Chef de l'Eglise et Pontife Eternel, je promets par serment de me dévouer à la cause de l'Eglise catholique Romaine, à la défense de tous les droits de N.S. Père le Pape, à la propagation des associations établies pour l'exaltation du Saint-Siège, et à la destruction des sociétés secrètes."
3. C'est ce qu'il fait depuis longtemps, comme en témoignent ses "Conférences du mardi aux prêtres de Nîmes" (v. *Lettre* 4717 et n.2).