- DR12_349
- 6206
- DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 349
- Orig.ms. ACR, AM 92; D'A., T.D. 37, n. 57, pp. 62-63.
- 1 ADORATION DU SAINT-SACREMENT
1 AMOUR DES AISES
1 AMOUR DU CHRIST
1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
1 ASSOMPTION
1 AUGUSTIN
1 AUTEURS SPIRITUELS
1 CAREME
1 CAUSE DE L'EGLISE
1 CEINTURE INSTRUMENT
1 CHATIMENT
1 CHEMIN DE LA CROIX
1 CONVERSION SPIRITUELLE
1 DIPLOMATIE
1 DISCIPLINE INSTRUMENT
1 DON DE SOI A DIEU
1 DROITS DE DIEU
1 ECONOMIES
1 EFFORT
1 EGOISME
1 EMPLOI DU TEMPS
1 ENNEMIS DE L'EGLISE
1 GENEROSITE
1 GENEROSITE DE L'APOTRE
1 LIBERTE
1 MALADIES MENTALES
1 PAPE
1 PARESSE
1 PECHE
1 PRIERE A LA SAINTE VIERGE
1 PRIERE DE DEMANDE
1 RENDEMENT DE COMPTE
1 REVOLUTION ADVERSAIRE
1 SPOLIATEURS
1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
1 VERTU DE PENITENCE
1 VOLONTE DE DIEU
2 BAUDE, GEORGE-NAPOLEON
2 CHABERT, LOUISE
2 CHAUDORDY
2 CHAUDORDY, NOEMI
2 CHAUDORDY, VALENTINE
2 HUMBERT I
2 LEON XIII
3 FLORENCE
3 ROME, CHAPELLE SIXTINE - A MADEMOISELLE ANGELINA CHAUDORDY
- CHAUDORDY_ANGELINA
- Rome, le 2 mars 1878.
- 2 mar 1878
- Rome
Ma bien chère enfant,
Je suis bien aise que les photographies vous aient fait plaisir. Elles vous auront prouvé que je pense à vous, mais je crois que vous vous en doutez sans preuve. Plus je réfléchis à ce que Dieu vous demande, plus je suis convaincu qu’outre quelques bonnes oeuvres, vous devez, malgré vos répugnances, devenir une fille de grande immolation. Vous êtes généreuse pour ceux que vous aimez; pourquoi ne le seriez-vous pas pour Dieu? Pourquoi ce besoin de pénitence qui vous pousse à vous convertir, et dont vous me parlez quelquefois, n’en viendrait-il pas à la pratique? Que vos soeurs ne marchent pas dans cette voie, je le comprends pour divers motifs, mais vous? Ah! quel compte vous aurez à rendre un jour de n’avoir pas osé commencer! Aussi je ne saurais trop vous conjurer de faire effort pendant ce carême, et de vous y mettre très sérieusement. Faites tous les jours le chemin de la croix; prenez la discipline au moins le lundi et le vendredi; portez la ceinture deux fois par semaine. Je vous donne trois principales intentions: 1° La réparation du temps que vous avez perdu par votre paresse; 2° Le triomphe du Pape sur ses ennemis; 3° Les grâces à demander pour l’Assomption et pour moi; car je pense bien que je suis pour quelque chose dans ce que vous faites. Je ne sais pourquoi je me figure que Dieu vous a donnée à moi, pour m’aider par vos prières et votre immolation, quand vous serez tout à fait convertie. Voyez donc si malgré mon absence, le carême qui va s’ouvrir ne doit pas commencer votre conversion. Je vous offre de vous écrire une fois par semaine, si, de votre côté, vous vous décidez à prendre la plume pour me rendre compte de votre âme. Vous êtes une fille sérieuse, ma chère enfant, et il est utile de vous poser cette question: « Qu’ai-je fait jusqu’à présent et que veux-je faire désormais? ». Lisez des Confessions de saint Augustin, la première partie. Vous n’avez pas commis ses fautes, mais vous avez comme lui des chaînes, quoique d’une autre espèce: chaine d’amour de vous-même, chaîne de paresse, chaîne de vie un peu molle. Voilà les liens qu’il faut rompre pour reconquérir votre liberté et prendre votre essor.
Allons, priez la Sainte Vierge; mettez-vous devant le Saint-Sacrement et priez N.S. de vous soutenir de son amour. Peut-être avez-vous à vous reprocher de ne pas l’aimer assez. Votre froideur à son égard s’étend à tout, et cela vous est très nuisible. Oh! le beau rôle que pourrait remplir une chrétienne, qui voudrait se dévouer, dans ces temps-ci, pour la cause de Dieu et de son Eglise!
Auriez-vous la bonté de faire remettre la lettre ci-jointe? Je me ruine en timbres-poste. Je ne le regrette pas, quand c’est pour vous.
Le couronnement qui devait avoir lieu demain, à la loggia intérieure, de façon que l’on pût voir, est décommandé. Les Piémontais devaient faire tapage. Il n’y aura que la cérémonie à la chapelle Sixtine.
L’ambassadeur me disait hier: Humbert est placé dans cette alternative: ou le Pape, ou la révolution. Il redoute la révolution. On le dit fou de la peur d’être empoisonné, et, dans tous les cas, elle (la révolution) cherche à le chasser, ce qui ne peut manquer d’arriver plus tôt qu’on ne pense. Quant au Pape, il ne peut s’entendre avec lui, tant qu’il n’aura pas rendu ce qu’il a volé. Il voudrait bien fuir à Florence, mais la révolution ne le permet pas.
Adieu, mon enfant. Mille choses à vos soeurs et à M. votre père. Bien tendrement vôtre en N.-S.
E.D’ALZON.
N’oubliez pas de dire à Louise que je pense bien à elle.
E.D'ALZON